Promis, j’en parlerai plus !...
Dans son « voyage… », Céline écrit quelque chose de très juste qu’il fait dire à Ferdinand à propos de son patron Baryton : « Il ne me parlait jamais d’argent mais c’était pour y penser davantage, plus intimement. ».
C’est toute la société intellectuelle belge résumée en une phrase.
Jamais vous ne verrez les petits soldats de la loi du marché, les Vrebos, les Gerlache, les Delvaux, les Praet parler d’argent. Pour ce qui est du populisme, la déchéance des natures qui ne pensent pas comme eux, des pervers qui désirent l’Europe démembrée par les suppôts de Yánis Varoufákis, tant qu’on veut !
« Ces gens-là », chantait Brel, s’ouvrent alors à la discussion, la plus franche, la plus ouverte, même si ce qu’ils ont à nous dire est de l’infinie broutille en replay des augures bancaires, radotages pour plateau de télé et micro en position du sucre d’orge aux lèvres. Le redressement est le maître mot. On redresse le pays avec les salaires de base du travail primaire. Alors, oui, on parle cash.
Ben oui, 1000 euros par mois… Et de ces crudités de langage : le salaire minimum est de combien ?
Mentalement, ils font la différence entre la paie du minable et leurs biftons. On les voit changer du tout au tout à notre égard. Brusquement, ils se rendent à l’évidence, les populistes en plus d’être des sales cons, sont des crétins finis. Eux, pour un salaire pareil, même à les traîner de force sur les lieux de leurs exploits, comme l’éléphant qui refuse de se reproduire en captivité, soulèveraient plus un papier, n’émettraient plus une idée pour rendre Charles plus aimable et leur chef de service plus beaux…
Mais Big Brother ne l’entend pas ainsi : « Écoute Emmanuelle, secoue-toi Béatrice, Alain fais pas ta difficile, Baudouin Remy, Johanne Montay, Demetrio Scagliola, Vrebos le multicasquettes, toutes nos petites merveilles maupassantes et balzaciennes, merde !... écrivez jamais qu’avec 1.000 € faut pas même prétendre s’acheter des beignets foire d’octobre. Vous la fermez sur vos salaires, parfaitement légitimes, fermez là aussi sur les 1.000 €.
Vous feriez tort à votre profession, poursuit Big Brother. « Rendez-vous à l’évidence, les grands chefs de l’info vous tolèrent parce que vous êtes de leur côté ! Si vous déconnez, vous risquez de vous retrouver avec le crétin à peau de balle, dans le même cul de basse fosse à compter les bananes pourries chez Carrefour. T’as encore envie de montrer tes filantes, ma puce, quand tu refais l’info et que tous les téléphages te matent le cul pour tuer le temps? »
– Merde, alors, elle les décroise ou pas ?... chiale le vulgaire.
« Non !... soyez logiques. Exercez votre talent à pousser les lascars douteux au turbin, qu’ils traînent pas la savate dans les syndicats à se faire du mauvais sang en jurant qu’ils vont se farcir les pourris. D’abord, il y a trop de pourris, ensuite, perdez pas de vue que ce sont les pourris qui vous nourrissent ! ». Ils sont comme ça les tôliers.
Ils ne sont pas dingues, les Alain, Johanne, Emmanuelle, Pascal et les autres… Il n’a pas fallu leur dire deux fois. On peut même croire qu’on ne le leur ait jamais dit. C’est inscrit dans leur acide ribonucléique et aussi l’autre le désoxyribonucléique. C’est dire si les banquiers font confiance, que les grands chefs les adorent…
Que vous, populistes, vous en reveniez toujours au pognon, ça les déprime. Naturel, vous êtes immondes ! Quoi !... parlez de ce qu’ils gagnent ? Vous n’y pensez pas ! C’est individuel. La façon dont on lit le chiffre en ouvrant l’enveloppe de la banque… Est-ce que Béatrice vous fait part si elle simule ou si elle ne simule pas l’orgasme ? C’est strictement confidentiel. Ça ne regarde qu’elle et une demi-douzaine de personnes à peine. Et encore, le corps médical est à décompter.
Notez, ils ne doivent pas gagner plus lourd qu’un fonctionnaire de base à vingt ans de service, nos prolifiques de la jactance, nos Saint-Simon du portrait saisissant… mais c’est un secret défense !
Par exemple, le salaire de Gerlache, pour le savoir, il faudrait coucher avec le percepteur, et encore ! Déclare-t-il tout ? Sait-on jamais ? Un donneur de leçons de cette trempe… il doit y avoir dans la vertu quelque chose qui échappe à la compréhension du besogneux : le double langage !