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Beyrouth-sur-biloute.

Dans cette Europe flageolante, on compose avec la réalité, afin de ne pas indisposer une certaine catégorie de citoyens, délaissant toutes les autres, celle qui voit se déchirer en son sein Chiites et Sunnites et inspirer Daech dans sa construction d’un nouveau califat.
Nos lénifiants ministres rassurent les musulmans en décrétant que Daech ne fait pas partie du monde des croyants, c’est bien pourtant au cœur de cette religion que Daech a trouvé et exploité les ferments de ce qui fait aujourd’hui sa nuisance.
Une fois de plus, sont en cause « l’esprit religieux » et la croyance des trois religions monothéistes. Il n’est pas exclu de penser que se mesurent dans une sorte de compétitivité meurtrière, la chrétienne, la juive et la musulmane, dans une nouvelle guerre de religion comme si les enseignements du passé avaient été oubliés.
La petite dernière, la plus jeune, a été poussée aux crimes par défaut d’instruction et d’éducation des populations rurales converties en masse, parce qu’à l’inverse des deux autres, elle est plus simple, plus directe et donc plus accessible.
Là-dessus nos ministres surviennent de leurs champs, comme des maquignons à peine dégrossis, pour répéter que les religions sont estimables, que les pratiquants y sont conduits par leur foi. Ils croient obtenir l’adhésion des foules par un discours selon lequel la foi est supérieure à la raison, ce qui remet illico la laïcité loin derrière. D’autres avant eux, avaient été plus gonflés en signifiant que la foi était la raison.
On sait bien que nos « élites » convoitent les voix des croyants pour leur réélection, parallèlement, ils sont effrayés par avance d’être perçus comme la cause d’un affrontement entre croyants.
Il n’y a, par conséquent, plus aucun débat possible.
Et nous ne saurons pas si dans la critique de la religion l’homme est, ou n’est pas, l’être suprême pour l’homme.
Entretemps, Madame Milquet se sera arrangée pour faire du cours de morale un cours de rien.
Plus grave, l’exigence de la gauche de supprimer les conditions sociales qui produisent le phénomène religieux ne sera pas rencontrée. Les populations resteront ainsi dans l’ignorance que l’aliénation socio-historique de l’homme est due – en grande partie – au pouvoir aussi bien séculier que spirituel, des religions.

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Car l’esprit religieux est un produit social qui doit être expliqué à partir des conditions sociales. La religion est l’illusion d’un refuge des exploités. Le succès de Daech est lié à la réputation d’exploiteurs des Occidentaux, avant même que ceux-ci soient déclarés mécréants. Et si beaucoup de jeunes européens rejoignent Daech, on le doit à cette défection sociale occidentale, même si les fantasmagories d’un Dieu vindicatif complètent l’intention du crime.
« Toute religion n’est que le reflet fantastique, dans le cerveau des hommes, des puissances extérieures qui dominent leur existence quotidienne, reflet qui déguise sa source « les puissances terrestres » en puissance supraterrestres, c’est-à-dire religieuse. » (Yvon Quiniou « critique de la religion », p. 97).
N’importe qui peut l’avoir éprouvé au moins une fois dans sa vie, même ceux qui n’ont pas la foi : les hommes dans certains moments critiques se raccrochent à la religion pour se sentir moins vulnérables. Le malheur fait souvent perdre la raison au bénéfice de la foi ! Et c’est là que les religieux nous attendent dans un prêchi prêcha selon lequel tous les pieds au cul que vous recevrez ici bas seront automatiquement convertis en caresses dans l’au-delà, Daech y ajoutant la récompense des belles houris à violer gratis (curieuse manière d’encourager une vie « vertueuse » en faisant miroiter aux élus d’Allah, une éternité de plaisirs, de viols et de débauches).
C’est pour se sécuriser que les hommes recourent à la religion.
Le système économique actuel produit une aliénation spécifique et aggravée par rapport aux sociétés antérieures, les hommes étant dominés par les rapports économiques créés par eux-mêmes.
Nous sommes au bout d’un système individualiste. La religion nous invite à rester passif et à espérer ailleurs, ce dont on vous frustre dans la réalité économique. La religion contribue donc à prolonger nos souffrances et ne fait rien pour les abréger.
Nous sommes un peu les habitants d’un grand Beyrouth, on se lamente de tout ce qui nous tombe dessus, sans chercher à comprendre pourquoi ça nous tombe dessus. C’est dommageable que nos représentant(e)s (1) politiques manquent de couilles à ce point. Ce serait pourtant le moment d’en avoir.
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1. C’est une figure de style, évidemment.

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