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Presque Belge !

Pour tous ceux qui vivent au jour le jour, qui ne sont pas plus fiers que ça d’être né belges lorsqu’ils voient que la misère passe complètement inaperçue par ceux qui applaudissent Charles Michel au concert gratuit du Bozar, fallait-il, la veille de la fête nationale, que le roi fasse un prêchi-prêcha dans un salon du Palais, avec derrière lui, des meubles manifestement de chez IKEA, amenés à la hâte pour faire simple ? Lui debout, la table à 35 € derrière et jusqu’au cadre en plastique doré de la reine Astrid au mur, c’était d’un kitsch !
Le 21 juillet est un jour comme un autre, parsemé d’embûches avec la question sans cesse répétée : comment résister un jour de plus à la faim, le mauvais abri et l’insécurité du lendemain ?
Ça y est ! Si Gerlache n’était pas sous les cocotiers, il se fendrait d’un « encore un populiste qui veut nous faire un sang d’encre ».
Éviter de penser juste est un exercice pratiqué pour ces experts de l’explication décontractée. Encore que : qu’est-ce que penser juste ? De plus en plus évident, c’est ne pas penser comme eux.
Le pompon aura été cette prévision météorologique lue sur le Soir, leur journal de référence : Le temps sera sec PRESQUE partout ! Magnifique, ce presque dit tout. Gerlache a presque raison, Béatrice Delvaux a presque touché juste, Élio Di Rupo est presque socialiste, etc.
Comment un populiste voit-il notre fête nationale ?
Derrière le grand chapeau rouge de Mathilde, on ne voit pas grand-chose, sinon qu’on ne voit que lui. On attire l’attention des presque citoyens sur un chapeau, c’est une astuce qui en vaut une autre. C’est la technique en duo du pickpocket. Elle est plus douce en tout cas que celle qui consiste à nous plaquer au sol à la matraque des lois, pendant que les riches (qui n’en ont jamais assez) nous font les poches.
Si le populisme monte encore d’un cran, au nom du bon citoyen, on défendra la patrie autrement. On pourrait, par exemple, avancer à la rentrée « presque » des preuves que le chômeur et le pauvre sont des sympathisants de Daech ? On séparerait de ceux qui admirent le chapeau rouge de Mathilde et applaudissent Charles Michel, la chienlit qui préfère la loque rouge de Charlot du film Modern Times ,1936.
Ainsi l’ignominie des assassins rejaillirait sur les populistes. Mais, c’est un jeu dangereux. Ils le feront lorsque l’État sera à deux doigts de sa ruine et qu’il n’y aura plus moyen de faire autrement pour sauver la dynastie, Bart De Wever et même Magnette, Marcourt and Co !

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Comme l’écrit Robin Verner « L’orwellisme est un populisme. L’œuvre de George Orwell est traversée de bout en bout par l’attention accordée au gagne-petit voire au gagne-rien, qu’on retrouve dans ses essais politiques comme dans ses romans et qu’on peut désigner sous le terme de «populisme», un gros mot dans le discours politique actuel et simple nom commun dans le dictionnaire, où il signifie la sensibilité populaire de celui qui le porte. »
On devine ce qui gêne ceux qui se cachent derrière le grand chapeau rouge de Mathilde et si le populisme n’était pas autre chose que la dénonciation de leur soumission au libéralisme marchand ?
Et si le peuple qui ne joue pas du tambour le 21 juillet avait raison de ne pas célébrer des gens qui ont globalement tort ?

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