Un quart d’heure avant la fin
Et si les grandes gueules qui nous promènent dans leur système économique avaient tout faux ?
On sait la prudence dans le domaine scientifique et l’accumulation des preuves pour transformer une hypothèse en certitude. En philosophie, c’est pire encore et la définition de la frontière entre foi et raison est aussi floue que du temps de Spinoza.
Alors, les templiers de l’économie, les oui-ouistes d’une Europe ultra libérale et les suiveurs intéressés aux parts à prendre pourraient ne pas avoir le plan du labyrinthe, dans lequel ils ont entraîné près de quatre cent millions de personnes.
Comme le Titanic dépeint insubmersible, l’Europe peut couler à pic.
Comment tout peut s'effondrer ? C’est de l’ordre du château de carte. Il faut retenir son souffle, or, les affairistes respirent trop bruyamment.
Alors, de nos gazetiers, aux fabricants d’idées reçues et à nos augures politiques, perdus au milieu du gué, tous seraient capables de nous désigner d’un doigt vengeur « voyez, ce que vous avez fait ! », comme si nous en pouvions, sinon d’avoir été crédules et victimes des beaux parleurs.
Je l’ai déjà écrit ici, les civilisations vont et viennent, puis disparaissent.
Et si la nôtre qui ne mise que sur le désir de s’enrichir, s’effondrait par défaut d’une projection humaniste en harmonie avec la Nature, non pas dans cent ans, mais demain ?
Oui, tandis que vous et moi discutons sur le retrait ou la continuation de la Grèce à l’euro, la prédominance de la langue flamande ou la photo du lémurien sur l’épaule de Philippe à Pairi Daiza, des conversations, sommes toutes bénignes et courantes, sans voir que nous ne sommes plus grand-chose et que demain nous serons bien moins ?
Nous parlons ici de la civilisation industrielle, de son lot de certitudes sur l’économie, de son moteur de croissance et des corrosions sous forme de bulles financières des spéculateurs et des pirateries bancaires …que tout cela était bien visible et que nous ne l’avons pas vu, même si nos grands hommes en capacité de tout voir, n’en avaient rien vu non plus ou pire, l’ayant constaté, nous avaient menti délibérément afin de profiter des derniers beaux jours de prospérité ?
Personne n’a encore curé le fond de vase de la crise de 2008, sa toxicité n’est pas éteinte. L’économie actuelle peut se comparer à une verte campagne anglaise. Le premier passant se dit que ses papiers gras et ses déchets culinaires n’abîmeront pas le décor et qu’il pourra s’y délester vite fait, afin de repartir comme si de rien n’était. Ce ne serait rien, en effet, si des millions d’autres ne pensaient exactement comme lui, faisant rapidement de ce paradis champêtre, un abominable dépotoir.
Nous y sommes. Nous corrompons jusqu’à l’air que nous respirons. Ce processus ne peut être arrêté, puisque chacun d’entre nous pense que c’est son « intérêt » d’agir de la sorte. Et ce l’est, en effet, suivant la règle du « tout pour moi et rien pour les autres » qui fait toujours la fortune des ambitieux. Nous agissons exactement comme les braconniers qui tuent les derniers rhinocéros dans les parcs nationaux d’Afrique pour les mêmes raisons. Ils y ont un profit immédiat, exactement comme nos industriels, nos politiques, nos religieux, tout le monde en fin de compte.
Comme écrivait Pablo Servigne « l’utopie a changé de camp : est utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant. »
Commentaires
Parfait!
Postée le: michel | juillet 13, 2015 09:26 AM