Ça repart à la crise !
Les Bourses asiatiques décrochent, suivies par les places européennes Le Soir) ; Londres (-6%), Bruxelles (-5%), Paris (-7%), Amsterdam (-8%)... Les bourses européennes inquiètent ! (La Dernière Heure) ; La débâcle boursière se poursuit sur les marchés financiers (-8% à Paris) (La Libre Belgique), l’unanimité est suffisamment rare dans les journaux, toujours aussi énamourés du système économique, pour se demander quelle mouche les a piqués collectivement ou faut-il prendre cela pour une réelle prise de conscience ?
Voilà des mois que j’écris sur le danger d’une nouvelle bulle économique qui ferait plus de ravage que celle de 2008/9. Mon Blog « On chine en Chine » du 11 juillet 2015, un mois et demi avant « l’inquiétude » des experts, expliquait en long et en large ce qui se passe aujourd’hui.
Je n’en avais aucun mérite. Il suffisait de s’intéresser à l’économie réelle, pas celle faite sur mesure pour rassurer la clientèle de Charles Michel. Il fallait juste suspecter les économistes fleurant bon la démagogie des profs de l’ULB en la matière et faire la synthèse de ce qui se fait de mieux aux USA et en France sur l’économie mondialisée et les profonds doutes sur la réelle prospérité de la Chine.
On en est toujours à croire le livre d’Alain Peyrefitte de 1973 « Quand la Chine s’éveillera », selon lequel elle se serait réveillée et atteindrait rapidement le sommet de l’économie mondiale pour y rester et ne pas avoir senti que le pauvre Peyrefitte, pas économiste pour un sou, avait tout faux.
Lorsque j’écrivis « On chine en Chine » en juillet, la Bourse de Shanghai s’était gonflée de 130 % en six mois, pour perdre un tiers, soit une perte de 450 milliards de dollars, en moins de trois semaines !
Et que fit le gouvernement communiste chinois convertis au libéralisme ? Ce que classiquement tous les États vassaux du capital font depuis la crise de 1929 : interdiction aux grands courtages de vendre des actions pendant six mois ; obligation d’acheter, au contraire, des titres pourris au travers d’un fonds capitalisé par l’État (le contribuable) un peu comme Reynders le fit à notre détriment en 2009/10 ; injection de 332 milliards pour requinquer les indices boursiers (peine perdue et argent jeté par la fenêtre !).
Résultat : tous les petits porteurs veulent vendre le plus vite possible pour perdre le moins possible et c’est justement cette précipitation qui fait que le navire coule encore plus vite.
Nos indicibles gourous de la finance auraient fait exactement la même chose. C’est dramatique ; parce que si la Chine s’effondre, nous dévisserons aussi.
On s’aperçoit que la Chine, un peu à l’image de la Grèce, nous aurait monté la tête sur les chiffres de la croissance qui n’aurait jamais atteint les 10 % claironnés comme la victoire des victoires, alors qu’en réalité, la progression n’aurait jamais dépassé les 4 % ! Il paraît que le reste, soit presque le double aurait peut-être été le fait d’un marché noir parallèle, incontrôlable, à côté duquel les subprimes américains seraient de la gnognotte pour Bourse de province. Comme quoi les Agences de Notation qui ont tant pris de plaisir à attribuer une collection de zéros à la Grèce se seraient profondément trompées pour la Chine dans l’autre sens !
L’effondrement de la Chine n’est pas bon pour les pays d’Europe, avec un Euro qui est comme un corset et nous empêche de suivre les cours et la dévaluation à tout-va des Chinois. Ils espèrent nous vendre des chemises (symbole) à 1 €, ce qu’ils nous vendaient 2 € la veille, ce qui nous vaudra une nouvelle contraction de l’emploi et donc plus de chômage.
Quand je pense que notre gugusse national se vantait du redressement des comptes et que sur cette vantardise de Michel, les gazettes titraient sur la diminution du nombre de chômeurs !
À ce lundi de Bourse, on ne semblait pas pouvoir arrêter la dégringolade des cours. Lundi après-midi, Bruxelles perdait plus de 5%. Wall Street accélérait le mouvement. Avec le rouble à son plus bas de l'année, c’est toute la planète boursière qui risque de s’enflammer.
On a pourtant bien eu sept ans pour repenser le système !
Personne n’a rien fait, ni rien imaginer. Voilà ce que deviennent les démocraties quand le pouvoir démocratique démissionne et laisse les banques et les prédateurs mondiaux du grand business à la direction des États,.
Socrate a bu la cigüe pour moins que ça. Vous verrez, si on s’en sort encore une fois (ce qui n’est pas certain) comme « nos élites » nous reviendront plus sûres d’elles et plus satisfaites que jamais, avec, hélas, aussi peu d’idées qu’avant pour éviter la crise suivante.