Goblet : Skatologue…
Bataille d’été, on aurait dit « bataille de polochons » en hiver, entre Marie-Hélène Ska, toute éblouie d’elle-même d’avoir fait des études et Marc Goblet, caricature de l’ouvrier qui a réussi.
Évidemment, on est à la plage et on n’a pas envie de se prendre la tête sur un programme contre le réchauffement de la planète. Les huiles solaires sont de plus en plus efficaces.
Un beauf replie son journal et s’adresse à la couguar à la recherche du temps perdu, son épouse depuis vingt ans.
– C’est Marie-Hélène Ska qui…
– Qui ?
– Quoi ?
– Marie-Hélène Ska qui…
…et ainsi de suite, jusqu’à l’arrivée du serveur avec les apéritifs « Maison ».
Donc Marie-Hélène pour faire son intéressante a craché quelques flammes sur le vieux pruneau du sérail dirupolien, Marc Goblet.
Elle n’aurait pas dû, car, comme elle le dit très bien « nous sommes complémentaires ».
Ils entrent dans le parfait moule dont on fait les apparatchiks. Ils sont les leurres parfaits de fausses courroies de transmission entre la force ouvrière et la force des décideurs de partis.
Ils sont tellement complémentaires qu’ils se détestent réellement. Voilà deux égos parfaitement dissemblables avec les mêmes buts, l’un finir une belle carrière parti de rien et arrivé à tout, et l’autre nantie d’un diplôme et dispensée ainsi de partir de rien, pour toucher au même résultat.
Madame Ska détesterait entrer au parti socialiste. On la comprend. Elle n’y ferait qu’une carrière de faire valoir dans une obscure salle de café, baptisée local, à entendre les raclements de gorge qui tiennent lieu de discours des ex rouges qui se prennent pour Jaurès. Non pas qu’elle ait omis d’être en règle de cotisations, mais parce qu’elle ne serait pas chaptalisée par une Loge du coin, ni recommandée, au plus haut degré, par une ancienne maîtresse de Guy Mathot.
De même Marc Goblet répugnerait s’asseoir sur d’anciens prie-Dieu reconverti en tabouret de bar, en attendant le passage de Benoît Lutgen, pour un adoubement problématique d’une carrière de syndicaliste.
Joëlle Milquet et Gérard Deprez le jurent, ils n’ont jamais vu Benoît soulever une seule chemise d’un dossier de madame Ska. C’est ainsi que le secrétaire général de la Confédération des syndicats chrétiens (CSC), Claude Rolin, de même que Josly Piette n’ont jamais profité de leur proximité avec le CDH pour finir une carrière syndicale dans la sinécure d’un mandat politique. Madame Ska en est persuadée. Qu’elle essaie d’en persuader Anne Delvaux est autre chose.
Tout ce qu’on sait, c’est Goblet qui nous l’apprend dans sa réplique. Madame Ska est en vacances. Ils ne prendront le sandwiche et le café ensemble qu’à partir du 17 août.
Le vieux lion ignore dans quel paradis tropical madame Ska se fait rosir les fesses. Il aurait été heureux de nous l’apprendre. Personne n’en doute.
Dans le fond, ils s’entendraient comme cochons, s’ils étaient sincères comme Anne Demelenne, qui céda son fauteuil de la FGTB à son ami Marc. Lors d’une réplique à un besogneux de la plume ne s’est-elle pas écriée spontanément à propos du salaire minimum « Comment peuvent-ils vivre avec si peu ? Moi, je ne saurais pas ! ».
Et s’il fallait départager les deux sur cette question banale, j’aurais des doutes, quoique j’aie tendance à considérer Marc Goblet plus à l’aise, avec un petit pécule le cas échéant, que la bardée de diplômes.
Et dans ce sens, je trouve comme Goblet « La déclaration de Ska imbécile », comme étant la réflexion d’une parvenue qui ne sait pas qu’elle s’adresse aussi à des gens diplômés, sinon plus diplômés qu’elle, et qui courent les rues à la recherche d’un emploi. Du reste, le maître à penser de Marc, le bon génie montois est de cet avis « Ska insulte une partie de ses militants »
Que voulez-vous, les vacances se traînent. Il faut bien dénicher quelque part une belle oiselle, parlant bien, technicienne verdasse et chef de la glose syndicale, pouvant raisonner et qui finit par lâcher des conneries, au même titre que l’illettré d’en face, encore que, lui au moins, a des excuses.
C’est ça finalement, qui est réjouissant et profondément humaniste ! Les cons sont également répartis dans toutes les couches de la population. C’est la seule égalité possible, car elle est un fait de nature.