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La résignation, mauvaise conseillère.

« La souveraineté s’arrête quand la solvabilité s’arrête », avec ces quelques mots, Tommaso Padoa-Schioppa, ex-Ministre Italien de l’économie et des finances, décrit la situation actuelle des Etats européens. Cette phrase dit tout : La maison ne fait pas crédit.
Pourquoi les peuples s’assembleraient-ils, si ce n’était pas pour construire une Europe solidaire ?
La solidarité n’a jamais existé en économie, les prêteurs sur gage, oui. L’utopie démocratique pourra-elle sortir indemne du chaos économique et social dans lequel nous a plongé la finance privée ? La Grèce à genoux, n’est-ce pas l’Europe qui sombre ?
L’Europe néolibérale, condamne les peuples qui la composent à l’austérité budgétaire et à la déflation salariale. La politique monétaire de la Banque Centrale Européenne a pour seule mission de garantir la stabilité des prix. Aucune politique budgétaire n’est possible lorsqu’on est soumis à une norme limitant les déficits publics à 3 % du PIB. Même le couple Ska-Goblet peut comprendre ça, pourquoi Charles Michel ne le comprendrait-il pas ?
La dévaluation monétaire dans un système de changes flottants est impossible. L’Europe néolibérale nous a fabriqué une situation économique qui n’a rien à envier au système de l’ex URSS. On se souvient du rouble à taux fixe du temps de Staline !
Costas Lapavitsas, professeur d’économie à SOAS à Londres, rappelle les étapes du « sauvetage des banques » par les Etats et ses conséquences après le choc de 2008-9. Didier Reynders, ministre de l’économie à l’époque, nous a menti sur l’acquittement des banques de leur dette à l’égard des citoyens. Il a oublié de nous parler des effets dévastateurs de ces opérations sur les finances publiques. Sans oublier la mauvaise affaire des citoyens. Puisque la souveraineté s’arrête quand la solvabilité s’arrête, les citoyens pouvaient « racheter » la majorité des banques pour une bouchée de pain. Ce sont les politiciens au pouvoir qui ne l’ont pas voulu. Nous n’avons pas vocation d’être banquiers, disent-ils. Notre rôle ne serait donc qu’être les éternels pigeons ?

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Les tensions sur le marché interbancaire se sont traduites par une restriction massive de l’accès au crédit des ménages et des entreprises, une rigueur salariale sans précédent, tandis que la BCE rachetait les produits toxiques. Les banques ne savaient pas s’en débarrasser.
La crise européenne est bien une crise « intellectuelle » du projet européen portant sur les Traités et l’organisation, oubliant le sens de l’union pour n’en voir que l’aspect de rivalité compétitive, entre les pays membres et par extension aux autres continents, afin d’égaliser les conditions économiques du monde entier, au meilleur profit des industriels.
En finir, avec une certaine forme de résignation face à la domination capitaliste est en soi un projet louable.
Dans l’attente, cette résignation nous condamne au programme libéral européen de restrictions. Reste l’espoir d’une nouvelle utopie. Elle ne viendra pas du pouvoir socialo-libéral. Il a perdu sa capacité d’imagination, mais pas sa capacité de profit.
Pour sortir de l’impasse, il faudra que le peuple prenne des risques, à commencer par celui du pouvoir direct. Il n’est pas prêt, certes. Mais, dans le malheur on apprend vite.

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