Mensuration de rêve ?
Depuis la diplômée Ska, on se perd en conjectures sur l’intelligence des plus célébrés spécimens de notre société de consommation. À moins que ce ne soit encore un coup de plumes ébréchées des journaux en panne d’infos, en ce fichu mois d’août.
Sur le podium d’été, Caroline Van Wynsberghe, politologue à l’UCL, dans un numéro « porte ouverte » pour les enfonceurs dont c’est leur spécialité et qui trouvent dans « La Dernière Heure » de quoi enfoncer.
Elle a droit au Manneken-Pis d’honneur par cette phrase digne d’anthologie « Dire qu’un politicien gagne trop est une "idée reçue" ».
La suite de l’interview a le charme désuet du style Napoléon III.
Interrogation de la charmante par le préposé au remplissage du mazout dans les cuves du journal « Que penser de la rémunération des échevins et des bourgmestres ? Sont-elles exagérées ? ».
Réponse de la diva du jour "Cela demanderait un débat plus large, celui des rémunérations dans l’ensemble du système politique belge. Celui-ci n’est pas du tout le même qu’en Suisse. En Belgique, contrairement à la Suisse, on fait plus souvent une vraie carrière politique. C’est en même temps plus difficile dans notre pays de porter l’étiquette d’un parti politique et d’aller continuer sa carrière dans le privé. Dans ce système, il faut des rémunérations plus importantes."
On pourrait s’arrêter là et décortiquer l’épi de maïs pour tenter d’en broyer quelques graines.
Peine perdue. Bornons-nous de constater que la Suisse avec ses intermittents du pouvoir politique est restée une vraie démocratie par l’alternance des vocations, alors qu’en Belgique, la politique s’inscrit dans les carrières professionnelles d’un civisme mensualisé, qui n’a plus rien à voir avec la gestion du bien public, puisqu’elle est faite comme dans le privé dans un but de carrière et d’enrichissement.
Passons rapidement sur le remplissage oiseux des heures chaudes d’août. De toute manière, on n’achète plus les journaux pour les lire, mais pour les survoler.
Le préposé des bureaux désertés du journal a une inspiration. Il pose une question tout en indiquant au cerveau de l’UCL le sens dans lequel il espère la réponse.
« C’est parfois trop simpliste de dire "les politiques gagnent trop" ? »
Comment voulez-vous quand on introduit le mot « simpliste » dans le sens de simplet, répondre autrement « qu’en effet, ce n’est pas très intelligent » ? Á l’UCL on dit « idée reçue ». Et ils en connaissent un rayon à l’UCL, des idées reçues. Heureusement, ils ne pratiquent que les « bonnes » idées reçues ! Les autres, on sent venir les mots… sont des idées reçues populistes.
Enfin voilà la réponse de Caroline Van Wynsberghe :
" Oui, cela reste une idée reçue. Cela dépend du point de vue selon lequel on se place. Si on compare par rapport à un député ou un chef d’entreprise, ou par rapport à un ouvrier ou un enseignant. Tout dépend où on se place. C’est pour cela qu’on a des barèmes pour fixer des règles. "
La voilà bien la société des règles et intérêts commerciaux et accessoirement civiques ! Il y a 5 % de chefs d’entreprise et de carriéristes professionnels politiques et 95 % d’éberlués ! Lorsqu’on plafonne à 10.000 € le mois les salaires de nos édiles communaux, la plupart des travailleurs n’arrivent pas à 1500 € le mois !
Comment comprendre que le mazouté du journal et l’intelligence sur pied du terreau des grands esprits abondent dans cette haute considération des 5 % avec lesquels ils sont d’accord, et qu’ils font consensus sur l’impasse de l’opinion des 95 % restant, alors qu’ils sont eux-mêmes dans ces derniers ! Sinon que nous ne sommes pas en Suisse et que la démocratie à la Belge s’appelle « la minorité friquée agissante ».
Une seule réponse : ces indigents gloseurs sont convaincus que les 95 % de citoyens ont tort de ne pas penser comme eux, parce les râleurs réfléchissent en populistes et que le populisme aujourd’hui est pire que le marxisme il y a un demi siècle !
Maintenant qu’un échevinat à Molenbeek ou Ixelles (environ 7.500 € mensuels brut) rapporte plus qu’un mayorat à Berchem (6.275 €) ou à Auderghem (7.078 €), qu’est-ce que vous voulez que ça me foute ?
Plutôt que de remplir les colonnes du journal de la propaganda abteilung de ces batteurs d’estrade qui nous piquent tout notre pognon, le dépendeur d’andouilles de la Dernière Heure aurait mieux fait de demander les mensurations de Caroline Van Wynsberghe.
Si elle nous avait boni de sa petite voix d’ange « Taille : 173 cm, Tour de taille : 61 cm, Tour de hanches : 71 cm, soutif 85 A (le rêve) Poids : environ 66 kg » …on était preneur. Enfin, le Rouletabille en solde aurait fait un vrai métier d’aoutien journaliste.