Tobin, or not Tobin ?
Si pour Stephen Hawking, il y a moyen de sortir d'un trou noir, on ne voit pas encore très bien comment sortir du trou noir du système économique adoré des libéraux.
Pourtant il y aurait urgence.
Évidemment les contempteurs de la chose bancaire d’Etienne de Calataÿ à son remplaçant Bruno Colmant, jusqu’au plus petit infime économiste de la chose écrite, trouvent agréable de prendre une pinte de bon sang sur le dos des populistes parmi lesquels l’extrême gauche est assimilée.
Bien que l’économie mondiale soit en panne de réussite et que ses partisans élus en Europe et aux States manquent d’idée, du PS au MR on se gausse des populistes qui s’embrasent sur des utopies. Certains vont jusqu’à dire qu’il vaut mieux ne pas avoir d’idées du tout, que collectionner des inepties assurant de la catastrophe certaine.
On a ri de Mélenchon, de Varoufakis et de Montebourg, unanimes contre l’euro, l’Europe, les riches, la politique de Merkel, de Hollande, etc. trouvant drôle qu’en s’en prenant à tout le monde, ils ne s’en prennent à personne.
Ils ont oublié, ces esprits révérés, que les dépendeurs d’andouilles de gauche ont depuis toujours une magnifique « connerie », qui pourrait leur faire rentrer dans la gorge leurs sarcasmes et leurs airs supérieurs.
Non, ce n’est pas la révolte populaire qui leur pend pourtant sous le nez, mais l’allocation universelle. Actuellement à l’état de projet en Finlande, cette vision futuriste entraînerait par son application, ce qui empêche le génie du peuple d’éclater : le pouvoir de sujétion de l’employeur sur l’employé, libérant ce dernier de la peur de perdre un emploi et de n’en point retrouver d’autres.
Déjà en 1962, le Prix Nobel d'économie Milton Friedman défendait l'idée ancienne d’un capitalisme à armes égales entre la proposition et la demande de travail, afin d'éviter l'effet pervers de la solution sociale à tout conflit ou interruption de carrière, maladie, chômage et retraite, créant un esprit d’assisté.
.Six ans plus tard, Robert Lampman, Harold Watts, James Tobin (on se souvient de la taxe Tobin), John Kenneth Galbraith, Paul Samuelson et plus de 1 200 économistes de bords politiques différents ont envoyé une pétition au Congrès américain sur un programme de revenu garanti. La loi faillit passer sous Nixon avec les vœux de réussite de Martin Luther King. George McGovern, conseillé par James Tobin et Robert Solow, proposait aussi d'instaurer un revenu inconditionnel.
Plus près de nous, Martin Ford soutient l'idée que les emplois les plus courants dans notre économie seront complètement automatisés par l'avancée technologique telle que la robotique et l'intelligence artificielle. Si on ne fait rien et que le système capitaliste libéral en vigueur aux Etats-Unis comme presque partout dans le monde n'était pas remplacé par un autre paradigme politique, on verrait 70% de la main d'œuvre actuelle céder la place à des processus automatisés. Non seulement les populations correspondantes seraient condamnées au chômage, mais ne disposant plus des revenus de leurs anciennes activités professionnelles, elles cesseraient de pouvoir consommer, c'est-à-dire d'acquérir les produits des activités automatisées, produits industriels comme biens et services sociaux et intellectuels. De leur côté, les populations des pays pauvres actuellement sans emploi ou sous-employées ne pourraient bénéficier de la demande de biens de consommation provenant des pays développés puisque les revenus soutenant ces consommations seraient taries. Elles pourraient encore moins prétendre à être embauchées par les entreprises automatisées délocalisées ou nationales qui n'auraient aucun besoin d'elles.
J’entends d’ici les rires et les commentaires.
Je prends cette proposition très au sérieux, quoique nos charmeurs d’électeurs s’en gargarisent depuis toujours.
Voilà au moins quelque chose qui tient la route et qui serait de nature à rompre avec le désastreux manque d’idées de nos grands démocrates . Qu’on ne vienne plus dire que l’extrême gauche s’est spécialisée dans le farfelu.
Jusqu’à preuve du contraire, seules les populistes ont des projets, des plans, une action.
Et ils ont diantrement raison et leurs détracteurs, une fois de plus, bien mal inspirés de ne pas y réfléchir.