Toujours la Grèce…
Le mot d’ordre est bien simple et vaut pour toute la zone euro : fichez-nous la paix avec la dette grecque. Nous en reparlerons en septembre disent les vacanciers qui partent à la baignade.
Eh bien non ! Tandis que l’Europe officielle célébrait un accord sur la dette, l’opposition au contentement extatique de la politique de l’Allemagne, de la Belgique, de la Hollande, de la Pologne et des autres pays croupions de l’orthodoxie de madame Merkel, s’élevait sur les conditions du prêt rendant impossible son remboursement.
Non seulement trois semaines plus tard rien n’a vraiment été réglé, mais il semblerait que la situation soit pire encore avant le « non » au référendum. Ce qui n’a pas empêché les créanciers de la Grèce de relancer la machine à privatiser. Ils sont chez eux partout dans un pays où tout va à l’encan. C’est toujours sur ceux qui ne peuvent pas se défendre, que les créanciers font les meilleures affaires. Mediapart note « La Troïka, que Syriza avait promis d'écarter du pays, est revenue à Athènes cette semaine. Objectif : préparer le nouvel accord de prêts et de mesures budgétaires qui doit être entériné d'ici le 20 août à Bruxelles. Au centre de ce « mémorandum » figure un nouveau programme de privatisations. L'histoire se répète. »
L’opinion européenne s’en fout, elle est arrivée à la plage, au soleil et s’endort au bruit des vagues.
Tsípras est reparti dans le cauchemar d’une tournée des prêteurs sur gages : Commission européenne, BCE, Mécanisme européen de stabilité (MES) et Fonds monétaire international (FMI). Cette fois la négociation estivale porte sur l'octroi d'un nouveau plan d'aide, le troisième depuis 2010, d'un montant de 86 milliards d'euros. la dette qui atteint 175% du PIB n’est pas toujours remise en question.
Les milieux conservateurs de l’Europe, dans lesquels brillent Charles Michel, grand admirateur de Wolfgang Schäuble, parlent à nouveau d’un Grexit temporaire. Seul Michel Sapin s’y oppose.
Par ailleurs, John Bogle, le fondateur du groupe financier Vanguard, décrit dans le magazine Time le marché financier dans les filets duquel on asphyxie un peuple «Le métier de la finance est d’apporter du capital aux sociétés. Nous faisons cela avec 250 milliards de dollars par an sous forme d’introductions en Bourse de société et d’augmentations de capital. Qu’est-ce que nous faisons d’autre? Nous poussons les investisseurs à échanger environ 32 000 milliards de dollars de titres par an. Donc si je calcule bien, 99% de ce que nous faisons dans cette industrie consiste en des échanges d’une personne avec une autre dans le seul intérêt de l’intermédiaire. C’est un gâchis considérable de ressources.» …et c’est en même temps prendre les peuples pour des poires.
Quelqu’un a dit des banques d’affaires américaines, ce qui pourrait tout aussi bien convenir aux banques d’affaires européennes « qu’elles travailleraient une semaine par an et fermeraient leurs portes le reste du temps sans que cela ait un impact sur l’économie réelle » !
Pendant ce temps, on peaufine la mise à mort de la Grèce. À se demander si les fonctionnaires de l’Europe ne sont pas pires que les banquiers.
Dans le texte final de l'accord trouvé au sommet de la zone euro au terme de 17 heures de négociations, on découvre la mise sur pied d'un programme de privatisation d'actifs censé générer « 50 milliards d'euros »… Sauf que les mêmes propositions avaient déjà été faites en février 2011 !
Et tandis que la torpeur d’été envahit les médias, que les économistes sérieux se sont lassés de dire toujours la même chose, les séjours en Grèce sont à présent aussi attractifs que les prix en Tunisie. Le trop plein de touristes se déverse dorénavant du Péloponnèse aux Cyclades proportionnellement à la décroissance des hôtels de Hammamet et de Tunis. Ce qui démontre bien que les grands usuriers tueurs de peuple, font moins peur que les coupeurs de tête de chez Daech.
Pourtant, d’après l’Histoire du monde, la finance est supérieure aux intégristes quand au nombre de victimes. Bien sûr les techniques ne sont pas les mêmes. Les médias exercent aussi dans la relation de leurs exploits respectifs, un rôle certain en faveur du crime en costume et cravate.