« Où c’est-y qu’il est ? | Accueil | Ça repart à la crise ! »

Y aller ou pas ?

Il ne faut pas désespérer des Hommes. Il y a en chacun de nous une humanité plus ou moins prompte à s’émouvoir, nous rendant propre à voler au secours de nos semblables.
Ce fut le cas dans ce fichu Thalys de vendredi.
Et que les acteurs bienveillants du drame soient américains, anglais et français renvoient bien l’image de l’universalité de ce sentiment solidaire.
La suite est politique et qui dit politique entre dans les spéculations, appropriations et théâtre des apparences.
C’est moins exaltant, c’est plus édifiant.
Le peuple gardera ce petit côté « l’arme à l’œil » pour ces héros authentiques. Les autorités s’empareront des images d’Épinal pour s’en approprier le mérite et paraître « à la hauteur » d’un événement qu’on qualifiera d’exceptionnel et qui – fort heureusement – est beaucoup plus répandu qu’on ne le pense. Souvent, les circonstances le laissent anonyme.
Déjà la cote de popularité de François Hollande et de Manuel Valls est à la hausse.
Les problèmes de sécurité demeurent. Les projets déferlent, comme établir des portiques dans les gares, mobiliser des milliers d’agents de sécurité, armer les policiers en civil, contrôler les personnes avec bagage dans la rue, etc.
Quand va-t-on se rendre compte qu’on ne peut pas empêcher l’acte criminel d’un isolé ?
Comme ce pilote allemand précipitant son avion contre des montagnes et faisant périr tous les passagers – même si dans ce cas les compagnies aériennes peuvent imaginer des mesures préventives – il y a tant de façon de nuire à son prochain que ce serait une folie que de vouloir poursuivre une prévention et une méfiance qui conduiront à la perte des dernières libertés qui nous restent et auxquelles nous sommes attachés, sauf les imbéciles heureux qui « n’ont rien à cacher ».
On ne peut détruire les foyers de nuisance qui diffusent dans le corps social que d’une manière : en supprimant les nuisibles dans leur nid. Cela ne pourra se faire qu’en face à face et non pas avec des drones ou des chasseurs bombardiers. Si à travers l’ONU les Nations ne le font pas, ajouter des portiques aux portiques, des caméras espionnes et des milliers de militaires patrouillant dans les rues ne serviront à rien.

2tetra.jpg

Il s’agit bien d’une guerre. Nous en persuader est absolument nécessaire et voir ensuite comment nous pouvons gagner ou perdre cette guerre qui nous est imposée.
Depuis les attentats du 11-Septembre, l’Amérique a mis en place des systèmes de détention illimitée, des programmes de surveillance dont l’Europe même est incommodée, des éliminations ciblées et d’autres moyens secrets, souvent illégaux, mais admis suivant les circonstances. On a l’impression que tout cela a été insuffisant et que «la guerre» continue.
Quinze ans plus tard, le terrorisme ouvre de nouveaux fronts, Syrie, Libye, Irak, Égypte, Nigeria.
Tant que nous n’accepterons pas cette idée de guerre permanente, l’érosion des droits humains se poursuivra en Europe et ailleurs, pour des résultats décevants
La guerre et la paix ont toujours cohabité en des solutions alternatives et continues. Ce qui est inacceptable et illégal en temps de paix devient monnaie courante en temps de guerre. Notre intérêt n’est pas de rester perpétuellement sur le qui-vive !
Il est de vider l’abcès au plus vite.
Mais les imbrications sont telles entre le fanatisme religieux très répandu et l’instinct meurtrier de ceux qui en font usage, qu’il faut y regarder à deux fois avant de se lancer à corps perdu dans le nettoyage en Syrie des factieux qui la gangrène.
L’histoire de l’ascension de Daech est un signe que tourner la page de la guerre est plus facile à dire qu’à faire et les motifs restent les mêmes depuis la nuit des temps : la religion et l’appropriation du travail et des biens d’autrui par la force (un peu à la manière du système capitaliste, mais en plus violent). Souvent les deux facteurs se conjuguent parfaitement. En plus, les technologies sont désormais bon marché et n’importe qui peut se procurer à bon compte des armes de guerre partout, tandis que les techniques et les manuels d’emploi sont répandus sur YouTube et Twitter.
Ce qui a échoué, c’est la politique de laxisme à l’égard de la religion musulmane, à la base de tous les crimes actuels, quoique l’on puisse en dire. L’enfièvrement des croyants peut parfois retomber comme par enchantement. Attendre que ça se tasse ou jouer du bistouri ?
C’est la question.

Poster un commentaire