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Klérotèrion.

C’est lent à venir, mais ça vient : la représentation populaire par tirage au sort !
Ce n’est pas une idée neuve, elle est même très ancienne.
Athènes quatre siècles avant JC et 2400 ans avant Benoît Poelvoorde (Dieu bis) avait inventé le Klérotèrion (κληρωτήριον), visible au musée d’Athènes. C’est une machine à tirage au sort utilisée dans la démocratie athénienne antique pour choisir les jurés parmi les citoyens athéniens. Cet instrument témoigne ainsi d'une implication effective des citoyens aux affaires de la Cité. Dans la première démocratie connue, la démocratie athénienne, le tirage au sort était prépondérant pour toutes les institutions exécutives et juridiques. Il est resté quelques écrits (apocryphes ?) d’Aristote à ce sujet. Plus tardivement, la Suisse et l’Italie ont étendu ce système à la représentation populaire, abandonné de nos jours. En politique et en droit, le tirage au sort permet de désigner des mandataires par le hasard parmi un ensemble de candidats ou parmi l'ensemble des membres d'un groupe.
Il me semble avoir consacré quelques lignes dans une chronique précédente, tant il est vrai que le tirage au sort des décideurs est considéré par des politologues sérieux, comme un acte capable de rendre de la force à une démocratie en perte de vitesse.
Tout ce préambule pour rendre hommage (une fois de temps à autre n’est pas de la flagornerie) à Laurette Onkelinx qui a remis l’idée sur le tapis, pour la simple raison qu’il ne faut pas être un grand clerc pour s’apercevoir que le système est verrouillé et que la population se détourne du spectacle qu’il offre. Évidemment les médias y aident par l’insistance à nous exposer les « grosses » pointures qui rabâchent leurs leçons à longueur d’année.
Madame Onkelinx propose de transformer le Sénat en une assemblée où siégeraient des politiques, mais aussi, « pour une large part, la moitié des élus au moins, des citoyens, sur la base d’un tirage au sort dans la population ». C’est timide, pas encore tout à fait ça, mais c’est un début.
Reste à savoir si les principaux intéressés, les sénateurs, sont prêts à se tirer une balle dans le pied. Et tout le drame est là ! Comment convaincre un aréopage omnipotent de se démettre sous prétexte de démocratie, alors que ses membres se croient de parfaits démocrates, et peut-être le sont-ils pour la plupart ? Il faudrait pour cela qu’ils soient convaincus qu’ils sont au sommet d’une machine qui ne fonctionne plus et qu’ils font de la démocratie en circuit et à guichet fermé.
Convaincre de cela Christine Defraigne, Armand De Decker ou encore Alain Desthexe, c’est impossible.

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Les gens intégrés dès leur sortie des écoles dans la politique à titre représentatif ou administratif font valoir des arguments aussi anciens que l’idée. Comment établir des Commissions regroupant des compétences adéquates par tirage au sort, sans faire déjà de l’élitisme en appelant à élire dans des professions spécifiques, sachant qu’il y a dans la foule anonyme des citoyens aussi compétents sans diplômes, mais aussi des abrutis incultes ? Idem sur la question élective proprement dite de représentation. Faudra-t-il produire un certificat de mœurs, une carte de patriote ou subir un examen oral, avant d’être éligible ?
Si l’on veut avancer dans l’idée de rendre la politique au peuple, il serait raisonnable à tout le moins que le citoyen fasse acte de candidature pour le tirage au sort en envoyant quelque part une lettre de présentation, qu’il certifierait écrite de sa main et pensée par lui.
Enfin, un grand merci à Madame Onkelinx d’y avoir pensé.

Commentaires

bonjour Richard, vu il y a quelque temps sur un blog, comme devise dans la bannière d'en-tête :
"Il faut être fou pour laisser le pouvoir à ceux qui le veulent"

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