La faute à Wang Xiaolu !
Le point sensible reste le rapport de la presse avec l’argent. À cela deux observations. Les propriétaires de nos gazettes ne sont pas des gauchistes. Ils sont même engagés dans un combat pour la pérennité du système économique en l’état actuel, bien décidés à n’en rien changer. Qu’on ne vienne pas me dire qu’ils embauchent des « progressistes ». Ça se saurait. La seconde, beaucoup de journalistes sont si mal payés que de temps à autre, certains craquent et vont se vendre à plus offrant. La très récente mésaventure de deux journalistes de la presse française en atteste, lorsqu’ils se sont mis à négocier leurs écrits au sultan du Maroc.
La Bourse qui concentre les appétits pour l’argent gagné vite fait, mais aussi perdu aussi rapidement, entre dans le cadre sensible d’une affaire d’État. Aussi, les rédactions y délèguent les plus enthousiastes apologistes de l’économie transcontinentale et des libertariens les plus farouches.
On ne serait pas surpris que les dames d’œuvres du MR qui ont commis un bel article de rentrée sur le ministre des Affaires étrangères, alors qu’il y avait quand même d’autres ministères plus d’actualité à visiter, auraient des qualités évidentes pour cette montée en grade.
Voilà deux semaines que le drame chinois fut perçu par le monde entier comme un fait majeur qui ressemble au départ d’un Krach boursier mondial. Il fallut bien que nos gazettes, la mort dans l’âme, évoquassent un lundi noir, mais si loin de nos beaux pays prospères, que l’importance en fut fortement réduite, quasiment nulle ! Lundi noir pour eux, lundi gris clair pour nous…
Le lundi suivant, nos Bourses, ces vaillantes commerçantes de papiers titres, se redressent, mais faiblement, comme par une petite brise marine réconfortante. Du coup, nos échotiers s’enflamment. Les Chinois vont repartir, une partie des infos était fausse, soupire d’aise, nos chroniqueurs du pognon belge. Et dans cette kermesse du titre, on passa sous silence le peu d’entrain des Bourses en fin de journée.
C’est que l’info est stratégique. Depuis que Charles De Gaulle s’est écrié « on ne fait pas la politique à la Corbeille » bien de l’eau a coulé dans le tuyau de la Senne. Pour tout dire, la politique toute entière se fait à la Corbeille. Nos élites politiques, gauche comme droite, n’ont qu’une seule vision et une seule stratégie : renouer avec la croissance !
Or, et c’est là qu’on voit toute l’étendue de la non-information systématique de la presse belge sur ce sujet brûlant, les rédactions ont été unanimes dans le silence à l'ouverture des Bourses en Europe, de ce lundi 31 août 2015.
Pourtant, selon Reuters, les principales Bourses européennes ont ouvert en baisse lundi en raison des inquiétudes persistantes au sujet de la Chine et d'un possible relèvement des taux d'intérêt dès septembre aux Etats-Unis. Suivent en détail les principales pertes.
À Paris, l'indice CAC 40 perd 0,58%, à Francfort, le Dax cède 0,41% et pourrait terminer le mois d'août sur sa pire performance mensuelle en pourcentage depuis quatre ans, avec un recul de 9%. L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro est en panne à moins 0,49% et de 9% sur le marché
Les inquiétudes relatives à la santé de l'économie chinoise continuent d'entretenir la volatilité sur les marchés. Le principal indice de la Bourse de Shanghai, qui s'est effondré de plus de 40% depuis mi-juin, a encore cédé 0,8% lundi pour terminer le mois sur un recul de 12,5%.
Je vais m’arrêter là.
Il est quand même stupéfiant qu’on donne une information en Belgique d’un flop mondial, que celui-ci est loin d’être terminé, qu’on salue une performance qui n’en est pas une et qu’enfin on taise la descente qui se poursuit !
La seule info de la suite que vous ayez à lire tient dans cette nouvelle bien chinoise « Un krach boursier tient à peu de chose, surtout en Chine. Dans le cadre des enquêtes qui visent à trouver des responsables à la débâcle boursière de ces dernières semaines, les autorités chinoises ont mis la main sur Wang Xiaolu, journaliste pour le magazine Caijing. »
Ce malheureux dont le compte est bon « …a confessé avoir publié de fausses informations qui ont provoqué une panique et un désordre sur le marché boursier, gravement nui à la confiance du marché et entraîné une perte énorme pour les investisseurs et le pays ».
D’ici à ce que les directions des journaux belges, soudainement maoïstes, exigent une séance d'autocritique, comme en Chine, pour savoir qui a diffusé cette « fausse » nouvelle de la vipère lubrique Wang Xiaolu, il n’y a qu’un pas.
Pourvu que Véronique Lamquin ait un bon alibi.