Méfiez-vous d’eux !
Nul ne peut nier que le monde du travail subit un sacré revers dans ce pays. La situation politique est loin d’être limpide : déséquilibre au Fédéral entre les représentations flamande et francophone, avec Bart De Wever en belle-mère du gouvernement ! La situation économique, n’en parlons pas : chômeurs radiés, pensionnés misérables… croissance quasiment nulle. Seule consolation : les prises de bénéfice et les bonus des directions.
Et pourtant lorsqu’on entend les soupirs d’aise des MR à Pairi Daiza !
Les fans du feuilleton de la famille Michel font semblant que tout ce qui arrive est inéluctable, que ce n’est pas de la faute des dirigeants actuels. Certains prétendent même que c’est Di Rupo qui a mis les finances en piteux état. Heureusement qu’on a relevé la TVA. Enfin un impôt que les pauvres acquittent à 90 %.
Il m’arrive parfois, devant les bruyantes agapes de ces repus satisfaits, de me demander si le décalage entre les raisons de s’alarmer et leur joie de vivre existait vraiment. Si ce n’était pas un fantasme causé par mon manque de discernement ?
Les MR à Pairi Daiza donnent l’image du Belge moyen en train de basculer dans la satisfaction de soi. Le monde bourgeois gagne du terrain. Ils n’auraient quand même pas le culot de s’en mettre plein la tronche à l’heure des réfugiés et des sans abris ! Je dois mal lire les journaux ?
Le plus troublant, ils ne sont pas les seuls. Les redondants prétentieux, avocats de métier, qui squattent les premières places du parti socialiste et sans doute des autres partis francophones, ont déserté en masse les assemblées d’indignés et les cafés où se rêvaient d’autres destins que la médiocrité commerçante du libéralisme haussmannien. Ils ont rejoint les Pairidaizistes, comme tous ceux qui n’ayant pas de bilan à présenter aux prochaines élections, font dans le contentement.
Voilà le mot de l’histoire : nous retournons à la société de Napoléon III, avec Badinguet premier ministre, pas encore président.
Seule chose rassurante, c’est d’entendre Louis Michel tresser des couronnes à Olivier Chastel. Ces deux là réunis, il n’est pas possible que leur vision de la morale soit la bonne ! Là, je retrouve « raison garder ».
Ils ne voient pas la grande fracture qui sépare deux mondes que tout oppose, une infime minorité ayant les moyens financiers et l’intelligence du cabaretier qui sait retenir la clientèle, et les autres, clients ou non.
Non, mille fois non, ce pays n’est pas démocratique, il n’en porte que l’habit et le semblant. L’égalité des chances n’y existe pas. Certains ont tout au départ, une maison agréable des parents instruits et imbus d’une culture libérale. Toute la parentèle a un sentiment de légitimité. Il leur semble que c’est normal qu’on bosse pour eux et que des lampistes de la presse caressent leur prostate par leur trou du cul parfumé aux essences des bois. Le mythe de la réussite personnelle n’est qu’une figure de style. La majeure partie des Belges travaillent dur pour n’arriver à rien. Ils le savent, mais c’est leur grand secret. C’est tabou à Pairi Daiza ou ailleurs.
Trop peu d’économistes se penchent sur les inégalités de départ qui déterminent tout le reste. Le sujet n’intéresse pas le monde établi et on comprend pourquoi. Les courageux de la discipline vivent en marge et des journalistes comme Gerlache les traitent de populistes. On s’aperçoit même qu’à l’accroissement des inégalités, ces économistes deviennent de vrais parias.
La politique de croissance n’est pas le remède ni a la pauvreté, ni aux inégalités.
La taille du gâteau à partager n’a aucune influence sur la réduction de la pauvreté et des inégalités.
Je crois comme Stiglitz que s’il y avait moins d’inégalité, nous serions tous en meilleure posture.
Et par commencer les inégalités des salaires du domaine politique, par rapport à la grande masse des contribuables, touchent directement la démocratie. Plus nous resserrerons les liens entre les citoyens, mieux se portera la démocratie.
Le modèle économique actuel va dans le sens opposé.
C’est un axiome : l’inégalité économique produit davantage d’inégalité politique.
Nous y voilà, les représentants de la majorité des citoyens ne traduisent pas par des actes, les promesses qu’ils ont faites pour être élus.
La foule de Pairi-Daiza n’en avait pas conscience dimanche dernier. Elle était sous le charme des enchanteurs. Non, votre Errol Flynn n’est pas Robin des Bois. Il ne combat pas pour le peuple. Et son père n’est pas l’incarnation de Mélusine, mais de Carabosse.
Eux s’en tirent toujours, mais nous ? Par quoi les remplacer quand ils auront tout saccagé ? L’abaissement est général. La culture est par terre. Il faut dire que Laanan avait commencé la démolition.
J’en arrive à me demander s’il faut encore considérer Charles Michel comme une personne normale !
Et dans la presse, rien que des interviews à la con à Pairi Daiza, personne n’a demandé aux orangs outans ce qu’ils en pensaient !