Paroles… paroles… paroles…
L’étonnant n’est pas dans le discours de Bart De Wever, il serait du côté des journalistes et des membres du MR qui tressent des couronnes à Charles Michel, depuis qu’au sortir des élections après une charge contre la N-VA, il s’est empressé de former un gouvernement avec… la N-VA !
Béatrice Delvaux résume bien ce qui se fait de mieux dans le genre de réalisme politique. L’éditorialiste en chef du journal « Le Soir » a choisi la critique frontale de Bart De Wever, en ignorant que la N-VA fait partie du gouvernement Michel. « Pourquoi fermer les frontières, réduire les conditions d’accueil et – soyons fous – revoir la Convention de Genève? Parce que ces «gens» ne sont pas de vrais réfugiés politiques? Parce qu’ils vont prendre notre travail? Parce qu’ils vont vivre mieux que nos grands-parents qui végètent en maison de repos? Parce qu’il y a, dans ces arrivants, des musulmans dont la pression culturelle sur notre société menace les valeurs des Lumières, provoque du gay bashing et fait que des femmes veulent porter un burkini dans les bassins de natation? C’est ce résumé à la hache du discours de Bart De Wever à Gand qui va rester dans les têtes. Car, comme le tweetait le professeur Carl Devos: «On peut penser ce qu’on veut des idées défendues par Bart De Wever, mais il dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.»
Il aurait quand même été plus judicieux de la part de la journaliste de s’inquiéter de ce curieux attelage Michel/De Wever, si l’on prend en compte le silence du premier ministre et, quand il est pressé de questions, les faux fuyants qu’il emploie pour « oublier » l’attitude de ses ministres qui viennent de la N-VA.
Non. Vous préférez vous divertir sous cape, tout en vous voulant indignée des formules du Bourgmestre d’Anvers «Bruxelles-Bagdad Express» - « la «grand-mère qui ferait mieux d’être demandeuse d’asile» ou ces hommes arrivés chez nous «qui ne resteront pas seuls longtemps» –, ou ces petits malins qui «ont marché des milliers de kilomètres à pied jusque Bruxelles mais ne trouvent pas la porte du WTC?».
Évidemment, monsieur Gerlache, journaliste à la RTBF ne vous donnera pas tort, lorsque vous traitez Bart De Wever de populiste. Vous rejoignez la troupe des bien-pensants dont la spécialité maligne consiste à faire l’amalgame du fascisme avec ceux qui parlent de la détresse des gens de la rue.
Non, madame, Bart De Wever n’utilise pas l’imagination du peuple dans son discours imagé, il parle à sa clientèle fascisante dans l’intention de relancer « la fracture » entre les nationalistes flamands et les royalistes francophones.
…A moins que vous ne considériez l’apathie en Wallonie comme étant une forme de populisme de la francophonie ?
Au fil de la lecture de votre éditorial, vous laissez percer un doute sur votre intention de stipendier le leader flamand : « Ce n’est pas le manque d’argumentation ou de talent, voire même de vérités, qui suscite un malaise à l’écoute du discours du leader nationaliste. Car oui, tous les réfugiés ne sont pas des Syriens intellectuels et oui, tous ne sont pas réfugiés de guerre, et oui, personne à ce stade ne connaît parfaitement l’historique du petit Aylan. »
Faire une distinction entre ceux qui fuient la guerre et les bombes et ceux qui fuient la misère dans un moment où l’afflux des uns se grossit de l’afflux des autres, serait logique, s’il ne perçait dans vos propos une discrimination à propos du malheur.
Quand vous faites don d’une pièce de monnaie à quelqu’un dans la rue, vous ne lui demandez pas s’il est un réfugié ou un émigré et si c’est pour acheter un pain ou un joint ?
Je vous vois bien sur la Toile de Jéricho « le radeau de la Méduse » attachée au mât et défendant à coups de talon aiguille l’accès à votre carré de VIP.
Le monde va mal, madame Delvaux, la société belge se délite, le système capitaliste sans entrave est mauvais pour les peuples, le gouvernement marie la carpe et le lapin, Charles Michel « fait ce qu’il peut » c’est-à-dire pas grand-chose, il ne contrôle rien et est le prisonnier consentant de la N-VA.
De deux choses l’une, ou vous ignorez cela, ou vous le savez, dans les deux cas vous ne faites pas votre métier. Certes, vous n’êtes pas la seule. Il en va ainsi dans les sociétés sur le point de disparaître. Les intellectuels sont presque toujours à côté de la plaque. Ils n’écoutent pas les gens !
Je vous concède que l’écriture est facile quand on n’a pas d’employeur et que le vôtre ne doit pas être accommodant en dehors de la sauvegarde du conservatisme bourgeois.