Statistiques et suppositions.
On le sait, les statistiques sur la consistance des partis politiques entre deux élections sont peu représentatives du vote réel à l’heure des urnes. Trop de facteurs, souvent anodins, changent la donne et font des élections une loterie. Parfois un mot, une attitude, une interprétation mal/bienveillante de la presse à quelques jours du verdict et voilà quelques milliers d’électeurs qui changent d’avis à la dernière minute.
Les statistiques ne servent qu’à faire peur ou rassurer les partis. Elles intéressent peu les futurs votants. Ce tableau de l’instant n’influence que les bureaux politiques sur leur stratégie.
S’il était besoin de faire la preuve qu’il existe un fond passif et stable dans l’opinion, c’est bien l’apport massif des voix pour les socialistes en Wallonie et pour les libéraux à Bruxelles.
La politique, quelle politique ? Rien n’y fait.
On le voit bien dans l’actuelle direction du pays.
Qu’y font au juste les libéraux ? Si ce n’est, au jour le jour, émettre des avis favorables aux demandes des patrons pour un allégement des charges et rester imperméables aux réclamations du monde du travail qui voit fondre ses économies et disparaître ses conquêtes sociales.
À ce jour, on ne voit aucun plan d’avenir, aucune politique agressive de recouvrement d’une situation meilleure pour l’ensemble de la population.
Au contraire, cette politique dessèche ce pays. Et pourtant…
En Wallonie, le PS reste à la première place avec 29,7% des intentions, suivi du MR avec 24,2% et à Bruxelles, le MR est premier avec 22,2%, suivi du PS avec 20,2%.
Cette immobilité du corps électoral relevé par les intentions de vote vaut le détour d’une réflexion.
Que le PS défende dorénavant plus le boutiquier que l’ouvrier et le MR soit plus à droite que jamais, ne changent rien à ce chassé-croisé éternel, qui n’alimente que la nostalgie du « c’était mieux hier », ce qui nous fait une belle jambe et ne veut rien dire.
Est-ce que l’électeur dans un clivage vieux de trente ans est victime d’un blocage ?
Quoi qu’il arrive en serons-nous toujours au spectacle des mêmes se passant le relais tous les cinq ans ? Se pourrait-il qu’étant aussi mauvais l’un que l’autre, ces deux partis soient soudés, quoi qu’ils fassent ?
On peut imaginer la lassitude et le découragement du public devant de si mauvais acteurs.
Les projections statistiques fourmillent de commentaires qui ne sont qu’un ramassis de clichés ressassés depuis la nuit des temps.
Vu de la Wallonie, la Flandre paraît plus dynamique dans la défense de sa langue, alors que nous dormons sur les lauriers académiques du passé de la nôtre.
Jusqu’où les travailleurs, les petits commerçants et artisans voteront pour un MR qui conduit la population à la ruine d’abord, à la misère ensuite ? Et leurs homologues qui font confiance au PS, quand s’apercevront-ils que le PS va dans le mur depuis que les chefs se sont ralliés au libéralisme « social » ?
Et patati et patata…
La statistique a le mérite de nous faire savoir que le réveil devant les urnes, ce ne sera pas encore aux prochaines élections.
Pourquoi ce gouvernement qui s’était promis de ne pas ouvrir un chapitre nouveau sur la querelle du fédéralisme et du confédéralisme, ne fait que ça depuis le début ?
Mais parce que la N-VA en fait partie et que ce parti tire son fonds de commerce de ce conflit.
La N-VA est à 27,5% des intentions de vote, contre un score de 32,4% aux élections de mai 2014. Il aurait perdu 5 % sur un an et quelques mois.
Les autres partis flamand espéraient et espèrent toujours que la N-VA va s’essouffler, comme eux se sont éteints, sur les mêmes échecs du social et de l’économie en panne.
Charles Michel prône la croissance et le redémarrage de l’économie, alors que c’est ce qu’il redoute le plus, par rapport à la N-VA qui pourrait faire valoir un bilan économique favorable, grâce à la bonne gestion de ses ministres !
Le Vlaams Belang recueille 9,7% des intentions de vote. Avec un bilan économique favorable, la N-Va n’a pas besoin d’en rajouter pour attirer à lui quelques électeurs extrémistes. Dans la perspective contraire, il va falloir s’attendre à ce que l’affaire du bourgmestre non nommé de Linkebeek ne soit que le prélude à une offensive sur le plan communautaire. Les 5 % de perte d’audience est un signe que le bilan économique n’est pas favorable et que la N-VA n’a pas été à la hauteur de son programme électoral.
Au milieu du gué, c’est le moment d’y aller pour Bart De Wever. On le saura très bientôt.