Golf et Taj Mahal.
Hier l’amour inconditionnel du golf rassemblait les libéraux. Les petites rivalités sportives piquent les golfeurs mais au MR, ces joutes verbales sur les qualités et les défauts des affiliés fréquentant le green ne vont jamais plus loin que les moqueries et les fanfaronnades d’une partie de pétanque comme les boulistes marseillais sont coutumiers sur la Canebière.
Louis Michel est un golfeur haut en couleur ! Le petit Chastel lui tiendrait bien la dragée haute mais outre le respect à l’aîné, Chastel n’est pas tête de gondole au parti. Sa place est entre Gérard Deprez et Willy Borsu, c’est peu mais c’est déjà quelque chose. En réalité, il occupe la place de Serge Kubla, assez bas sur la liste du par et du parti, depuis son coup de chaud.
Les discussions sur le fairway règle tout le championnat. Ce qui est valable à Hannut, l’est tout autant à l’état-major.
Ce qui trouble actuellement le MR et qui empêche Charles Michel d’entrer en bonne tumescence matinale, c’est tout bêtement l’excursion au Taj Mahal.
Non pas qu’un voyage coloré du Shekhawati au Rajasthan avec découverte du Taj Mahal et de Delhi ne soit pas inaccessible à qui encaisse plus de 20.000 € par mois, mais le faire à l’œil suivant l’esprit sportif du néolibéralisme réformateur, c’est autre chose.
L’année dernière, Gros Loulou crut faire une attaque lorsque dans le « New York Times » à la rubrique « Fashion & Style » il lut « Modern romance : Belgian deputy prime minister Didier Reynders with family during his visit to the historical monument Taj Mahal in Agra ».
Oui, quand Louis Michel s’emmerde au parlement européen il prend une collection de journaux en langue anglaise pour rafraîchir son vocabulaire. On y voyait, Didier en short colonial accompagné de diverses personnalités. Que le charmeur se fasse passer pour premier ministre passe encore, Loulou a fait pareil dans sa jeunesse. Il a toujours vu plus grand et y est souvent parvenu. Mais que son éternel rival soit allé au Taj Mahal à l’œil, pratiquement pour le service, voilà qui dépasse les bornes d’un 18 trous !
Le MR se devait de lancer un nouveau défi !
Cette année, outre le golf, c’est à qui fera de beaux voyages payés par les sommes reprises aux chômeurs. C’est ce dernier détail qui donne du ragoût à la sauce.
Dans la distribution des portefeuilles, Charles regrette d’avoir laissé les affaires étrangères à Didier. On avait oublié au MR le goût de l’homme pour les voyages sous les cocotiers. Quand Didier portait la serviette de Jean Gol, ce dernier lui avait trouvé les Chemins de fer comme beurre-tartine. Le Premier ministre à la buvette de la Chambre regrettait le contrat onéreux que Jacqueline Galant ministre de la Mobilité a passé avec le cabinet d'avocats Clifford Chance sans passer par un marché public. Didier eût fait merveille entre Mettet et Namur sur les quais des petites gares. Quant aux contrats avec les fournisseurs et les agences, c’est le meilleur, il ne s’est jamais fait prendre dans une embrouille. Sa mobilité légendaire aurait eu la seule Belgique pour périmètre, voilà tout… et le bougre aurait dû payer son transport et celui de son épouse au Taj Mahal !
Le pari est lancé, celui qui au MR aura voyagé le plus loin en puisant dans la cagnotte des chômeurs sera sur le par à Hannut en triplette avec Loulou et Deprez (pour le transport des clubs).
Il se verra aussi attribué une place sur l’organigramme des emplois dans le bureau de Chastel.
Gérard Deprez qui s’était enorgueilli d’un voyage gratuit à Mons s’est vu rappeler qu’il s’agit d’un challenge seulement de voyages à l’étranger. Bien entendu, Didier Reynders est hors-concours à cause de son ministère des plages et cocotiers d’Afrique et d’Amérique.
On ne sait même pas s’il a été mis au courant.
On commence à se méfier de lui au cœur même du libéralisme moderne et mondialisé. C’est dire après le gouvernement Michel, s’il doit se faire du souci pour une reconversion fructueuse. Se faire embaucher chez Armand De Decker, avocat comme lui, et grand amateur de voyages d’agrément, c’est un deal. Sauf qu’on dit Bel Armand assez radin et qu’on n’y mange pas à sa faim. Armand va toujours seul chez Chodiev.
Si Bel Armand devait remettre ses affaires, sachant les honoraires de son cabinet, même Duchâtelet aurait de la peine à siphonner un autre Standard pour l’acquérir.