La paie, c’est quand au Soir ?
L’ayant pressenti hier, Madame Delvaux dans son édito d’aujourd’hui me le confirme. L’officiel monte sur l’E40 avec l’aide de l’éditorialiste-en-chef pour constater l’inconstance du public qui passe du courant de sympathie aux grévistes, aux charmes discrets de la bourgeoisie.
Avant le coup de l’E40, on n’avait pas trop senti un courant de sympathie aux grévistes traverser la plume de madame Delvaux. Pour le contraste saisissant, c’est fichu ! C’est tellement téléphoné une ixième fois qu’on se demande si l’éditorial en forme de tract patronal sera efficace.
Faut-il l’écrire ? En 2015, le journalisme fait du prêt-à-porter néolibéral. Le personnel ne ferait pas long feu à son boulot s’il se mettait à écrire en toute indépendance et sincérité. Il faut être indulgent avec la presse. Le numérique est en train de tuer la profession. Plût au ciel, madame, que vous pensiez le contraire de ce que vous écrivez.
Mais bon sang ! il faut bloquer cet E40 et les autres aussi, jusqu’à ce que cela se sache : le premier bloqueur d’autoroutes ce n’est pas Goblet avec madame Ska en voltigeur, mais Charles Michel !
Évidemment, cette évidence n’entre pas dans la politique du Soir, ni des autres machins à la gloire d’un fantôme : celui d’une Belgique qui n’a jamais existé.
L’impopularité ça se travaille jusqu’à ce que le banquier le devienne. C’est le dernier à enfiler la gabardine qui ne sera pas mouillé par la pluie de l’opprobre.
Les gens ne sont pas toujours assis derrière un volant. Le réflexe « OH ! le con vient de me faire une queue de poisson » peut devenir « Les bus ne passent plus dans la commune et j’ai plus de bagnole ! C’est pas Michel qu’enverrait son chauffeur pour que j’aille au boulot. »
L’automobiliste quand il devient piéton vomit les automobilistes.
Qu’est-ce que les grévistes en ont à foutre, d’avoir ou de n’avoir pas gagné des points sur l’E40 ? Le combat social ne serait donc qu’un essai de séduction des progouvernementaux ? Il faut drôlement en avoir sa claque de cette société pour enfiler un plastic rouge et se mettre au milieu des voies à trois bandes sous la pluie et sous les insultes des éperdus de l’autostrade. Vous ne le feriez pas pour un amoureux qui vous plaque…
Méfiez-vous que le risque ne tourne au vinaigre et que poussés à bout, des désespérés n’envisagent le pire, par exemple camper sur l’E40 et les autres E !
À force de dire que tout va au mieux, vous pourriez pousser certains à faire les pires sottises. Ce n’est quand même pas ce que vous cherchez : faire de la copie avec du sang versé ?
Pour l’usage, n’avez-vous pas Daech ?
Un mot encore sur l’histoire du pont de Seraing. Lorsque vous écrivez « On ne parle même pas des incidents intervenus sur le pont de Seraing dont les circonstances précises restent à éclaircir. » vous oubliez que c’est à vous de les éclaircir, c’est votre métier et votre rôle de chercher à savoir et de nous faire un compte-rendu, sans tricher. Qu’est-ce qu’on se fout des petites chipoteries de Charles Michel hésitant entre les petits fours et un jus de fruit au 16, rue de la Loi ?
Où l’on reconnaît votre fond bien pensant, bien « social-chrétien », c’est la subtile différence que vous faites entre les syndicalistes de madame Ska, des bouillants de Goblet « Les dirigeants syndicaux, ceux de la FGTB en l’occurrence, visiblement seule concernée, n’ont ainsi pas à tirer fierté ou parti des actions menées. »
Ah ! tous les syndicalistes ne sont pas mauvais. Ceux qui enfilent des plastics verts sont différents !
Bien entendu qu’ils le sont. Ils attendent de voir venir à l’abri de la super-diplômée. Si les têtes brûlées réussissent un coup, on enverra les plastics verts au triomphe final devant les caméras de la RTBF et de RTL réunis. Madame Ska n’a pas fait des études pour rien. Elle s’y connaît en tactique bourgeoise. À l’inverse de La Bruyère dans ses « Caractères », madame Ska aime à se faire valoir par des choses qui dépendent des autres.
Si Marc Goblet pouvait « tenir » ses troupes, comme vous l’aimeriez ! Mais voilà, il ne sait pas les tenir et encore moins les retenir. C’est donc un voyou, selon le concept « classe moyenne façon Borsu ».
Allez, c’est pas grave.
À propos, la paie, c’est quand au Soir ?