J-F Ramquet ne vaut pas Jacques Yerna !
La voilà bien la punition que s’inflige la FGTB du blocage de l’E42 en signe d’allégeance au système : la promesse de ne plus « couvrir » les débordements de ses affiliés.
On a même entendu un journaliste demander à Goblet si, à l’avenir, il dénoncerait aux services de police un comportement délictueux d’un syndicaliste ! Et l’autre au lieu de s’insurger, de répliquer qu’il convenait d’attendre les conclusions de l’enquête (il pensait à l’E42) ! À sa place, le journaliste recevait ma main sur la gueule !
Comme quoi la propagande gouvernementale a gagné l’opinion publique à sa cause. Le gouvernement peut tout se permettre.
Par cet aveu d’impuissance la FGTB fait plus qu’un cadeau aux nouveaux colonisateurs des travailleurs, elle se tire elle-même une balle dans le pied en rendant le dévouement de ses militants impossible. En effet, qui sera encore disponible pour renforcer un piquet de grève, quand on pourrait se voir « complice » involontaire d’un débordement, tandis que la FGTB s’en lavera les mains. Elle pourrait même être témoin à charge si je comprends bien Jean-François Ramquet, secrétaire régional FGTB Liège-Huy-Waremme. Et si à la suite d’une action punissable un procès avait lieu, avec un avocat à payer par les grévistes, autant passer l’après-midi à la pêche !
C’est ce que Charles Michel et les journaux à sa solde voulaient.
Bien joué. Alors, autant oublier l’action syndicale.
Ramquet ne vaut pas Yerna, c’est sûr ! Goblet ne vaut pas Renard, c’est certain
La FGTB se trouve dans la position de Louis XI voyant brûler Liège en compagnie du Téméraire en 1468, par les mercenaires du duc de Bourgogne, sans oser intervenir afin d’épargner ses anciens alliés.
Tout le monde sait bien que les initiatives « hardies » si elles ne sont pas directement exécutées par les permanents sont toutefois suggérées et encouragées par eux. Les piquets de l’E42 ne se sont pas faits spontanément. Cherchez l’erreur !
Coucouche panier Goblet et on passe à autre chose.
Le voilà l’archétype du militant du PS fourré dans les instances de la FGTB : toujours présent à la première levée pour occuper les places, mais jamais là à l’heure des responsabilités.
Jacques Yerna nous manque beaucoup.
L’ayant connu, il m’avait honoré de son amitié. Je ne vais pas faire parler les morts et dire ce qu’il aurait fait à la place de Goblet et de Ramquet. Je n’en sais rien. Ce dont je suis certain, il n’aurait pas tenu leurs propos indignes et finassiers. Il eût répliqué aux accusations et fait face à la meute. Et surtout, il n’aurait jamais désavoué ceux qui ont payé de leurs personnes et inventé une action aussi spectaculaire. Et je crois bien que même Lambion et Gillon, les successeurs de Renard, bien qu’ils proviennent des mêmes instances socialistes, auraient réagi autrement.
Ce n’est pas bon sous prétexte de favoriser la cohésion sociale de respecter les règles d’un jeu de dupes. Tôt ou tard les auteurs de cette tromperie, voyant l’opinion publique toujours bien tenue par les journaux, exigeront davantage. L’étape suivante sera : le droit de grève, oui, mais dans les limites du raisonnable. Et toujours suivant l’opinion qui n’en sait pas plus que ce qu’on lui dit de savoir, verra le « raisonnable » aller de restriction en restriction vers ce qui ne sera plus qu’une mascarade.
La pensée unique triomphe. Elle n’est pas le seul artisan de son succès. Force est de constater que ceux qui devaient porter la contradiction sur le terrain sont singulièrement dépourvu de volonté, même s’ils sont handicapés par le manque de moyen.
J’adhérerais plus facilement à une sorte de silence digne des instances de la FGTB, plutôt qu’une « skarisation » qui consiste à faire semblant d’être d’accord avec tout le monde, comptabiliser les cotisations et sortir avec les drapeaux verts pour un barbecue sur le parking d’une usine à vendre.
Quelle que soit la fonction, je le tiens pour vrai, à partir d’un certain salaire, on n’est plus pareil. On acquiert une âme de cadre supérieur. Tôt ou tard, on trahira la mission que l’on s’est donnée. C’est aussi valable pour un ministre que pour un haut responsable syndical.