La laïcité, le parti de la peur ?
Les laïcs peuvent se rassurer, ce ne sont pas eux qui menacent la liberté religieuse. Ils sortent même de leur rôle en accordant toute leur attention aux espaces consacrés aux religions, allant jusqu’à héberger celles-ci dans des édifices payés par la collectivité et donc, forcément, en partie laïque. Ceci depuis une longue pratique de domination de la religion chrétienne sur l’État.
L’État démocratique doit-être forcément laïc. Sinon, il devient à son tour un instrument d’une ou des religions. C’est ce qu’on reproche aux gouvernements Fédéral et Régionaux qui ne veillent pas à la stricte observance de la laïcité.
Longtemps, la Belgique s’est définie comme un État catholique. Seule la dynastie le revendique encore.
Pour tout autant, l’État sort constamment de sa neutralité en assouplissant certaines règles de conduite, celle qui dit tout et après laquelle on n’a plus qu’à conclure, c’est le « cours de rien » de Joëlle Milquet.
Ce ne serait pas grand-chose, s’il n’y avait le « salaire » des ecclésiastiques. Sur le temps que l’on mégote les indemnités de chômage, l’État verse près de 400 millions par an au titre d’entretien des lieux de culte, mais aussi en traitement des prêtres et imams. Ces 400 millions sont offerts sans pratiquement aucun contrôle, sans pouvoir distinguer ce qui est indispensable et ce qui le n’est pas.
Ce n’est pas protéger la liberté de culte que de rétribuer les servants et de pourvoir un toit aux fidèles, cela s’appelle une aide matérielle aux activités religieuses.
L’Église catholique empoche le jackpot au décompte avec 85,8 % de l’enveloppe. Qu’importe, mais comment produit-on ce pourcentage, mystère ? Il serait évidemment intéressant de connaître le nombre de fidèles du côté musulman, par rapport aux autres religions. On voit bien que tout cela ne repose sur rien de concret et qu’au bout du compte, la laïcité y est ridiculisée et le citoyen délesté du « denier du culte » sans lui demander son avis.
Malgré son laxisme, l’État est préoccupé, non pas de sa largesse à l’égard des religions, mais des moyens donnés aux imams, dont certains prêchent quasi ouvertement la « guerre sainte » en Syrie !
Nous devrions quand même nous inspirer du modèle français "La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte." Tout au plus entretient-il des édifices religieux en qualité de monuments historiques.
L’État ne menace d’aucune manière la liberté de culte, au contraire. Par contre, les religions sans s’être concertées, menacent bel et bien l’État, par les guerres de pouvoir par Dieu interposé. Le mépris, sinon la haine, qu’elles portent souvent à l’agnostique et l’athée est de nature à porter au cœur même des démocraties le carnage et l’effroi. La première menace contre la liberté religieuse est bel et bien l'extrémisme religieux.
À une autre époque pas si lointaine, la foi subissait l'hostilité des autocraties totalitaires. Les choses ont bien évolué. Les persécuteurs des religions minoritaires ou des dissidents religieux sont les religions dominantes. Ailleurs, les États théocratiques ou à dictature, l’Iran, les États du golfe, la Turquie (à mi-chemin entre démocratie et dictature religieuse), la question ne se pose pas. Dans certains cas, c’est la charia, la rigidité des mœurs (en façade), les lois asservissant la femme à l’homme, etc., comme ce fut jadis la réalité des femmes dans la chrétienté tant qu’elles n’étaient pas veuves.
L’actualité nous renvoie à des guerres du passé, quand des extrémistes religieux tuaient des représentants de minorités religieuses ou des dissidents de leur propre foi. Loin d’être reconnaissante aux États laïcs de l’héberger et de la protéger, la religion musulmane se heurte à la liberté de penser dans ses formes extrêmes, comme le droit au blasphème. La liberté d’expression n’est pas perçue par la plupart des croyants comme il conviendrait. Des groupes violents, dans un avenir proche, seront un défi majeur pour la laïcité. On a même entendu des propos inadmissibles dans les rangs des laïques en parlant des victimes de Charlie Hebdo, comme « ils l’avaient bien cherché », propos scandaleux qui remplissent d’aise les assassins de Daech. Ces tueurs aiment la sensation de sentir nos peurs dans nos démarches « d’apaisement ».