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Le droit de grève… quel droit ?

On a tout intérêt à se méfier d’une société qui boucle un quartier, met une ville en état de siège, déploie des dizaines de policiers, fait appel à des démineurs et se félicite d’une presse absolument délirante sur l’événement… pour un type un peu dérangé parce qu’il a raté son entrée aux paras-commandos !
Cette société-là n’a pas fini d’étonner quelques intellectuels désignés comme asociaux, râleurs et hors du temps. Les autres sont ravis de la pièce qu’on leur joue.
Trop de grèves tuent la grève caquette Milquet à laquelle on aurait répliqué que trop de Milquet… bon vous connaissez la suite. Entrés dans l’ère de sécurité qui rassure les Belges mais les plonge dans l’angoisse permanente, les syndicats n’y sont plus les bienvenus. Ils concentrent trop de violences, à commencer par celle de se croiser les bras sur son lieu de travail. C’est insupportable pour une population qui a perdu ses repères au point de s’attaquer à elle-même plutôt qu’à ses ennemis.
Les syndicats qui en principe défendent la dimension humaine dans le combat entre le travail et le capital sont devenus les croquemitaines d’une société quasi unanime à le ressentir de cette façon. Étrange, non ?
Le reste est à l’avenant.
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Jan Jambon propose un protocole sur la sécurité pour demandeurs d’asile. Chaque demandeur d’asile se verra remettre un « badge d’identification ». Ça ne vous rappelle rien ? Adolphe avait fait mieux en 42. Il avait fait tatouer un numéro matricule sur l’avant-bras de tous les prisonniers des camps de concentration, ainsi le captif ne pouvait pas perdre son identification. Le carton plastifié pendu au cou, idée de Jan Jambon, pourrait dès lors s’améliorer par l’expérience du passé. Je suis persuadé que cette horreur, beaucoup de Belges seraient aujourd’hui capables de l’accepter, par la peur des autres engendrant frustration et crainte du désordre.
La conscience individuelle est en passe d’être planifiée à l’Europe et au gouvernement, c’est-à-dire qu’elle est sous contrôle des autorités qui décident pour nous quels sont les grands sujets à traiter et la manière dont il faut les aborder.
Ce n’est pas Daech qui met la Belgique en danger, c’est la manière dont nous nous comportons devant cet islamisme imbécile et sanguinaire qui est inquiétante. De cette peur là découle toutes les autres qu’il est facile de manipuler afin de tailler dans les consciences comme on ferait d’une haie. La peur des syndicats, la peur de perdre son emploi, la peur de déplaire à son patron, la peur de ne plus retrouver sa voiture dans le parking de Carrefour, la peur de traverser la rue la nuit, la peur de rater un match de football à la télé qui fait qu’on rentre à du cent à l’heure dans une agglomération où on doit rouler à trente… et ainsi de suite.

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Tout conduit à cette peur, même les choses les plus insignifiantes prennent du sens et encombrent notre esprit, au point de le dénaturer.
Zuhal Demir de la N-VA, prépare une proposition de loi visant à conférer la personnalité juridique aux organisations syndicales. Est-ce trop tôt ? Y sommes-nous préparés ? Les journaux ont-ils rempli leur accord tacite avec le gouvernement ? Avons-nous été assez conscientisés ? Les morts causés par le bouchon de l’A42 ont-ils suffisamment été exploités ? Goblet s’est-il tout à fait ridiculisé dans cette affaire ?
Zuhal Demir est aux loukoums. Il lui semble que nous sommes mûrs. Les Flamands, certes, elle en est certaine depuis longtemps, mais les Wallons ? Bart De Wever donne son feu vert, Michel n’est pas contre.
Les journaux s’emploient à l’ultime façonnage. Béatrice Delvaux rappelle la douloureuse histoire du chirurgien bloqué dans les embouteillages volontaires. Un homme pris dans la même gadoue syndicale est également décédé d’un infarctus, vous pensez, l’horreur, pire qu’être empalé vif dans les ruines de Palmyre.
Tout cela pour en arriver à la question de savoir si les syndicats doivent se voir imposer un statut juridique, afin de les forcer à publier des comptes et à ouvrir la possibilité de les assigner en justice en cas de débordements.
Cette société a le culot de demander à ceux qui perdent leur emploi ou qui sont maltraités par leurs exploiteurs de rester bien polis et de dire merci pour tout !
Non mais, dans cette histoire, qu’est-ce qu’on fait du bonheur de pisser à la raie des puissants, ces assassins d’un autre genre ?
Personne n’a vu l’indécence d’agiter des linceuls comme des drapeaux de rassemblement pour mettre par terre des citoyens qui défendent leur droit de vivre de leur travail.
Le vieux rêve bourgeois, bien antérieur, bien avant Marcinelle et la catastrophe du Bois du Cazier, bien avant la mort de Jo Woussem tué par les gendarmes parce qu’il était par hasard au milieu des grévistes fin 60 sur la Passerelle à Liège, serait-il enfin près de se réaliser ?
Zuhal Demir, dans sa nouvelle vie bien flamande, bien intégrée, bien assimilée dans d’autres haines que les minarets d’Istanboul, pourrait être l’émir de ce vieux rêve bourgeois occidental, saisissant, non ?

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