« Sonde de bas-fond. | Accueil | La loi au pas de l’oie. »

Sarko perd Nadine.

Pour la future et déjà disputée élection du président de la république française, Les Républicains (ex UMP) vont avoir bien du souci à se faire. Ce n’est pas tant la pléthore de candidats à l’investiture qui fait problème que l’actuel président du parti : Nicolas Sarkozy en personne !
On ne le reconnaît plus.
La droite française a toujours eu envie d’un chef à la stature napoléonienne, mettant tout le monde d’accord, pas par le raisonnement, mais par la force de caractère et la volonté de faire en sorte que ça passe ou sa craque.
La droite aime bien être incarnée par un pater familias qui prend tous les risques et à l’ombre duquel elle peut compter ses sous et vaquer à ses affaires à l’abri du communisme et du besoin, sans être dérangée tout le temps par des fâcheux.
Nicolas Sarkozy, dans sa première version, pouvait convenir. Dans l’actuelle, chef de parti et grand conciliateur, ça ne passe plus.
Quoique l’affaire soit infime : signe des temps, atermoiements de la direction, Les Républicains se sont bien trop longtemps attardé sur Nadine Morano. "La comédie, c'est fini! Je ne suis pas un derviche tourneur", s’est écrié le président devant la commission exécutive de son parti. Mais pour en arriver là, il s’est bien trop attardé et a bien trop surestimé le cas Morano, pour prendre une posture d'autorité alors que son ancienne ministre le « dézinguait » sur les radios périphériques, avant de le faire en vrai, dans la future campagne de Sarko candidat à la candidature de son parti à la présidence de la République.
L’ancienne groupie s’est bien vengée du délaissement de son patron. On ne dira jamais assez comme les anciennes amours déçues peuvent contenir de ressentiments et d’amertume.
Depuis deux semaines Nicolas Sarkozy est parasité par l’affrontement avec Nadine Morano sur fond d'accusation de racisme.
La préparation du parti à l’alternance à l’échelon suprême de l’État s’en trouve dangereusement retardé.
Sarkozy devrait se méfier des groupies déçues. Valérie Trierweiler a une bonne part dans la chute de popularité de François Hollande. Une femme qui se croit trahie politiquement est parfois pire qu’une amoureuse éconduite par son amant.

1loppol.jpg

Nicolas Sarkozy a tenté l’impossible pour sauver la tête de son ancienne ministre. La France un "pays de race blanche", ne passe pas. Il faut dire aussi que les médias ont gonflé la baudruche à l’extrême, ce qui démontre bien que même l’insignifiance en ces temps de grandes médiatisations peut valoir plus qu’une catastrophe naturelle de grande ampleur. Le tout est de bien présenter la chose et de ne se lasser jamais de reprendre sans cesse un refrain qui devient une antienne.
La lettre d’excuse, dernière perche offerte, pauvre idée de raccroc d’un Sarkozy qui aura tout tenté, ne sera pas utilisée par la vindicative Morano.
Les dictionnaires les plus modernes se sont évidemment mis à la définition politiquement convenable du mot « race » d’autant que la science confirmait, voilà déjà très longtemps, que nous sommes tous issus d’une seule et unique souche humaine. Cela n’a pas toujours été le concept incontournable. Tout qui consulte les vieux dictionnaires, du Littré au dictionnaire universel Le Châtre, peut constater l’hiatus et que se référer au Général De Gaulle en la matière n’est peut-être pas une bonne idée, lui qui, manifestement, s’est formé dans ces années « où l’on hésitait ». Et puis, il y a l’emploi du mot pour un tout autre sens, différent que celui qu’emploient les vétérinaires pour désigner un teckel, d’un loulou de Poméranie, récemment « une nouvelle race de magasins » par exemple.
Ce qui se passe au LR est à la fois grotesque et dangereux, plus personne n’y redoute Nicolas Sarkozy. Aucune, des casseroles qui finiraient par répandre dans les prétoires les réchauffés d’une affaire des années du quinquennat, ne peut faire plus de tort à Sarko que cette perte d’autorité.
Heureusement pour le président LR que Nadine Morano n’a pas saisi la perche tendue, une brève excuse aurait vu la moitié du parti se soulever contre l’autre.
En lui retirant son investiture, l'ancien président de la République aura limité les dégâts à l’intérieur de son parti.
Attendre la fin des régionales avant de se lancer dans la primaire de 2016 est la sagesse même. Avec les Jupé, Fillon, Lemaire lancés aux trousses de Sarko et sa vice-présidente, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui le contredit à longueur de journée, ce n’est pas gagné.
Selon le sondeur Odoxa, 60% des Français estiment que les propos tenus par Nadine Morano "sont le signe que la plupart des responsables du parti « Les Républicains » partagent désormais des positions proches de celles du FN". Justement Sarko s’efforce de capter les voix du FN de Marine Le Pen. On le voit mal condamner les propos de Nadine Morano, puis s’en aller sur des estrades dire à peu près la même chose que son ex groupie !

Poster un commentaire