Un cas extrêmement lourd à gérer.
On va dire que je m’acharne, mais elle est incroyable, Béatrice Delvaux, dans son entêtement à revenir sur le blocage des autoroutes liégeoises par la FGTB, à croire qu’elle en veut personnellement à l’un ou l’autre délégué syndical de la place Saint-Paul.
Coup sur coup, deux éditoriaux et sur quoi ?... mais sur le blocage de l’autoroute qu’elle ne digère pas, une provocation pour elle et son patron. Quelqu’un pourrait-il leur dire qu’il y a bien d’autres raisons de s’indigner des mille et une injustices du pouvoir actuel ?
Ce que Madame Delvaux exprime, c’est la peur des notables de la plèbe, de l’Empire Romain à nos jours, vieux réflexe de classe pour la défense des privilèges.
Cette histoire de médecin bloqué à cause des méchants grévistes et cette dame qui meurt faute d’être opérée à Cheratte, sauf le respect que l’on doit au malheur, c’est « la Dame aux camélias » contre « la porteuse de pain ».
Sans connaître le cas, c’est difficile à en juger.
À moins d’une urgence – il y a des médecins de garde – une opération se prépare plusieurs jours à l’avance, ne serait-ce que pour la réservation de la « salle d’op ». Sauf complication, on ne meurt pas à une heure près, faute de scalpel. Ou alors, dans la nuit de samedi à dimanche prochain, on pourrait craindre que retarder les horloges d’une heure va faire une hécatombe dans les hôpitaux.
Quelqu’un qui sort de son domicile pour opérer dans un hôpital lointain, a prémédité l’opération depuis plusieurs jours. Et s’il y a « urgence » n’a-t-il pas trop traîné lui-même avant d’avoir pris sa décision ? Ah ! ces plannings surchargés, qui dira jamais de combien de morts ils sont la cause ! Et si au lieu d’un bouchon, il avait eu un pneu crevé ?
Surbooké, ayant différé l’acte chirurgical d’une heure et que la patiente soit morte, aurait-il été traîné devant les tribunaux par les responsables de la clinique ? En cas de complications imprévisibles, les sommités médicales d’Hermalle auraient pu requérir un hélicoptère pour le CHU, vu l’urgence ? Qu’est-ce que cette histoire que M’ame Delvaux sort de sa boîte à malices?
Le zigoto qui a glandé une heure sur l’autoroute a quand même un portable dans sa poche et la possibilité d’en informer qui de droit. Personnellement, ce lundi noir, j’étais sur l’autoroute pris dans le bouchon vers la tranchée de Cheratte et au lieu de pester et de klaxonner en chœur avec mes voisins, je me suis défilé par la sortie de Bressoux et je me suis retrouvé vite fait sur la chaussée de Jupille. J’ai perdu quinze minutes. C’est qui se balourd qui attend que ses patients meurent en écoutant RTL dans sa voiture ?
Encore une fois, je ne connais rien du problème et comme j’ai pu le lire, Béatrice Delvaux non plus.
La voilà bien, cette vie à l’américaine qui va désormais encombrer les tribunaux de « cas » tout aussi improbables les uns que les autres.
Quand des importants font bloquer les rues sans prévenir pour des passages de voitures officielles et que l’ambulance dans laquelle se trouve un cardiaque en pleine crise meurt, on dépose plainte contre le roi ? Et si un père de famille ne pouvant plus payer sa facture d’électricité accusait la Compagnie d’avoir laissé mourir son enfant de froid, quitte à ce que celle-ci se retourne contre le premier ministre qui a fait passer la taxe à 21 % ?
Qui ne voit dans l’éditorial de la chef des éditoriaux du Soir un autre intérêt que celui du malheur relaté ? Mais c’est toute la sensiblerie populaire qu’elle veut atteindre la dame ! Elle veut faire détester les chômeurs par des chômeurs et des grévistes par des ouvriers licenciés.
Pensez donc, bloquer l’autoroute ! La Belgique en tremble d’émotion et de colère, enfin c’est ce que présume la charmante dans son exercice de littérature de buffet de gare.
« Peut-on faire des actions au risque de mettre la vie des gens en danger ? C’est cette question que pose la décision de la direction de la clinique d’Hermalle. La plainte contre X pour homicide involontaire qu’elle a déposée, vise ainsi clairement les barrages et le blocage total de l’autoroute E 42 ce lundi matin. ». Tout comme madame Delvaux en excitant le peuple par des histoires à dormir debout met – peut-être – l’existence d’un chômeur ou d’un gréviste en danger.
On a le fin mot dans l’épilogue de l’éditorialiste « Dans l’immédiat toutefois, ce tragique événement et les conséquences judiciaires que les responsables de l’hôpital ont choisi de lui donner, deviennent un problème extrêmement lourd à gérer pour la FGTB en général, et la FGTB Liège en particulier. Deux organisations qui avaient déjà fait, depuis lundi, l’objet de sévères critiques pour ce blocage d’autoroute non prévu et assez inédit car ne ressortissant pas du cadre des actions syndicales auxquelles les citoyens ont l’habitude d’être confrontés. »
Madame Delvaux fait dans la prévention routière. Voilà qui tombe bien, puisque de cette manière la dame fait de la prévention syndicale d’une pierre deux coups.
C’était une bonne idée cette pagaille noire autoroutière dans un système qui fout la vie en l’air de tellement plus de gens que le cas de la malheureuse patiente d’Hermalle ! C’est une manière d’exprimer une colère. Cela mérite qu’on y réfléchisse.
On a perdu Mémée Zinzin, la fougueuse ex-socialiste de Huy. On en retrouve une autre, mais sensiblement plus à droite. Pourvu qu’elle soit aussi drôle !
Les motivations et les intentions de la clinique de Hermalle ne sont pas établies. Si la presse était encore indépendante, Le Soir y aurait déjà envoyé un journaliste, pourquoi pas, celui du Pont de Seraing ?