Charles Michel antidaté jeune.
Singulièrement depuis la crise des subprimes, nos hommes politiques ont redoublé d’erreurs de jugement. En réalité, ils se trompent tout le temps. Les grands événements ne sont jamais perçus avec ce rien d’avance qui fait qu’on évite les conflits.
Ils argumentent de deux manières différentes selon le monde extérieur ou celui de leurs électeurs. Dans le premier cas, c’est l’Europe, parfois l’Europe et les États-Unis qui ont commis des erreurs de jugement dans lesquels ils ont été entraînés. L’erreur pour Daech est de cet ordre là. Comme Hollande, on a pu entendre le libéral Charles Michel se plaindre de l’atermoiement général. Il aurait fallu contraindre Bachar el-Assad à la démission puis réunir les opposants dans un grand dialogue constitutionnel. Bien entendu Charles Michel, comme son prédécesseur Elio Di Rupo n’ont jamais rien fait pour cette politique. Les décisions prises après –coup et les plans exposés comme si on allait les mettre en pratique ne sont d’aucune utilité. Ils servent en réalité une propagande destinée à démontrer l’intelligente activité de l’élu.
À l’intérieur, il n’y a aucune initiative pour sortir des sentiers battus d’une politique décidée il y a dix ans sur la manière de revenir à la prospérité et à la croissance en Europe. Comme si, il y a dix ans les mesures prises pour freiner le chômage et accroître la croissance n’étaient pas déjà une erreur, puisque la situation si elle s’est aggravée depuis la crise de 2008 était déjà catastrophique en Europe depuis bien plus longtemps.
On a rarement vu une méconnaissance aussi grande de l’Histoire et de ses conséquences que celle des chefs de parti, par ailleurs brillants causeurs. Cependant que des faits matériels dénonçaient la faillite des élites dans les prévisions et dans l’art de conduire les peuples, certaines voix s’élevaient au milieu du désert. Ce sont des visionnaires qu’on n’écoute pas. Ils sont par définition inaudibles pour la simple raison que se sont les cabots et les employés modèles qui sont aux affaires. Les peuples sont toujours du côté de ceux qui attendent, parce qu’on a appris aux gens à détester le risque et qu’il semble qu’il y en ait plus à oser qu’à rester immobile.
Passons sur la générosité des laïcs vis-vis des conditions matérielles des religieux. En même temps ils étaient poussés dans le dos par une gauche passéiste pensant touiller toutes les cultures dans la même casserole sans endommager la nôtre. Du même coup tout ce qui n’est pas une américanisation générale de la culture devient une approche arabo-musulmane et ce qui reste de spécifique aux populations d’implantation ancienne est qualifié de ringard.
Restons au triste spectacle d’une économie sans résultat, sans proposition revigorante et sans avenir. Pourtant elle est encore célébrée quasiment comme un hymne national par les libéraux.
Nous sommes victimes des tombereaux d’optimismes aveugles que Michel et la FEB versent sur nous. Pourtant, chacun ressent la certitude que le système politique a remis la conduite de l’État dans les mains du pouvoir économique.
L’Europe n’a jamais été ce qu’elle a prétendu être et les États comme la Belgique non plus. Nous aurions dû sentir l’erreur quand après la guerre froide, l’Europe est restée dans les basques du pouvoir américain, lui-même robotisé par les valeurs marchandes, en nous entraînant dans des suites Grand-Guignol d’une guerre froide économique.
Le discours de Charles Michel est identique à ceux que prononçaient ensemble Conrad Adenauer et François Mitterrand, comme si en trente ans rien n’avait changé. Et voilà que l’Europe est contestée, qu’une certaine droite en récuse même l’idée, que les voix des travailleurs vont à Marine Le Pen et que ce n’était pas prévu et qu’on s’en effarouche et qu’on s’effraie…
Ce gouvernement, mieux encore que le précédent, me fait penser à une réunion de vieilles femmes dans une fabrique d’église autour d’un curé dont l’unique projet est de tenir cinq ans avant que les voyous ne descendent sur Bruxelles.