Coucher en démocratie.
On le sait, les présidents français sont de joyeux drilles qui cachent parfois leur jeu par raison d’État et à d’autres moments l’exposent.
Nous ne remonterons pas à Paul Deschanel, célèbre pour s’être retrouvé en 1920 errant en pyjama le long d’une voix ferrée, pour sauter la guerre et Coty immédiatement après, Charles De Gaulle et Pompidou ensuite.
Cette façon monarchiste d’aller dire à ses sujets « voyez comme je vis, mais surtout ne faites pas comme moi » a débuté sous Giscard, si on passe l’histoire des gangsters jamais bien éclaircie dont Claude Pompidou, la femme de Georges, aurait été victime.
L’affaire des diamants de Bokassa a également entraîné la malignité publique à considérer le côté vert-galant du président. Par la suite, loin de détromper les journaux people, après avoir troqué le frac de président pour l’habit vert de d’académicien, Giscard prétendit même avoir été jadis en affaire amoureuse avec lady D.
Mitterrand avait une double vie, toute la presse était au courant, mais l’affaire de sa fille Mazarine ne courut pas les journaux, on respecta la famille Mitterrand-Pingeot qui ne vint au-devant de la scène qu’après la fin du grand homme, l’amour comme le cancer étaient, par raison d’État, infréquentable.
Jacques Chirac, bon vivant, aimant les femmes et la bière, était surnommé « Monsieur Trois-Minutes douche comprise ». Bernadette Chirac montra bien de la patience avec son joyeux queutard. En somme, elle naviguait en éclaireur de la position délicate de la femme trompée qui fut celle d’Hillary Clinton, comme vient de le rappeler peu galamment Trump, le milliardaire prétendant à l’investiture républicaine dans la pudibonde Amérique.
Ces deux premières dames ont su se tenir à défaut des maris.
Puis vint Nicolas Sarkozy amoureux de Cécilia qui le trompa avec un publiciste lors de sa campagne pour la présidence devant tout le monde. L’aventure glamour avec Carla soulignée en conférence de presse avec son « Avec Carla, c’est du sérieux » était une première en France, puisque le président officialisait sa vie privée.
Enfin, des chroniqueurs et des journalistes rejoignaient des pamphlétaires et des people dans une réflexion plus générale sur la vie privée et de l’influence qu’elle a sur la gestion de la nôtre, puisque le président lui-même mettait sur la place publique ses roucoulades avec l’ex-mannequin.
François Hollande est, probablement le président qui aura montré le moins de scrupule sur la question de ses rapports avec les femmes. Tout en essayant d’imiter Tonton dans le secret de ses alcôves, par un concours de maladresses de sa vocation artichaut de son cœur sans doute trop émotif, ce président est celui qui voulait en montrer le moins et qui en montra le plus.
Il faut dire qu’à part la dernière, la femme de l’ombre Julie Gayet, les deux précédentes ne se sont pas laissé rouler si facilement.
Hollande n’étant pas Henri VIII, Ségolène Royal est devenue sa ministre, Valérie Trierweiler a dû casser quelques bibelots répertoriés dans les meubles de la République avant de partir se refaire d’une dépression à la Lanterne, résidence des présidents en face de Versailles.
Ce petit rappel historique de chez nos voisins montre bien s’il fallait encore insister, de l’influence des relations amoureuses des hommes politiques sur leur carrière et surtout, c’est ce dernier point qui est intéressant, sur les décisions qu’ils sont amenés de prendre tout au long de leur mandat.
Et en Belgique ?
La presse est restée très mitterrandienne sur la question. Pas trop à cause d’une pudeur ou d’un fair-play honorable, mais parce que notre presse est particulièrement respectueuse des Partis politiques qui défendent le système, déjà profondément mal en point sans qu’on ait besoin d’en rajouter.
Ce n’est pas une question d’éthique, c’est une question de respect intéressé.
C’est dommage en un sens, pour ceux qui pensent que nous n’adoubons pas des demi-dieux, mais souvent des pauvres types qui n’hésitent pas de se ficher des électeurs dès qu’ils passent à la caisse. L’irrespect a ceci de bon qu’il est le début de la critique, la base de toute démocratie digne de ce nom.
Hé bon sang de bonsoir, c’est que nous manquons de sens critique !
C’est même en partie à cause de cela que nous sommes dans la merde noire qui fait tant sourire les coquins et coquines du MR quand ils se retrouvent en bande organisée, comme ce soir à Liège.