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Droit dans le mur !...

C’est un vieux fantasme de l’humanité : croire que les barrières, les frontières, les murs, les miradors sont des précautions pour séparer le bon grain (nous) de l’ivraie (les autres).
C’est ce qu’avait pensé Jules César en séparant l’Angleterre du Sud de celle du Nord et avant lui les empereurs de Chine pour arrêter les Mongols ont mobilisé des milliers de paysans pour construite la grande muraille.
Le cinéma, en vraie pute commerçante, a suivi le mouvement avec son mur de glace de Game of Thrones. C’est aussi Matt Dillon qui fait face à une barrière électrifiée dans une nouvelle série. Avant la vogue filmée, Sartre enfermait dans « huis clos » ses interprètes entre quatre murs.
Bref le mur fait tendance et ça fiche la trouille.
Le meilleur d’entre nous, non ce n’est pas Jupé, selon le Soir il s’agit de l’ex kamikaze reconverti suédois, a l’art de ficher la trouille aux autres, ce qui lui permet d’égarer les soupçons d’incompétence en portant l’attention des foules sur les violences du fait religieux musulman.
Tout est fait pour nous suggérer que l’étranger serait celui de Camus, étranger à lui-même et aux autres. Être étranger de sa personne arrange les Autorités. Elles peuvent concevoir une démocratie à l’irresponsabilité de chacun, étant entendu que ceux qui pensent pour nous s’appellent Patron ou Monsieur Charles. Être étranger aux autres influe sur les craintes primales, celles du petit enfant qui cherche une protection chez sa mère. Plus tard, on l’entoure de spécialistes en terrorisme et de policiers chargés d’écarter l’étranger par la force… La démonstration de la force est nécessaire pour entretenir la peur. La paix en dissolvant les craintes rend l’homme moins soumis.
Richard Mèmeteau, philosophe, tient à peu près les mêmes propos «quand on dresse des murs, on fait plus que se prémunir contre un danger présent, on trahit également l’inquiétude d’un débordement futur. La peur dresse les murs d’une autre prison, une prison mentale».
On a vite oublié que juste après la grande muraille de Chine longue de 6 259,6 km, viennent les États-Unis avec 3.400 kilomètres de béton et de barbelés électrifiés à la frontière mexico-américaine. Israël n’est pas mal dans le genre avec une barrière de béton construite pour la plupart de son parcours hors de sa frontière en territoire palestinien. C’est un comble de construire un mur chez les autres pour s’en prémunir. Il faut dire qu’Israël, certain de l’appui indéfectible des Américains, se permet tout depuis longtemps.
On a ainsi recensé dans le monde 64 murs séparant des voisins. Le petit dernier est un grillage surveillé jour et nuit par la police séparant la Hongrie de la Serbie. À Calais, une partie des subsides accordés à la Région pour les émigrants stationnés aux abords de la ville a servi à construire le Mur de la honte, sans résultat jusqu’à présent.
Sans conteste, la vedette des Murs est celui du Mur de Berlin. La municipalité garde certains vestiges en témoignage de l’absurdité de l’époque.
L’absurde dans la construction d’un mur, c’est qu’on s’y enferme soi-même derrière, alors qu’on permet à celui qui est devant de rebrousser chemin, s’il ne veut pas être enfermé à son tour.
La vie derrière les murs fait penser à un carmel. Qu’on ne s’y trompe pas, le couvent est le contraire d’une démocratie. La mère supérieure résiste rarement à instaurer une dictature. Sous prétexte que le maître est partout présent et invisible, elle se substitue à Lui. Elle fait exactement ce qu’ont fait tous les prophètes, elle interprète une pensée divine. D’acteur, elle devient l‘auteur schizophrène.

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Un autre défaut du mur, c’est qu’il excite la curiosité et qu’on a envie de voir ce qui se passe de l’autre côté, ce qui est valable dans les deux sens.
Toutes ces constructions coulent de source : le système économique cloisonne les sociétés par les niveaux différents de richesse, alors que l’Humanité n’a qu’une façon de s’en tirer et d’abaisser les murs par le partage ! Mais un partage raisonné, intelligent qui empêche le parasitisme financier de nourrir l’oisif, de lui permettre de s’épanouir et de recommencer à construire des murs…
Le modèle économique grand constructeur de murs risque de faire disparaître l’Humanité entière, ni plus, ni moins.

Commentaires

Cher Marcel.
Tout d'abord mes meilleurs vœux et ceux de Gene pour 2016.
Excellente ta disserte sur les murs, mais dommage que tu n'aies pas dit un mot de ceux qui sont bien plus près de nous, dans notre Europe "démocratique", je veux parler des murs de Belfast qui sont toujours d'actualité et pas prêts d'être démolis. J'ai visité ces lieux sinistres il n'y a pas si longtemps.
Amitié

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