Les jeunes en baisse à la N-VA !
Est-ce une forme de naïveté ? Un cynisme déguisé en bonne foi ? Par rapport à la déclaration de Bart De Wever de reprendre la recherche des moyens de parvenir à l’indépendance de la Flandre, l’attitude de Charles Michel et d’Elio Di Rupo est surtout insultante pour l’électeur wallon.
LA N-VA est un parti nationaliste flamand qui ne vit et prospère que sur le séparatisme et la fin de la Belgique. Ses dirigeants ne vont tout de même pas avoir la stupidité de mettre au placard pendant cinq ans la raison même de leur formation !
Peut-on croire une seule seconde que Charles Michel y a crû ?
Qu’il ait fait le calcul que sur cinq ans la N-VA se serait érodée grâce à la reprise économique et au succès d’une Belgique qui repart de l’avant, c’est possible.
Mais alors, bien piètre économiste que le premier ministre, comme si la conjoncture pouvait se retourner et le libéralisme repartir comme avant ! Comme si le système économique depuis la crise de 2008 n’était pas en pleine mutation et ne nous offrait pas un visage tout à fait différent des Golden Sixties !
Le plus vraisemblable est d’imaginer un Charles Michel prêt à tout, poussé par l’ambition paternelle et la sienne, courant l’aventure pour le bénéfice immédiat de l’opération, sautant sur l’offre du roi qui le nomma formateur, décidé à manger son chapeau s’il le fallait pour tenter le coup avec la N-VA.
Quant à Di Rupo, depuis les débuts de ce gouvernement, il attend les faux pas des ministres N-VA pour faire donner la trompette Onkelinx, ce qui fut fait à de nombreuses reprises sans soulever l’intérêt des électeurs et secouer l’apathie de la presse, d’autant que Charles Michel a bel et bien mangé son chapeau à ses tout débuts avec la N-VA. Résigné et se doutant qu’un éclat pourrait lui coûter son poste, il s’applique à regarder ailleurs quand un ministre N-VA franchit la ligne et que Di Rupo envoie ses hussards titiller le gouvernement.
Bart De Wever n’a même pas attendu la mi-mandat pour repartir en manœuvre. Il sait bien que cette législature qui se voulait de redressement ne redressera rien du tout. Il ne veut pas partager cet échec avec le MR et encore moins avec le CD&V. Les sondages disent la jeunesse flamande peu intéressée par le séparatisme, à moins que ces sondages ne soient faux et spécialement conçu pour le suggérer plus que pour le constater, De Wever doit revoir sa politique séparatiste en conséquence.
La N-VA est un parti hybride, un peu comme le Front National de Marine Le Pen. Pour que la fibre nationaliste de l’électorat ouvrier soit plus forte dans le choix entre ce parti et le CD&V, il faut faire oublier au plus vite la véritable nature anti sociale de ce parti. Or, le gouvernement Michel est très en pointe avec le patronat contre les lois sociales « freins à l’embauche », si ça ne marche pas, comme ça en a tout l’air, tous les sacrifices demandés aux plus pauvres de ce pays auront été inutiles. La N-VA ne peut pas se présenter devant son électorat avec un bilan économique aussi peu brillant. Bart De Wever ne veut pas passer pour celui qui a demandé des sacrifices aux Flamands qui auront été sans effet. Alors qu’il est en réalité le véritable instigateur de l’austérité, il doit se démarquer de Charles Michel, c’est ce qu’il fait.
La question n’est pas de savoir si cette législature ira à son terme avec les mêmes. La question est de savoir comment les ministres N-VA vont s’y prendre pour créer les conditions d’un affrontement entre le MR et le CD&V, de sorte que s’il y a conflit ce ne soit pas de la faute de la N-VA.
Pour créer les conditions de la séparation de la Flandre de l’entité belge, il faut que la N-VA reste à un haut niveau de préférence de l’électorat. Si une dissolution et des élections anticipées devaient survenir, il serait vital pour elle que la N-VA n’en porte pas la responsabilité.
Si comme tout l’indique, Charles Michel poursuivait sa politique du pompier éteignant les conflits en interne, et que la N-VA allait jusqu’au bout de l’aventure, comment s’y prendrait-elle pour faire oublier aux électeurs son échec sur l’économie ? Bart De Wever est sans doute à l’affût d’un incident communautaire, qu’il lui reviendrait de transformer en conflit majeur. C’est ce qui s’appelle noyer le poisson.