L’Homme formaté !
Le plus terrible est encore l’espèce de modèle que cette société veut nous transmettre, cette classe moyenne concrétisée par le langage surveillé, la tenue couleur muraille et cette manière de se déplacer avec un balai dans le cul.
Le crime de la classe moyenne supposée attirer les regards et concrétiser toutes les convoitises ?... donner l’espoir à la révolution française de transformer l’Ancien Régime en une société libre et fraternelle et finir en arrière-salle de banque où les plus hardis coupent leurs coupons.
À travers les inégalités sociales de plus en plus criantes entretenir cet espoir paraîtrait quasi impossible dans une progression normale des sciences économico-politiques, si cette classe moyenne n’avait pas su manœuvrer pour éliminer la critique par l’inculture.
Ainsi cette classe réduit la population à un nouveau type d’humain docile et satisfait de son niveau de vie, créant un archétype européen dont les révolutionnaires de 48 (fin de Louis-Philippe) et de 1871 (la Commune de Paris) auraient eu horreur. Pour cela, il aura fallu le siècle suivant deux guerres, quasiment civiles, entre l’Allemagne, l’Angleterre, la France et la Russie ayant englouti des millions d’hommes et des millions d’illusions, pour le nivellement parfait dont sont victimes ceux qui n’entrent pas dans la norme.
Le Mouvement Réformateur en est l’exemple. Il incarne on ne peut mieux la bourgeoisie.
Celle-ci a enfanté un modèle anthropologique nouveau, l’homme universel, standardisé, à l’opinion unique, voué aux mêmes conditions de vie et de tâche, aux désirs encadrés et à la pensée métriquement contrôlée.
Les bons écrivains du XIXme siècle avaient eu le pressentiment de ce nouveau totalitarisme.
Gogol parlait de « menuaille » à propos d’êtres qualifiés de « cendreux car leur costume, leur visage, leur chevelure, leurs yeux ont un aspect trouble et gris comme ces journées incertaines ni orageuses ni ensoleillées où les contours des objets s’estompent dans la brume ».
Par mimétisme aux chaînes de montage produisant des objets tous identiques à des cadences vertigineuses, l’homme est cette espèce domestiquée comme les animaux de boucherie qu’il élève. Chacun se duplicate aux normes des autres.
Flaubert donne le la, la société des Bovary et du pharmacien Homais d’Yonville-Labbaye ne pouvait que finir par Bouvard et Pécuchet, ce sommet de la catastrophe humaine dans le triomphe de la société bourgeoise oisive. Cette société suffisante de faux savants ne peut tromper que les naïfs. Elle se trouvera protégée dans sa vie paresseuse par les abeilles qu’elle aura dressée à son service.
Une opposition grandissante aurait pu créer moins de reprographies protectrices. La société actuelle ne tourne plus rond. Ses rouages ne reproduisent plus la multitude d’activités justificatrices du siècle précédent. Ses mécaniciens sont vaincus par la fatalité. La démocratie bégaie. Les ténors se suivent aux tribunes des gouvernements mais leurs voix ne portent plus. Les opéras qu’ils jouent ont été trop entendus.
Ils auraient été jusqu’à interdire les syndicats et pousser à la misère en guise d’aiguillon, leur police était prête et l’armée l’arme au pied.
Est-ce providentiel ? Voilà que les Chiites et les Sunnites d’accord sur rien le prouvent par des effets de muscles. Avant, les religieux fanatiques alliés à des gangsters en quête de patron profitant des dérapages d’un despote en Syrie s’emparaient d’une partie du territoire en troublant des cervelles par des prescriptions religieuses d’une grande imbécillité. Daech s’affichait impudemment.
Voilà notre attention détournée, nos grèves réduites, nos dégoûts de la société inégalitaires transformés en dégoûts plus vifs de la scélératesse des bas-fonds de la religion musulmane.
Nos veilles seront désormais patriotiques. Dorénavant, Charles Michel jouera avec nos nerf en passant de l’alerte 3 à l’alerte 4, le jour qu’il aura décidé.
Alors, vous pensez, la grève des cheminots… déjà les Flamands mieux formatés « classe moyenne » que nous le sommes ont jeté le gant. L’Internet se moque, Le Soir est aux anges, La Meuse assimile terrorisme et grève dans ses grands titres.
Comme quoi, l’homme formaté !
Commentaires
ESPERONS QUE LE BALAI SOIT ENFONCE COTE MANCHE ET NON PLUMEAU
Postée le: Anonymous | janvier 7, 2016 09:19 AM