Deuxième couche pour Charlie.
«Touche pas à mon poste» (TPMP), Cyril Hanouna, deux fois plus de téléspectateurs que « Le Grand Journal », 2,1 millions de fans sur Facebook et des hashtags sur Twitter à n’en plus finir, il doit bien y avoir quelque chose qui fait écho et qui correspond à notre nature, ne sommes-nous pas des quadrumanes qui avons réussi ?
Les philosophes médiatiques, les Eindhoven, les Régis Debray, les Michel Onfray, etc. ont certainement des instants « Cyril Hanouna » de même que la réflexion d’Alain Finkielkraut « je vais chier dans mon froc » entrant sous la coupole faire son discours de remerciement aux académiciens. Ainsi votre serviteur, j’ai des moments incontrôlables, mauvais à tel point que Hanouna ne me voudrait pas dans son équipe à faire rire, attendu qu’ils ne font rire que moi.
Ce que Coco et pas mal d’autres reprochent à TPMP et les émissions de divertissement, c’est de faire un ramasse-sous d’un état euphorique professioonnel à longueur d’émission pour des spectateurs qui sont nécessairement les dupes, puisque c’est un spectacle élaboré dans des bureaux avant d’être réalisé, et, pire, il prend un espace « culturel ».
Les journaux relatent le cas de Jeremy, 19 ans, fan de l’émission depuis le début, créateur d’un groupe Facebook privé «les véritables Fanzouzes ! #TPMP», qui compte presque 11.000 membres. Dans un pays où le chômage des jeunes bat des records, quand le pays bascule dans un dénigrement de la réflexion politique, que la démocratie même est en jeu, ce n’est plus un simple divertissement dont Jeremy se préoccupe mais d’une attaque frontale de décervelage de la population de culture française.
Le lien tissé entre l’équipe et son audience doit alerter l’opinion. Cette époque est exceptionnellement dangereuse comme 1938 le fut au siècle dernier. L'affection en permanence des vedettes pour leurs fans fait naître un lien de complicité avec la futilité et l’inconséquence. L’humour le plus souvent est absent. C’est une camaraderie trompeuse de la grosse blague d’étudiants. On guindaille ensemble jusqu’à la fin des études, on se sépare en se promettant de se revoir souvent, et on ne se revoit jamais, en fin de compte.
La vedette a tout intérêt à entretenir cette relation. Son audimat, c’est-à-dire son certificat d’aptitude aux gros cachets, en dépend. C’est sûr qu’au baissé de rideau on s’oublie.
Les fans prennent du «TPMP» comme d’autres prennent du Temestat. C’est un «antidépresseur télévisuel», gare aux effets secondaires !
Est-ce un « nouveau stupéfiant collectif, qui selon Bruckner, envahit les sociétés occidentales » après avoir fait la preuve de son efficacité sur les masses aux États-Unis ?
Sans doute, mais pas seulement.
Ce sont les pires moments que les sociétés traversent qui favorisent ce « devoir de bonheur » qui fait que tout s’évalue sur les deux plateaux d’une balance, le plaisir d’un côté et les emmerdements de l’autre.
Quel que soit celui qui occupe par ses facéties et ses grimaces le côté bonheur, il est certain de triompher facilement.
On voudrait de la sorte exorciser le malheur et finalement la mort que l’on ne s’y prendrait pas mieux pour aboutir à son contraire.
Tout le monde sait qu’en télévision un clou chasse l’autre et que Hanouna, à moins de se reconvertir à un autre engouement dans le futur, ne survivra pas à l’émission qui cartonne. Et c’est dans cette surenchère constante pour survivre que Hanouna et ses pareils sont dangereux.
Car, que n’inventerait-on pas pour maintenir leur part d’audimat !