Le silence des agneaux.
Notre glapissante élite au pouvoir se noie dans la logique économique. « Si ce n’est pas moi qui croîs ce sera quelqu’un d’autre et je dois donc m’adapter. » Cette complaisante logique laisse les égos intacts. Le clan Michel est rassuré. Depuis Louis, ces gens aiment le confort. De toute manière, quand les Dieux du Parc doivent s’adapter, c’est de nos viandes dont il est question, bien entendu.
Oui, mais s’adapter à quoi ?
À la réalité du marché.
Pour nos têtes sans cervelles, la réalité du marché c’est la logique productiviste à moindre coût.
Cette adaptation ne requiert aucune originalité, ni aucune recherche d’un meilleur avenir. Tout se présente comme une fatalité contre laquelle il est inutile de lutter. Et voilà qui tombe bien, nos élites libérales n’en ont pas l’intention non plus.
En Haut-lieu, on y apprend la fatalité et on y atteint une certaine déculpabilisation dans l’exercice des responsabilités. « Je ne suis pas responsable de la conjoncture résultante de l’économie mondiale. » Point final. Allez-vous rasseoir. Vous n’avez rien compris et votre serviteur non plus de la merveilleuse démocratie libérale.
Cette logique réaliste est en réalité un délit de non-assistance de citoyens en danger : les working poors, chômeurs, précaires, intermittents, hommes superflus, surnuméraires, sans perspectives sont les victimes de la pensée libérale triomphante.
Tant qu’on se tiendra les côtes de rire des propos de Mélenchon et de Hedebouw, les défenseurs de la citadelle libérale n’auront rien à craindre. Mes bourges ont réussi à Borsuliser et Baquelainiser les populations. Au pire, on laisserait bien Di Rupo repiquer au truc pour redéfendre la forteresse libérale. Ennemis pour la forme, amis dans l’ombre…
Oui, mais, si l’Europe va de désastre en désastre ? Si De Wever va d’exigence en exigence communautaire ? On ne pourra pas toujours mettre tout sur le dos de Daech pour serrer les vis et clore le bec de Goblet et Miss Ska. Charles Michel, nounours qu’on aime pourrait devenir le grizzli qu’on aime moins.
Cette droite libérale perpètre son forfait. Hannibal Lecter se dit, puisque l’économie défendue par l’Europe et par nous laisse quand même une marge à la catégorie sociale dont nous faisons partie, cette conjoncture n’est pas si mauvaise, par conséquent notre intérêt est d’en suivre le cours
Le parti bourgeois est-il sûr de garder indéfiniment cette frange de la population qui lui sert de vitrine à partir du moment où celle-ci ne se retrouverait plus dans cette spéculation ?
Le chômage dans le monde, enfin là où un homme sans travail est considéré comme chômeur, est devenu une calamité stable sur ses bases et en progrès statistique pour son avenir. Que la crise actuelle loin de stagner depuis 2009 progresse encore, c’est un nouveau pan de l’économie qui tombe dans la précarité. Cette nouvelle catégorie est faite en réalité de l’effondrement de la petite bourgeoisie, celle des gérants d’entreprise, d’artisans et de commerçants ayant des ouvriers et des employés à leur service.
Jusqu’à présent, la déclinaison classique de ce phénomène tient dans le manque d’adaptation à l’économie moderne, au bouleversement des techniques et de la nécessité d’une remise à jour. En gros, cela signifie licenciement, durcissement des conditions de travail, augmentation de la durée du temps de travail incluse. Sera-ce suffisant pour qu’un pan entier du libéralisme traditionnel ne tombe sur la tête de nos « élites » ?
Le silence des agneaux, jusqu’à quand ?
Affaire à suivre.
La fin du travail n’est pas celle dont le monde ouvrier a rêvé.
Karl Marx comme John Keynes imaginaient un monde dans lequel les machines libéreraient l’homme du fardeau du travail pour l’avènement d’une société différente, pas celui d’Hannibal Michel Lecter.