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Les bullophiles…

La mondialisation pure jus libéral veut vider les États de toute gestion des biens et des personnes. Elle commence par transférer les pouvoirs qu’avaient encore les citoyens sur eux-mêmes en privatisant les services et fonctions qu’on attendait des Communes et de l’État. Jusqu’aux perceptions des amendes sur la voie publique et des surveillances des galeries marchandes, le secteur privé s’affiche partout. Demain, les pensions et les assurances maladies seront presque totalement organisées par des entreprises privées.
Ce crédo pour l’accélération des tâches diverses au service des citoyens n’a pas apporté les améliorations escomptées, les revenus assurés et une reprise quelconque du travail.
Au contraire. On dirait que les libéraux se sont fichus de nous dans les grandes largeurs. Et qu’avec l’accélération de ce processus de privatisation, on subodore que ce sera pire : nivellement des salaires par le bas, disparition des Administrations publiques, précarité généralisée.
Par contre les entrepreneurs voient s’ouvrir à eux un marché juteux, avec une population laborieuse souple et renouvelable.
Tout cela est conduit de « bonne foi » par nos éminences libérales qui calquent leur plan d’avenir sur le plan d’avenir des autres, si bien que chacun observe l’autre et c’est à celui qui prendra des mesures pour abaisser les coûts de production et amoindrira le pouvoir politique des citoyens.
On peut dire avec Éric Conan que « le capitalisme est une force qui va, mais qui ne sait pas où elle va ».
Reste que ce qui devrait être au service des citoyens, c’est-à-dire l’art de bien-vivre dans une société faite pour tous, est devenue une formidable machine d’adaptation à ce qui devait être à notre service et ne l‘étant plus, a inversé les rôles et c’est nous qui sommes au sien.
La déclaration d’intentions devant la Chambre de Charles Michel à la Nation est sans équivoque. L’État se félicite de contrôler de moins en moins le commerce et l’industrie, moyennant quoi il contrôlera davantage la population et percevra chez elle les moyens nécessaires aux grands industriels à « renforcer » leur trésorerie, pour une reprise d’activités aléatoire. Il ne fallait pas quarante minutes pour dire cela. Une phrase aurait suffi.
Cornélius Castoriadis l’avait découvert il y a plus d'un demi-siècle.
« Le capitalisme n’a pu fonctionner avec efficacité que parce qu’il a hérité d’une série de types anthropologiques qu’il n’a pas créés et qu’il n’aurait pas pu créer lui-même : des juges incorruptibles, des fonctionnaires intègres, des éducateurs qui se consacrent à leur vocation, des ouvriers qui ont un minimum de conscience professionnelle » et d’ajouter que tout ce monde obéissait à des valeurs antérieures au capitalisme.

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Le capitalisme de Charles Michel et les autres est en train de détruire une démocratie par le peuple de façon « naturelle » et aveugle, comme un changement climatique auquel nous contribuons, mais dont nous sommes incapables d’arrêter le cours fatal, parce que nous sommes sans la volonté de reprendre sur-nous-mêmes ce que notre concupiscence, notre égoïsme détruit autour de nous.
Pourquoi le capitalisme de Michel est prépondérant, parce qu’il reflète ce qu’il y a de plus mauvais en nous et qu’ainsi, il a de fortes chances de l’emporter, nous entraînant à notre perte en passant par la sienne.
Ces temps derniers sont plutôt durs. Les bulles de la Chine et de la Silicon Valley éclatent sous les fenêtres des ministres. L’Europe produit aussi les siennes. Cela ne semble pas inquiéter Charles.
Avec le sens aigu de la propagande des Michel, si les bulles étaient comparées aux ballons bleus de nos kermesses, elles seraient poétisées et par conséquent dédramatisées ?
À chaque mauvaise nouvelle : un lâcher de ballons. Génial, non ?

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