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Déclin.

Gérard Grunberg est un fin politologue spécialiste du parti socialiste français. Ses conclusions sur le futur du PS français sont celles à plus longue échéance du PS belge. Le parti de Cambadélis « ne paraît plus constituer ni une organisation capable de rassembler largement sur la base de croyances et de convictions communes ni une machine politique capable de gagner des élections ni enfin l’inspirateur et le soutien d’un gouvernement efficace. Il semble parvenu au bout de sa course. »
Comprendre ce qui se passe en France nous aide à comprendre ce qui va se passer en Belgique. Le PTB est-il le parti qui prendra la succession du PS d’Élio Di Rupo ?
Revenons au problème français.
Le Parti socialiste, refondé à Epinay par François Mitterrand en 1971, était à des années lumières de celui d’aujourd’hui. Il n’est plus un instrument politique utile et ne regroupe plus les espoirs des populations laborieuses. L’appartenance à ce parti ne signifie plus la solidarité citoyenne, ni la solidarité entre les membres de ce parti (voir l’article dans le Monde de Martine Aubry).
Pendant ce temps, le PS belge résistait à l’érosion du pouvoir par la constance de son électorat. L’explication tient à son histoire. À mesure de ses succès et de son implication dans la vie politique, il s’est constitué une clientèle d’obligés. Encore aujourd’hui à la Région, il truste 56 % des emplois. Son déclin signifierait donc moins de mandataires et la perte de ses obligés.
Cette structure d’obligés imbriqués dans des emplois et des mandats publics est capitale pour lui. La conséquence est un conservatisme des structures administratives, d’où une grande difficulté à imaginer des réformes, même antilibérales.

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Cette particularité du PS belge, le PS français l’a perdue par le désintérêt des électeurs en abandonnant les mairies et les directions régionales à la droite après une succession de défaites électorales.
Le néolibéralisme aurait dû susciter une réaction socialiste. Mais, il y a un paradoxe entre la vocation des PS partis de gouvernement et l’idéal socialiste. La collaboration à ce néofascisme, sous peine d’entrer en dissidence d’une Europe libérale, a été fatale au parti de François Hollande.
Le choix de François Hollande est-il le bon ? Et à défaut d’une voie différente, est-ce bien dans l’intérêt de la population de le suivre, n’est-ce pas plutôt dans celui de le lâcher ?
Comment en est-on arrivé là?
Que sont devenues les déclarations de principe ? Celle de François Mitterrand à Épinay «Celui qui n’accepte pas la rupture avec la société capitaliste ne peut pas être adhérent du parti socialiste.», celle de Hollande « Mon ennemi c’est le capital ! » et les explications embrouillées de Di Rupo après son coup contre les allocataires sociaux ?
Les Partis socialistes vivent ainsi sur une ambiguïté qui allait se révéler lourde de conséquences.
Comme le souligne Grunberg « Les croyances sont mortes, la machine aussi, …dans un contexte marqué par la profondeur de la crise économique et le retour du chômage de masse, l’ambiguïté originelle a cessé d’être politiquement gérable. Face à l’inefficacité du traditionnel «tax and spend» socialiste pour faire baisser le chômage et à la grave crise de compétitivité de l’économie française, le pouvoir socialiste, rétabli en 2012, a dû changer en cours de route son orientation économique. »
La conclusion de Grunberg pour la France « …les conditions sont donc réunies désormais pour que se produise une implosion du Parti socialiste. Quand cette implosion se produira-t-elle et dans quelles conditions?... »
Cette conclusion n’est pas encore de mise au PS belge, mais pour combien de temps ? Il suffirait d’un bouleversement des alliances du PS belge avec ou sans Di Rupo pour qu’il se retrouve un jour au Fédéral à un moment où le néofascisme induit par l’économie réclame à nouveau des têtes et rende les pauvres plus pauvres. Le PS belge se retrouverait dans la position du PS français avec les mêmes conséquences.

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