« La fin de Weimar-bis ? | Accueil | L’Europe aux soins palliatifs. »

Le faîte et la défaite.

Cette société s’attèle à mettre en boîte les neuf dixièmes de ses habitants sur les valeurs supposées de ceux qui sont censés savoir.
C’est comme le berger qui conduit un troupeau. Les bêtes ne peuvent faire autrement que de le suivre, sinon le chien mord dans les pattes des retardataires. Il en va de même chez les hommes. Les choses parlent d’elles-mêmes. Ceux qui se sont empressés de demander nos suffrages conduisent le troupeau à l’abîme, avec l’aide des lois et de l’opinion générale.
Malgré tout, les récalcitrants du troupeau n’ont pas changé. Les autres plus caprinés qu’humains, par enthousiasme sans doute, admirent encore le berger.
On voyait briller dans les yeux satisfaits de Charles Michel tout le surfait de la notoriété si imbriquée dans nos mœurs, dans le speech qui a suivi les événements de Forest. La visite d’un lieu supposé vide tournant au drame, voilà notre homme tiré d’affaire au sujet du trou du budget, un, deux, trois milliards, pendant au moins une semaine, au cours de laquelle il va gravement rendre confiance à ses chers concitoyens et à lui-même, reprendre du poil de la bête et repousser dans sa mairie d’Anvers, un Bart De Wever impuissant, vaincu par Daech et les circonstances.
La loi des sachants snobant les manants aura encore sévi !
Plus on met en garde l’habitant de tomber dans la psychose des attentats, plus il y est !
Six policiers armés et en gilet pare-balles refluent en désordre à la suite d’un contact non prévu avec trois djihadistes, deux s’enfuient le dernier est abattu par un policier posté sur un toit.
C’est très délicat d’oublier de féliciter la police de nos jours. Pourtant, on peut imaginer que si la force publique ne s’était pas repliée – on l’imagine dévalant les escaliers – on aurait peut-être réussi un beau coup de filet, et ce soir on n’en serait pas à spéculer sur ces individus volatilisés.
Pourtant, on n’en aura pas fini de sitôt avec la glose de Charles Michel sur l’efficacité extraordinaire de notre système de sécurité.

1mlpolmp2.jpg

En attendant la capture, nos trois voire six milliards de trous dans les finances publiques courent toujours, eux aussi. Notre ministre des finances n’irait pas jusque sur le toit du ministère pour tenter d’en abattre au moins un.
Où la police en est-elle avec son projet de grève générale qui devait avoir lieu ces temps-ci ? Outre les milliards, c’est un deuxième jackpot pour Charles Michel ce fait-divers islamiste.
Inutile de dire que nous en aurons jusqu’à la fin de la semaine au moins à recevoir les informations au compte-goutte. Si personne ne sait ce que ces deux individus sont devenus, par contre les autorités pourront toujours mettre leur ignorance sur le secret de l’instruction.
De ce nouveau fait-divers dont nous commençons à peine la série des communiqués et des journaux spéciaux, il me vient à l’esprit la pensée d’un type mort en 1750, ce qui ne date pas d’hier et qui s’y connaissait en gloires diverses, talonnettes rouges et jactances supérieures, puisqu’il s’agit du duc de Saint-Simon lui-même, revisité comme s’il avait prévu que nous aurions un Charles Michel pour nous tenir la jambe, un Charles Michel comme s’il l’avait fréquenté à Versailles et descendu de sa chambre à l’œil-de-bœuf, pour le recevoir en personne dans la galerie des glaces « Son esprit géomètre, l’égarait par règle dès qu’il partait d’un principe faux, et, comme il avait une facilité extrême et beaucoup de grâce naturelle à s’exprimer, il éblouissait et emportait lors-même qu’il s’égarait le plus, après s’être ébloui lui-même et persuadé qu’il avait raison. »
Allez, si vous voyez le père Michel, dites-lui donc qu’il demande à son fils de relire le tome IV du petit duc.
Cela lui fera tout le bien du monde.

Poster un commentaire