Quand la Justice déconne.
La peine réclamée par l'avocat général Marianne Lejeune mercredi matin devant la cour d'assises de Liège, 20 ans d'emprisonnement, pour Rita Henkinet, reconnue coupable de l'assassinat de ses enfants handicapés, ne grandit pas la justice et me conforte dans l’idée qu’un individu de la caste au-dessus aurait été moins « saucé » car il aurait pu se payer d’autres avocats, employer d’autres arguments et bénéficier d’un certain « respect » de la presse et des autorités. En définitive, le jury a coupé en deux la facture du ministère public, ramenant la peine à 10 ans. Qu’elle devra faire, tout au moins en partie, et vu son état, on peut croire qu’elle n’en réchappera pas.
Mais voilà, les deux dans le box ont la tête de l’emploi pour écoper un max. Ils ne portent pas beau, s’expriment avec peu de bonheur et ne produisent pas cet élan d’empathie que l’on a d’habitude envers ceux qui vivent au quotidien avec des handicapés mentaux. En un mot, ils n’ont pas le physique du premier regard de compassion, ce qui, pour une société aussi superficielle que la nôtre, est sans appel.
Du coup, le ministère public s'est opposé à l'octroi d'un sursis en faveur de l'accusée et a réclamé aux jurés de ne pas descendre en dessous d'un minimum de 15 années de prison.
Dans la foulée, deux ans avec sursis contre Benoît Henkinet, reconnu coupable de non-assistance à personnes en danger, ont été requis avec la circonstance que les victimes souffraient d'un handicap. Envers quelqu’un qui n’était pour rien dans l’acte de sa sœur, c’est cher payé le sens de la famille. Cette peine a été confirmée par les jurés.
Si la présence de son frère à côté d’elle aura soutenu jusqu’au bout Madame Henkinet, c’est bien dommageable pour ce frère, entraîné malgré lui dans une affaire aussi dramatique.
Apparemment, le géniteur et mari de la mère tragique a eu le culot de se porter partie civile, alors qu’apparemment il s’est toujours bien gardé d’apporter une aide quelconque à la gestion de la vie de ses deux enfants. Le prétexte d’avoir été « écarté » de son devoir par la mère aurait volé en pièce, si les Henkinet avaient bénéficié d’une défense intelligente. L’avocat, c’est comme le chirurgien, le bon est hors de prix. Les toquards, c’est pour nos gueules.
Le plus étrange dans cette affaire « préméditée » c’est qu’on n’a pas tenu compte de la tentative de la mère de mettre fin à ses jours. Dans le fond, on lui reproche de s’être ratée !
La nouvelle manière de construire un jury populaire en lui adjoignant les « services » de magistrats « compétents » est indécente et pleine d’hypocrisie. Qui connaît le disparate d’un jury peut comprendre l’ascendant naturel et l’influence que peut avoir quelqu’un dont le métier est d’avoir étudié les lois en fonction de la norme sociale.
Avez-vous remarqué qu’il n’y a jamais un notable parmi celui-ci ? Les hasards du tirage au sort a parfois d’étranges façons. La notoriété serait-elle un critère d’inaptitude ?
Pour le reste des quidams ordinaires, je vois d’ici la tête de l’épicier sorti de son comptoir pour avoir à juger quelqu’un dans une affaire comme celle-ci face au ton péremptoire et supérieur d’un magistrat.
Les coups de cœur venant du plus profond des êtres auront fait défaut jusqu’au bout dans cette pitoyable affaire. Les nouvelles règles en matière d’Assises auront eu raison d’un autre bon sens que l’officiel, un bon sens qui vient des tripes des gens et qui va à l’inverse d’une morale officielle, froide comme le couvercle chromé d’un Bancontact. On vient d’avoir un aperçu dans ce procès de la justice mister cash.
Décidément, quand il ne s’agit pas de pognon, de crimes d’intérêt, de manœuvres douteuses pour s’emparer de la vie des autres à son seul bénéfice, la justice est perdue, bafouille et comme dans ce cas tonne et fait entendre sa grosse voix, mais ne comprend rien.
Merde !... naïvement je croyais qu’on allait leur foutre la paix à ces malheureux après les épreuves d’un procès d’Assises, des procédures, des incarcérations préventives pour la mère.
Elle n’aura plus qu’à vendre sa maison pour payer les avocats et la procédure et dans 5 ans, si elle se conduit bien, elle ira à la soupe populaire pour finir sa misérable vie.
Quant à son frère, même sursitaire, son compte est bon. C’est pas De Decker, ni Kubla qui l’engageront comme auxiliaire de surface.
Mais vingt ans requis ! Quoi, l’Haut-lieu a peur de la récidive ?
C’est écœurant.
Commentaires
Vous avez mille fois raison mon cher Duc,comment ne pas plaindre ces deux pauvres bougres et imaginez le calvaire qu'ils vont encore devoir endurer jusqu'à la fin de leurs pauvres vies ..
Postée le: R | mars 10, 2016 09:43 PM