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Un fascisme naissant ?

Après avoir conclu que le néolibéralisme est un fascisme à part entière (1), toutes les portes sont ouvertes à la méfiance et au scepticisme à l’égard des politiques et de leurs actions.
Parce que, dites-donc, comme collaborateurs zélés, nos élus sont de première !
Pour peu qu’on y réfléchisse, nous arrivons à une sorte de sidération de ne pas y avoir pensé plus tôt, d’où l’absence d’un manque de réaction collective.
Ressaisissons-nous, n’avons-nous pas été en guerre depuis toujours contre tous les fascismes ?
Les charges sont accablantes. La complicité d’abord des élus distribuant des milliards sous diverses formules à des entrepreneurs et des banques qui n’ont pas l’air de se porter si mal et prélevés sur l’essentiel pour la survie des populations.
Faire des économies immédiates visant à soulager le pauvre monde, rien de plus facile : l’énorme budget des Provinces faisant doublon avec les Régions qui s’il était supprimé donnerait un peu d’air aux finances publiques.
Pourquoi ne procède-t-on pas immédiatement à cette réforme utile, sinon pour ne pas « mettre à la rue » les élus et les personnels qui vivent de ce doublon ?
On en arrive à l’incroyable écart entre le salaire moyen perçu du citoyen et celui que reçoit le mandaté, ce qui ne gêne en rien ce dernier à mener la vie dure aux premiers.
Ce n’est pas du fascisme en bande organisée, ça madame ?
Si l’électeur ne se pose aucune question sur la transformation de la démocratie en une structure fasciste néolibérale, c’est à désespérer de tout.
Tout tient dans le contrôle de l’électeur. En réalité, il ne contrôle rien. À chaque élection, il signe un chèque en blanc à des gens qu’il ne connaît pas plus que ça.
Le citoyen lorsqu’il vote donne parfois l’impression de n’être pas concerné par ceux qui sollicitent un meilleur salaire que lui. Pourtant, il est impliqué drôlement dans l’évolution fascisante de ceux-ci.

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Mais voilà dans toute dictature débutante, il y a de grands flottements et une certaine confusion des genres. Qu’en même temps Bart De Wever, Charles Michel et Élio Di Rupo fassent de la collaboration pour faire entrer le pays dans le néolibéralisme, on peut légitimement penser qu’ils sont dans le militantisme actif de cette évolution idéologique.
« Quand l’homo politicus écrase la demande citoyenne, cela s’appelle une dictature ».
La démocratie dont nous nous éloignons à grands pas, est une forme d’équilibre entre les faits et les désirs du citoyen. Quand l’offre politique rejoint les attentes citoyennes, c’est du populisme. Si la demande citoyenne nie l’offre politique, c’est une révolte. Si la demande citoyenne trouve un exutoire ailleurs que dans l’offre politique, c’est une révolution.
Une révolution n’est pas autre chose qu’un ordre qui se fonde sur un autre qui s’effondre.
Nous sommes bien dans le cas d’une offre politique qui ne rencontre en rien la demande citoyenne.
Nous sommes donc en dictature !... et pour qu’un ordre inédit se fonde sur le néolibéralisme, il faudra attendre un peu.
Pas trop quand même. Parce que le fascisme est un mal pervers. Il pourrait même galvaniser les foules un certain temps, juste le temps que la dictature perde toutes mesures. Le régime nazi est un bel exemple. Le néolibéralisme pour le monde occidental n’en est pas encore à brûler des livres et traquer « ses » Juifs. Ça peut venir, sous une autre appellation, par exemple les Irakiens ou les Syriens ?
On peut comparer le néolibéralisme à un régime fort celui de Peron en Argentine. Parce qu’il est malaisé de définir celui-ci en raison de la diversité des politiques adoptées au cours de son histoire et de la très grande diversité des personnes et des mouvements se réclamant de lui, exactement comme le néolibéralisme.
Fourrer dans le même sac Bar De Wever et Élio Di Rupo peut paraître saugrenu. Mais quand on observe leurs points de vue sur le système économique et les limites du social en fonction de la part qui revient au peuple, on s’aperçoit que ces deux là sont complémentaires dans le fascisme à ses débuts. Que l’un finisse par se défaire de l’autre de manière brutale et définitive, c’est dans le domaine du possible, puisqu’on sort de l’État de Droit (voir Linkebeek). Ils attendent un nouveau messie. C’est tout.
Tout tient dans le pamphlet de l’abbé Sieyès publié en janvier 1789 en prélude à la convocation des États généraux. «Qu’est-ce que le citoyen? Tout. Qu’a-t-il été jusqu'à présent dans l’ordre politique? Rien. Que demande-t-il? À y devenir quelque chose.»
Encore une preuve que la dictature commence, puisque le citoyen en 2016 n’est toujours rien !
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1. Manuela Cadelli, magistrate, « Le néolibéralisme est un fascisme », Le Soir 2.03.16.

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