Jan Segers Publius à HLN.
Si la presse en Flandre reflète bien les lecteurs flamands, on a dépassé la haine des Horace et des Curiace. Je ne donne pas cher de l’État fédéral aux prochaines élections. Après s’être entretués à trois contre trois, il resta un Horace, dit la légende. Ce pourrait bien être Jan Segers, pamphlétaire à Het Laatste Nieuws, la réincarnation. À son retour à Rome, il tua sa propre sœur qui pleurait son fiancé, un des trois Curiaces « qu'ainsi périsse toute Romaine pleurant un ennemi ». C’est une métaphore. La sœur de Ségers aurait été amoureuse de Bruxelles ! On comprend la rage de Publius !
Qu’est-ce qu’il file comme mandales à la capitale dix jours après l’attentat qui fit 35 morts, Publius Segers !
Quand on compare le ton feutré, bienveillant, propice à la main sous la nappe à l’issue d’un déjeuner arrosé de Béatrice Delvaux, la plume émue au souvenir du sang répandu, à celle trempée dans le fiel de Jan Segers, ce primitif flamand n’est pas Uilenspiegels volant au secours de Nele.
Le bourgmestre de la ville de Bruxelles, Yvan Mayeur, n’étant pas réputé pour son esprit de répartie, cherche toujours un mot cinglant en réplique aux provocations nationalistes de Jan Jambon et Bart De Wever devant la presse internationale. Alors vous pensez, Jan Segers, un mal embouché de plus, la tâche était trop grande. Et Mayeur a préféré pleurer sur le sein de sa consœur Anne Hidalgo, à Paris.
Mayeur dans les bras consolateurs d’Anne, de Vilvoorde, 300 et quelques hooligans sont venus profaner la place de la Bourse lieu de recueillement depuis les attentats. Saluts nazis et injures gutturales de ces branquignols flamingants, il faut remonter loin pour retrouver pareil débordement. Ni Jambon, ni De Wever, ni Bonte, bourgmestre de Vilvoorde, d’où les nazis ont pris le train, n’avaient pu retenir dans leur charnier natal, ces gerfauts de la flamanditude.
Prompt aux Commémos signés Vondel et successeur, Geert Bourgeois, ministre président de la Région flamande, s’était abstrait de la capitale. Pourtant, le local du pouvoir de Geert, à ce que j’en ai retenu, est toujours bien place des Martyrs à Bruxelles !
Tout ce qui précède a filé de la mémoire de Jan Segers lors de l’écriture de son billet. Par contre qu’est-ce que Bruxelles a pris ! Dans la crise communautariste du journaliste, pour Jan-mijn-kloet Bruxelles fourmille de francophones. C’est Brussels qu’ils veulent sans ses habitants, à la limite sans les meubles, rien que la brique, le bitume et le gazon et que les francophones ramassent leurs morts et foutent le camp. Prenant l’exemple de Louvain-la-Neuve, qu’ils aillent construire un simulacre ailleurs, sans plus jamais souiller la terre flamande.
Merde, et tout ça sous le feu de l’ennemi, pire que les salafistes un jour de ceintures à bombes !
Ce que veulent les pointus, c’est clair, donner le droit de véto à la minorité flamande de la capitale et étendre une seule et unique police à l’ensemble des communes de la périphérie.
Les 93 % de francophones de la capitale auront difficile de déloger la communauté flamande de la place des martyrs. Ils y tiennent à leur place. C’est la tête de pont par où le déferlement et l’arbitraire deviennent possible. On croirait entendre « Les loups sont entrés dans Paris » de Serge Reggiani.
Il faut dire que si le nationaliste est d’un côté, la bêtise est de l’autre. Les Wallons se méfient aussi de Bruxelles et la cadenassent à leur manière, moins révoltante et odieuse, certes, à travers cette bizarrerie de la Communauté française qu’on a donnée en pâture à Rudy Demotte pour que le pauvre chéri ne soit pas sans galette, après que Di Rupo ait placé son favori Magnette à la présidence de la Région.
Dans son édito de Het Laatste Nieuws, Jan Segers se régale de cette situation et salive à la pensée qu’elle pourrait encore être meilleure.
L’éditorial ne serait pas complet si le Gus ne fessait pas Laurette Onkelinx. Les vitupérations de la passionaria des faubourgs traduites en flamand sont une mine d’or pour le TAK. Dans le fond, ce qu’on lui reproche c’est d’avoir renié la Flandre, sa patrie d’origine, à cette émigrée de l’intérieur.
Cette lecture me renforce dans l’idée qu’on n’a plus rien à foutre avec ces gens-là.
Ça sera peut-être dans une ou deux législatures, qu’on se tournera le dos.
Il ne nous restera plus qu’une solution : convaincre la France que si elle veut nous récupérer, elle doit aussi récupérer Bruxelles.