Vas-y mec, raconte…
Ça rentre sec dans la case à dénonciations, comme des blattes derrière le compteur à gaz. Le travail au noir est visé par les baveuses sur le NET des gens qui veulent du bien à l’État et à eux-mêmes : il y a déjà eu 3.047 dénonciations en 5 mois depuis la mise en place du site internet. Entre donneurs, on se rappelle le bon vieux temps où la gestapo croulait sous la lettre anonyme. Comme cette fois, c’est pour « la bonne cause », vous pensez avec le titre de citoyen d’honneur en plus, certains vont finir comme les Dalton par se dénoncer eux-mêmes.
Encore que ce n’est pas le chiffre exact, 3047 dénonciations qui ont empêché les « tricheurs » d’arrondir leurs fins de mois. C’est beaucoup plus ! Les autres qu’on n’a pas réussi à « pincer » ou d’autres encore dénoncés injustement, par besoin de nuire et haine, voilà qui devrait faire un gros paquet supplémentaire. Et le bidule n’est là que depuis cinq mois !
Que les candidats à la dénonciation se rassurent, quoique les autorités s’en défendent, une dénonciation anonyme ne sera pas jetée au panier et si sur le site Internet le dénonciateur agit sous un faux nom, si les faits dénoncés sont avérés, le dénoncé le sera bel et bien.
Quand on doit vivre avec moins de mille euros et qu’on se débrouille pour ramener un ou deux billets de cents en plus… eh bien non ! C’est un crime, la patrie est en danger, les corbeaux veillent. On dénie à une partie de la population l’instinct de survie !
Le délicieux Christophe Carpentier a été commis par le journal La Meuse pour couvrir l’événement des 3047 d’un article flamboyant.
Il l’a fait à la façon d’une pub.
« Votre voisin travaille au noir? Votre voisine perçoit des allocations de chômage alors qu’elle travaille en black? Depuis octobre 2015, il vous est possible de dénoncer ces abus sociaux, sur un simple site internet. Et ça marche. Selon le secrétaire d’Etat fédéral en charge de la lutte contre la fraude sociale Bart Tommelein (Open VLD), 3.047 plaintes ont déjà été répertoriées sur les cinq premiers mois, soit de début octobre à fin février. »
…et de détailler avec délectation ces ignominies, comme si en tombant dans un trou on n’essayait pas de se raccrocher à n’importe quoi plutôt qu’à se laisser couler au fond les bras le long du corps.
On voit d'ici la gueule des bourges du Club Lorraine, le Charpentier allant de table en table "Votre voisin travaille au noir ? Votre voisine perçoit des...". Il finirait pas sa phrase, il se ferait jeter !
Bien sûr, nos grands saligauds applaudissent. Eux n’iraient pas raconter des craques au CPAS. Ces grands assistés sociaux qui se font au gouvernement et dans des assemblées indemnisées des paquets de pognon ne s’abaisseraient pas à filouter de quelques centaines d’euros, parfois moins, les institutions sociales, ces auges à merde de la société d’indigestion.
L’auguste de service de la Meuse est précis.
« … ce sont des dénonciations, pas forcément des fraudes avérées…Toutes sont traçables, l’anonymat de la dénonciation étant interdit. Du moins en théorie. Car il semble possible, sur le site, de falsifier ses données personnelles. »
Voilà qui donne des idées aux dénonciateurs qui ne sont pas clairs. On pourrait dénoncer Bart Tommelein, comme étant un secrétaire d’État qui ne récupère pas assez ou qui fait une opération qui coûte de l’argent à l’État plutôt qu’il n’en rapporte. Carpentier oublie que la récolte dans les petits portemonnaies, il parle de 181 millions, est le fruit d’enquêtes, de personnels mobilisés. Il serait plaisant d’en établir le coût.
Comme ce serait de la contrepropagande, on ne saura jamais ce que touiller dans la merde a réellement rapporté à l’État, certainement beaucoup moins.
Par contre, on sait que le Belge moyen à l’âme dénonciatrice, qu’un rien le pousse à dénoncer et pour peu que l’État par ses agissements le conduise à révéler sa nature perverse, on a ainsi une meilleure image du climat délétère.
C’est heureux que le Belge moyen n’ait pas accès aux banques, aux comptes truqués, aux magouilles de Panama et d’ailleurs. On dénonce à sa hauteur, interdiction de dénoncer plus haut.
Merci Christophe pour cet éclairage grandiose.
Mec, ça t’a rapporté combien ta pige ? T’es sûr que tu travailles pas au black, que t’as tout déclaré ? Ou alors, t’es freelance. T’as un comptable ? Comment tu fais pour joindre les deux bouts ? On sait que pigiste à la Meuse, c’est pas l’eldorado ! Si t’es honnête tu dois pas manger tous les jours. Vas-y raconte, les dénonciateurs doivent savoir…