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31 mai 2016

Des flamingants au MR !

Le coup a été bien prépare au siège du MR, avenue de la Toison d’Or à Bruxelles : le vieux Louis en piste, ingambe dès qu’un nouveau deal se prépare, Charles, acculé, désespéré, sans force, Chastel le fidèle serviteur et Reynders féal dont on se méfie, mais qui a sa faction à la direction du parti !
Ce quatuor de tordus a décidé de passer en force dans l’affaire des gardiens de prison. Les Wallons restaient intraitables. Les Flamands, à leur habitude, se satisfont de peu et sont indifférents sur le sort des prisonniers, qu’ils croupissent encore des années dans les culs de basse-fosse sans hygiène du système carcéral belge.
C’était le moment de réussir un coup.
Bien repris par les journaux francophones, les propos d’au moins trois d’entre les comploteurs de la Toison d’Or ont préparé le terrain. Une sorte de matraquage de l’opinion francophone de la légendaire mainmise du PS sur la FGTB, les journaux sont rodés à ce genre d’exercice.
Louis Michel y excelle. C’était d’autant facile que tous les cadres de la FGTB passent par la case Parti pour monter en puissance dans le syndicat.
Sauf en insinuant que Di Rupo fait la pluie et le beau temps dans les assemblées, c’était affirmer une contrevérité et le vieux briscard libéral le savait.
Ce vieil effronté n’est pas là-dessus. Depuis Jean Gol, il a toujours bluffé.
Chastel souffle dans sa trompette au rythme du chef d’orchestre et le dernier spadassin, ministre des affaires étrangères, emboîte le pas des deux autres.
Charles atterré reprend confiance. Le Vieux, une fois de plus, fait merveille.
C’est qu’il y a urgence.
La préparation du terrain faite, c’est à Koen Geens (CD&V) d’entrer en piste.
« Après cinq semaines de grève dans les prisons, la majorité des syndicats du pays ont signé un accord avec le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V), a annoncé ce dernier lors d'une conférence de presse ce lundi soir. La RTBF. »
Voici sa déclaration :
"J'ai l'honneur de vous communiquer que quatre des six syndicats viennent de signer le protocole d'accord que je leur avais proposé mercredi dernier, à savoir les 3 syndicats néerlandophones, et le syndicat libéral francophone (SLFP, ndlr)"
Nous revoici dans la phase Kamikaze de départ… la délicate prise de risque !
Du gouvernement aux syndicats, désormais les francophones n’ont plus rien à dire, si l’on excepte le fantomatique syndicat libéral qui compte autant de cadres que d’affiliés.
C’est donc bien un passage en force d’un État flamand dont il suffit qu’une petite minorité francophone s’y adjoigne pour faire la pluie et le beau temps de la démocratie, version libérale.
Il paraît qu’on y est encore, que tout est respecté, la frontière linguistique, les Régions, sauf un détail : le fédéral est passé du côté flamand.

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Que ce soit une politique pour que De Wever voie ses troupes se dégonfler aux prochaines élections, c’est certain ; mais qu’en même temps, ce salmigondis à la Michel place la francophonie en minorité constante sans pouvoir de blocage, ce ne l’est pas moins aussi.
Sur sa lancée et timidement encore, Koen Geens va faire appel à une société privée pour fabriquer et sans doute distribuer les repas aux prisonniers. Le tour prochain, on fera comme en Hollande. Les prisons seront traitées comme l’hôtellerie, mais en moins chic, par des privés.
Pour le gouvernement, les négociations sont donc considérées comme closes. L’accord serait ainsi appliqué et les agents pénitentiaires qui poursuivraient la grève ne seraient dès lors pas payés.
Selon la FGTB, après cinq semaines de grève dans les prisons francophones du pays, la base avait rejeté à 94,7% ce lundi le protocole d'accord.
On ne sait pas quelle sera la prochaine étape de ce gouvernement bilingue (Flamand-Flamand), mais la famille Michel et les larrons en Kermesse gantoise plutôt qu’en fête wallonne viennent encore de franchir une étape.
La suivante ?
Peut-être le rattachement des Régions francophones à la Flandre ?
Pour couper l’herbe sous le pied de Bart De Wever, tout est possible.

30 mai 2016

L'EURO FOOT

L’action se passe la nuit dans la chambre à coucher des époux Plasse-Debout. La pièce est plongée dans le noir. Loulou Debout sommeille on devine son corps sous les couvertures du lit.
Antoine Plasse, supporter du Standard, vuvuzela en bandoulière, écharpe aux couleurs du club, teeshirt sur lequel on peut lire « champion 2014 », sous un training de joggueur largement ouvert, ouvre avec précaution la porte de la chambre conjugale et avance à l’aveuglette, les mains en avant dans le noir. Il trébuche sur une chaise sur laquelle Loulou a déposé ses vêtements. Il s’agrippe au dossier et déséquilibré s’assied lourdement sur la vuvuzela qui produit un bruit qu’on pourrait assimiler à une digestion difficile. Plasse se lève, fait quelques pas et se prend les pieds dans la carpette. Il plonge vers l’avant. Cette fois le son de la vuvuzela est plus fort. Loulou Debout sursaute et surgit de sous une avalanche de couvertures et de coussins. Elle s’assied dans le mitan, du lit, tâtonne du côté de l’interrupteur et éclaire la chambre, en même temps qu’elle ferme les yeux, éblouie par la lumière soudaine. Antoine Plasse tient le panneau du pied du lit comme on s’agrippe à une bouée de sauvetage.

LD – Quoi !... Qu’est-ce que c’est ?
AP – Ce n’est que moi chérie… fais dodo !...
LD (Elle ouvre les yeux et contemple avec de plus en plus de fureur, Antoine qui tient à peine debout) – Mon Dieu ! si tu te voyais. D’où sors-tu ?...
AP – Rendors-toi, j’allais chercher un verre d’eau.
LD – Tu te fous de moi ? C’est à cette heure que tu rentres ?
AP – Mais non, voyons, je suis rentré depuis longtemps. Je ne me sens pas bien.
LD – Si tu t’étais couché avec l’attirail que tu as autour du cou, je m’en serais aperçue, non ? Cesse de me prendre pour une idiote. Un match à quatorze heures qui se termine la nuit ! C’est la prolongation du supporter… au comptoir !
AP – C’est bien simple, je vais t’expliquer…
LD – …Il te faut une trompette pour aller boire à la cuisine ?
AP – Je n’en reviens pas de ce qui m’arrive ! Je te dois des explications…
LD – Je le devine… dis toujours.
AP – A quoi bon, tu ne me croirais pas…
LD – Elle est bonne celle-là. Tu n’as pas d’explication, parce que tu n’en as pas ! Je vais en donner une à ta place. Tu sors de la taverne des Sports fin saoul !... Et tu en sors parce que le patron a fermé, autrement tu y serais encore.
AP – …faut que je me déshabille. Je tombe de fatigue…
LD – Trop facile. Tu auras le temps d’inventer une excuse…
AP – Pas du tout. La preuve, retiens Hauptbahnhof, Dortmund et Kromacher. Tu verras si je prépare une excuse.
(Antoine lâche le lit, veut enlever son pantalon debout et n’y arrive pas. Il tombe assis sur la chaise. Il se débarrasse non sans peine de la vuvuzela qui en tombant par terre produit un dernier soupir).
LD – C’est tout ce que tu as trouvé ? Des mots pour l’embrouille !...
AP – Non. Je te dis Haupt chose… bahnhof, Dortmund et Schumacher, enfin, lui c’est l’automobile… Kromacher.
LD – Tu me prends pour qui ? Il n’est pas marqué bécasse (Elle fait un signe sur son front)… T’as vu ça à la télé. On dit trois mots à l’invité et il doit les employer dans les cinq minutes… Si je te disais ivrogne, menteur et tapage nocturne, ce serait plus simple à utiliser. (Antoine Plasse commence à se déshabiller) Qu’est-ce que tu fais ?
AP – J’enlève mes vêtements, tiens ! (Il pose ses derniers attributs de supporter sur une chaise). Je suis recru de…
LD – Et moi ? Tu ne crois pas que j’ai plus que toi le droit de dormir ?
AP – D’accord, tout le monde a droit au sommeil (Une boîte de bière tombe de la poche du training) et moi aussi.
LD – Le vacarme est insupportable à la fin ! Tu réveilles tout l’immeuble et tu m’empêches de dormir. (La vuvuzela émet seule un long soupir)
AP – Pardon !... c’est l’air qui reste. (Il veut entrer dans le lit)
LD – Tu ne crois pas que tu vas dormir ici ? Tu empestes le tabac, la bière et tes gadgets puent la pisse de chat ! A ta dernière sortie, tu avais déchiré un training tout neuf de chez Aldi, t’as vu celui-ci, c’est pareil ! T’as l’air de sortir de Lantin… (Elle le repousse du pied)
AP – J’ai trop sommeil pour discuter. Je vais m’étendre quelque part au salon… (Il lui tourne le dos. Elle le retient par l’élastique du caleçon. Il tire de son côté. Le tissu s’allonge. Elle le lâche. Dans un grand claquement, Antoine s’étale. Il se tient à la chaise pour se mettre debout). Ah ! dormir… mon abonnement du Standard contre un lit !...
LD – Mais non ! C’est trop facile de ficher le camp dans le salon. Surtout que dans cinq minutes tu ronfles. Et c’est moi qui ne pourrai plus fermer l’œil. (par la porte du salon restée ouverte, on entend le carillon de la cheminée qui sonne trois coups). Il est trois heures dix du matin…
AP – Comment trois heures dix ?
LD – La pendule de ta mère retarde de dix minutes. Trois heures dix et saoul comme un cochon… Trois heures dix ! Trois heures dix !
AP – A force de répéter, il sera bientôt trois heures vingt !
LD – Tu gardes l’ironie pour toi !... saoul comme un cochon…
AP – C’est les circonstances… J’ai dû boire pour tenir le coup !... C’est tard et tôt à la fois, trois heures dix. Je choisis tôt, le sommeil du matin est meilleur… Tu ne veux tout de même pas que je dorme debout ! (Il s’assied au pied du lit et sa tête dodeline.)
LD – Non, tu ne dormiras pas ! Est-ce que je dors, moi ?… Tu sonnes de la trompette quinze heures après le match, comme si vous aviez gagné ! Tu ne prétends quand même pas qu’il t’a fallu plus de treize heures pour aller de Sclessin à Herstal ?
AP – Justement. Je ne viens pas de Sclessin…
LD – Enfin tu avoues ! Je redoute le pire. Et on peut savoir d’où tu viens ?
AP – Ça tient toujours les trois mots, Hauptbahnhof – tiens, je l’ai dit d’une traite celui-là – Dortmund et Kromacher ?... comme tu me vois, je débarque du dernier train d’Allemagne !... plus exactement je viens de Königswell strasse, à Dortmund. Avec Dortmund, ça m’en fait un… (Il fait tinter un vase sur la commode). Dortmund, Düsseldorf, Köln, Bruxelles, Liège, si tu veux tout savoir. Je suis claqué, suite demain…
LD – Tu avoues, canaille, pendant que je te croyais au Standard, qu’est-ce que tu fichais à Dortmund ? Attends laisse moi deviner… on a passé un reportage sur les « Madame » à Dortmund…
AP – Tu n’y es pas… une fois de plus.
LD – Tu n’as pas vu le match, alors ?
AP – Mais si je l’ai vu. Le Standard a été battu cinq zéro ! Ce n’est pas la peine de le répéter. Ça reste dans la mémoire d’un supporter, un score pareil !
LD – Facile. On a vu la pile à la télé !
AP– Comment je saurais que c’est Robert Lewandowski, qui a marqué quatre des cinq buts du Borussia ?
LD – …toujours à la télé. Tu as pu acheter une gazette…
AP – En Allemagne ? Je ne parle pas un mot d’allemand…
LD – Peut-être que ta fraulein n’était pas en Allemagne, qu’elle était du quartier ? Tu ne reviens pas plutôt du bas de Seraing, que des Guillemins ? Voilà, j’ai trouvé, t’as été chez les putes…
AP – Loulou. Je vais tomber raide endormi sur la carpette… Tu veux bien un peu la fermer pour que je t’explique…
LD – Je suis curieuse d’entendre ça !
AP – C’est à cause de Lewandowski, le buteur de Borussia. On était soufflé. Quatre buts d’anthologie, surtout le troisième du talon à la retourne…Hertzwall prolonge, le ballon arrive par dessus, Robert se positionne. Et il reprend en aile de pigeon. Nous autres, sportifs, on s’est levé. On n’avait jamais vu ça à Sclessin !
LD – Ah ! bon. Alors, t’as reconduit l’équipe allemande en Allemagne, parce qu’ils ont fait une aile de pigeon ?
AP – C’est à peu près ça ! On s’est mis à applaudir l’artiste. Les supporters allemands ont apprécié et on s’est retrouvé tous ensemble en face, au Café des Sports…
LD – Tu m’avais juré de ne plus y mettre les pieds !
AP – Leur groupe s’est mélangé à notre groupe. Malgré la langue, nous sommes devenus amis. Je suis monté dans le car pour dire adieu à mes nouveaux copains. J’ai eu comme un coup de chaud. Le chauffeur a compté, il avait son compte. C’est après que j’ai su que j’avais remplacé un des leurs, sans le savoir. Je me suis réveillé devant la Haupbahnhof… (le carillon sonne le quart) Voilà le deuxième mot…
LD – C’est quoi ça ?
AP – La gare de Dortmund, pardi. Les supporters sont tous partis. On les attendait avec des voitures. Je ne savais même pas qu’on était devant une gare. C’est là que j’ai eu du bol. Un camionneur d’un gros camion Kromacher (Il s’arrête. Attend un coup de carillon qui ne vient pas et reprend) livrait ses eaux « Eine Perle der Natuur ». C’était un flamand qui se débrouillait en français, émigré en Allemagne. On s’est tout de suite bien entendu entre compatrtiotes. Ça arrive ! C’est lui qui m’a pris un billet TGV et me voici… (Il s’arrête, regarde Loulou qui réfléchit.) Je peux dormir maintenant ?
LD – Tu me prends pour qui ? Tu ne crois pas que je vais croire un seul mot des craques pareilles ?
AP – Que tu me croies ou ne me croies pas, c’est ainsi et je dors… (Il s’est déshabillé et veut entrer dans le lit. Loulou le retient du pied.)
LD – Dis, le malin, combien tu as dépensé ? Ne viens pas me dire que les trois cent quatre-vingts euros que tu avais sur toi sont partis en boissons avec les « Madame » de Dortmund ?
AP – C’est charmant ! Tu fais les poches maintenant ! Tu fouilles mon portefeuille !
LD – Tu as tout dépensé dans les cafés à filles de Liège ou pire de Seraing et tu me fais croire que tu reviens de Dortmund !
AP – Que vas-tu chercher là ?
LD – Tu sais quel jour on est aujourd’hui ?
AP – Oui, le 14.
LD – Non, tu ne sais pas.
AP – Quoi, je ne sais pas ! On est bien le 14, oui, ou merde !
LD – Oui, on est le 14 !
AP – Et alors ? Puisque je te dis qu’on est le 14 et que tu dis pareil, qu’on est le 14 !
LD – Et c’est quoi pour toi le 14 ?
AP – Comment c’est quoi ? C’est un jour de février comme les autres, pire même, puisque je pars au travail dans trois heures ! Tu te rends compte dans trois heures. Alors, pitié. (Il la repousse et entre au lit. Il veut dormir et elle le secoue).
LD – C’est tout ce que tu trouves à dire sur le 14 ?
AP – C’est pas suffisant ? Je ne suis pas assez fourbu ? Il faut encore que tu la ramènes !
LD – Ah ! je savais bien que tu allais l’oublier.
AP – Mais, nom de Dieu, j’en ai ma claque que tu parles par énigme. Explique-toi à la fin, je ne vais pas pouvoir me lever ; tu sais bien que c’est moi qui fais l’ouverture.
LD – Si tu sais pas me dire ce que c’est pour toi le 14, c’est pas moi qui vais te le dire.
AP – Mais alors !... alors, si c’est pas toi qui vas me le dire, quel est le bougre d’enfoiré qui va me le dire ? Qu’est-ce que tu m’asticotes avec ton 14. J’en ai rien à foutre que ce soit le 14 ou le 13, ou même tiens, le 15…
LD – Tu parles ! Si le 13 tombait le vendredi, tu courrais faire ton Loto !
AP – Et alors ? J’ai plus le droit de faire un Loto le 13 ?
LD – Et le 15, t’as la réunion des supporters chez Léon. Tu n’oublies jamais le 15 de tous les mois de l’année.
AP – C’est malin, tout le monde le sait, même toi que la magie du sport branche pas, que le 15 c’est réunion. Mais le 14, j’ai rien ! Je saurais quand même, si j’avais quelque chose… j’ai rien le 14 ! Tu vois bien que j’en ai rien à foutre du 14…
LD – T’es con ou quoi ? Tu gueules au lieu de réfléchir ! On se croirait au café quand vous refaites le match…
AP – Nom de dieu, c’est le seul jour où j’ai rien… je le sais quand même…
LD – C’est pas croyable un con pareil, qu’a rien à propos du 14 !... et qui revient d’Allemagne en plus, comme si on était en 45, pour me dire ça !...
AP – Bougre de nom de dieu, tu fais bougrement chier… J’ai remarqué, depuis que tu fais les sudokus de ton magazine à la con, t’es plus pareille. T’as le bocal agité…
LD – Tu trouves ça con le sudoku ?
AP – Oui, c’est con. Je le vois bien. Mes tartines de la journée, t’en beurres une sur deux... Tu penses plus qu’à croiser…
LD – Eh bien ! puisque c’est ainsi… que tu sais pas le fin mot du 14, tu les feras toi-même, tes tartines, puis j’ai plus de pain. Je pensais qu’on irait au restaurant, hier au soir. Mais t’étais à Dortmund !... soi-disant.
AP – Quoi encore ? Le restaurant ! On restructure ma petite… et si j’arrive dans moins de trois heures encore en retard, je serai sur la liste noire. Tu t’en fous, hein de la liste noire ?
LD – En tous cas, t’es sur la mienne.
AP – Qu’est-ce ça veut dire, t’es sur la mienne ? Tu me cherches ? T’as résolu de ne pas me laisser dormir ? C’est le supplice que tu as trouvé ?
LD – Pas savoir qu’on est le 14, c’est un monde !
AP – C’est qu’elle continue, parole ! Le 14, c’est le chiffre fatal de son sudoku. Tu sais où je le mets ton 14 ? Hein, au cul… le 14…
LD – Grossier personnage !
AP – C’est ça, hein, charogne. Je suis ta victime et c’est moi le grossier. Je t’explique tout, mon erreur, ma mésaventure, mon épouvantable tragédie de me retrouver à Dortmund en sortant du stade et tu m’empêches de dormir parce que je me fous du 14 février !
LD – Ma mère m’avait prévenue… Elle avait deviné quel mauvais mari tu serais à ne rêver que de football ! Ah ! mesdames, n’épousez jamais un supporter…
AP – Ah ! bon, voilà ta mère en renfort... Arrêtons, tu veux ? J’admets que revenir d’Allemagne à trois heures du matin, alors qu’on est censé rentrer du Standard au milieu de l’après-midi, ça peut paraître bizarre. On éclaircira tout ça demain, veux-tu ? On aura tout le temps… Je te prouverai ma bonne foi. Je retrouverai le billet du train. J’irai trouver le chef de gare, s’il le faut… C’est dit, je dors. (Il se tourne pour dormir. Elle le secoue.)
LD – Juste encore un mot.
AP (conciliant) – Oui, juste encore un mot… un seul…
LD (Elle hurle à son oreille) – Va te faire mettre…
AP – Ah ! elle est belle la Wallonie. On voit bien d’où tu viens… du dessus d’Amay…
LD – Et toi, salaud, d’où est-ce que tu sors ? Quand on vient de la rue Méan, on se fait tout petit. On évite l’insulte sur le lieu d’origine de l’autre…
AP – Tout ça à cause du 14 ! Pourquoi le 14 ? Une lubie ? Ça peut pas attendre le 15, la connaissance du 14 ?
LD – Justement, ça ne peut pas !
AP – Ah ! je ne mérite pas ça. Tu vas la fermer, dis, faut que j’aille bosser… Qui nourrit la famille dans cette piaule ?
LD – Crève. (Elle veut le pousser hors du lit. Il résiste et c’est finalement elle qui tombe par terre. Elle se redresse, tandis qu’Antoine sort du lit de l’autre côté.
AP – Le mot de trop. Je sais pas ce qui me retient de t’en coller une.
LD – Essaie pour voir, je t’envoie le cadre des amoureux de Peynet sur la tronche.
AP – Pouffiasse !
LD – Impuissant !
AP – Tu vas le regretter, ordure…
LD – Tu me trouveras plus ici ce soir…
(Ils sont prêts d’en arriver aux mains, quand soudain la porte du salon s’ouvre avec fracas et Hans Hartmann surgit en caleçon l’air libidineux.)
HH – Gut gut la Madame. … Du machst zuviel Lärm im Bett, touchour ?
LD – Qui c’est celui-là ? Il parle en quoi ?
HH – Toi madame schlafen mit mir… Schlafnische bedide Madame ?
AP – C’est vague… mais il me rappelle quelqu’un.
(Hans s’approche décidé de Loulou)
LD – Tu as intérêt de vite te souvenir. Défends-moi, ce type est fou…
HH – Kein Frau dann werde ich schlafen aber schweigend. (Il s’assied sur la chaise de la vuvuzela et se met à pleurer) Grosse malheur !
AP – Ha !... je me souviens de lui. C’est Hans, mon ami Hans, supporter du Borussia… Le car l’a oublié à Sclessin et on m’a compté pour lui !... Tout s’explique…
LD – Comment est-il arrivé dans ma chambre ?
AP – Quand je suis revenu en train de Dortmund, il dormait dans la gare des Guillemins. On s’est reconnu à nos trompettes, la mienne rouge et blanche et la sienne noire et jaune.Il m’a agrippé en m’expliquant qu’il voulait dormir. Il n’est pas le seul, par exemple. Il se croit dans une maison avec les « Madame ». Je l’ai emmené chez moi... avec ton 14, je l’avais complètement oublié. La preuve est là, devant toi, je suis allé en Allemagne à sa place !...
LD – C’est charmant, il se croit dans un bordel… Parole, il me prend pour une pute !
AP – Hans, das is nicht ein bordel. Das is mein baraque ! Da sis mein fraulein Loulou.
HH – So ein Unglück! Moi gros filou. Pardonne… bitte, Loulou…
LD – Qu’est-ce qu’il a avec sa bitte après moi ?
AP – Il pleure, puis il se croit dans un bordel. Il a un grosse malheur ! Bitte, ça veut dire s’il-vous-plaît…
LD – Ils sont tous comme ça les supporters de Dortmund ?
HH – Große Katastrophe…
LD – Ça, au moins, on comprend. C’est pas si difficile que ça, l’allemand !
AP – On en a fait des montagnes… Au moins c’est pas comme le flamand, celui qu’est à Cologne, comprend l’autre à Zürich…
LD – Zürich, c’est en Suisse…
AP – Enfin, tu me comprends…
HH – Ich bin in Lüttich und meine vianzee ist in Dortmund !
LD – Vianzee ! Lüttich… attend… sa fiancée est à Dortmund et lui est à Liège. Et alors ?
AP – Et alors ? Hans… Morgen freund…
LD – Qu’est-ce Freud ferait à Dortmund ?
HH – Das ist für das Geschenk vierzehn Februar verpasst…
AP – Tu comprends quelque chose ?
LD – Rien ! Il montre un papier… Donne lui mon sudoku. (Antoine le prend sur la tablette de nuit) Je l’ai fini qu’il écrive dessus.
HH – Ja ! Soodoguou… Kapout…
AP – Il écrit quatorze en chiffres arabes ! Februar ! Vingt dieu, c’est un de ta secte du 14 février ! Mais qu’est-ce j’ai fait ? Je suis envahi par des extra-terrestres qui ont un dieu sur terre, c’est le jour, ils débarquent… Je suis cerné…
HH – Ich habe einen Ring für Guisela. (Il sort un petit écrin de sa poche l’ouvre et donne la bague à Loulou).
LD – Au moins voilà un supporter allemand qui n’oublie pas le 14 février, lui !... (Loulou veut rendre la bague à Hans. Celui-ci la repousse)
HH – Ich bin Kapout !... Bedit gadeau der Valentinstag !... Zaint Valentine…
LD – T’as compris ce qu’il y a le 14, hein bougre d’âne que tu as oublié ! Douze ans de mariage, pour en arriver à ce qu’un supporter saoul et allemand m’offre une bague dans ma chambre à coucher, alors que je suis en chemisette, voilà ce qui s’appelle une drôle de fête de la Saint-Valentin ?
AP – Si je te disais, ma louloute, que je croyais que la Saint-Valentin tombait le dix-sept, tu ne me croirais pas !
LD – Non…
AP – J’ai honte ! Comment me faire pardonner ?
HH – Guisela weit, großes malheur.
LD – Loin… loin… Guisela… moi, Loulou… près… près…
AP – Dis donc, toi, tiens-toi un peu !
LD – Cet homme-là, on ne va pas le mettre à la porte comme ça. Tu vas à la cuisine voir si on a des restes de chou. Ils aiment le chou, les Allemands. Puis tu iras faire les courses. Moi, je me recouche…
AP – Il est à peine cinq heures ! Je n’y survivrai pas… non, je n’y survivrai pas. Les magasins de nuit sont fermés le matin. On devrait ouvrir des magasins « fin de nuit » !
LD à HH – Moi, fatiguée… moi dormir.
HH – Natürlich. Jedermann ist ermüdet.
LD – On ne comprend pas ce qu’il dit, mais il est tout à fait charmant, ce supporter là !
AP – Je suis bien décidé d’attendre l’ouverture des bijoutiers en ville pour te dégotter une Saint-Valentin dont tu me diras des nouvelles. En attendant, je pars aux provisions.
(Il sort)
HH – Antoon, mijn Kamerad… (Il veut sortir avec lui. LD le retient)
LD – Alors, mon Siegfried, on a perdu comme ça, sa Lorelei ? D’ici à ce que ton Antoon trouve une supérette ouverte on a deux heures devant nous.
HH – Antoon ist des Standar zu vertragen, zupporter. Geschlagen – battu - fünf in Nullpunkt, Alle zupporter coucou… malheureux !
LD – Coucou !... Tu veux dire cocu… un 14 février…

F I N

29 mai 2016

L’ex-liégeois nous hait !

C’est ballot tout de même ! Voilà une quinzaine que les journaux avaient oublié jusqu’à l’existence de notre ministre des affaires étrangères. Le Soir répare ce crime de lèse-majesté en laissant Didier Reynders étaler son ego sur une belle page du journal.
Contrairement aux bruits qui circulent sur une retraite prématurée du grand homme après cette législature, Moi-Je n’a pas l’intention de renoncer aux bienfaits de l’omnipotence. Seulement voilà, son chef de gouvernement commet tant de boulettes qu’il sera difficile au MR de rempiler dans deux ans et quelques. On ne voit pas les libéraux refaire surface dans les Régions. Alors, Sa Suffisance n’a plus qu’une seule alternative se refaire une santé dans le parti en remettant à sa place le petit Chastel, c’est-à-dire sur une chaise devant la tribune. Reste le clan Michel, âpre aux gains comme lui et bien décidé à défendre chèrement la position du fiston Charles.
En attendant, Didjé entend rappeler aux gazettes qu’il existe et que la vraie tête pensante du bazar de la rue de la Loi, c’est lui.
C’est fini de faire du tourisme et de courir nos ambassades à l’étranger, Monsieur d’Uccle revient parmi nous. Il faudra compter sur lui plus que les deux infâmes de son parti qui n’ont jamais abdiqué l’envie de causer sa perte.
Comme l’illusionniste est en délicatesse avec les Michel dont il tire momentanément sa subsistance, il ne lui reste plus que l’alternative de tomber à bras raccourci sur Di Rupo et sa pétroleuse inusable Laurette Onkelinx.
Les deux compères en socialisme décadent ne demandent pas mieux. Une coulée d’acide de Reynders dans une gazette, ça leur fait une ligne de plus de popularité dans le populo, et comme ils ont besoin d’un coup de pouce en ces moments de sondages défavorables, c’est du pain béni.
Reynders remonte la manivelle de son vieux phono. Madame Véronique Lamquin n’aura pas à ouvrir son recorder, et c’est parti pour un seau de colle à tapisser depuis l’Echo, afin de rafraîchir le salon de monsieur Tout-le-Monde.
Je ne sais pas si la gazette va vendre un numéro de plus, mais c’est comme une armure en carton de Game of Thrones, ça va faire illusion et c’est ce qui compte.
Avec l’âge, redevenu pot-au-feu, Reynders voit des complots partout. Là-dessus, on peut lui faire confiance, c’est un expert. Ainsi, « Le Parti socialiste instrumentalise les mouvements sociaux à des fins politiques, dénonce Didier Reynders (MR)… dans L’Echo samedi. « On nage en plein surréalisme », constate-t-il face aux grèves à répétition dans le paysage belge. » Journal Le Soir (1).

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Voilà cent ans que les gros poissons de la FGTB apprennent à nager dans les locaux du PS ! Sauf que la base ne se laisse plus tellement avoir par les encartés du parti. Intelligemment, le PTB essaie de se faire des cadres syndicaux et avec la baisse de forme du PS, il espère un jour pouvoir accéder aux places de décision. Ce qui rendrait quand même ce grand syndicat plus près des gens qu’il ne l’est actuellement.
Didier Reynders s’étonne facilement, quand Jean-Pascal Labille (PS) annonce « des problèmes sociaux à venir chez bpost alors que pas le moindre syndicaliste n’avait encore dit un mot en ce sens », tandis qu’Elio Di Rupo, président du PS, prétend « que la FGTB n’est pas socialiste ». Etc…
Depuis son retour ébloui du Taj Mahal, la politique du ministre est tombée enceinte de ce vieux reproche bien connu de tout le monde, sauf de lui. Il n’a pas entendu au passage les plaintes et les cris de fureur de toute une population laborieuse contre la politique du gouvernement.
Il ne sait rien de la misère des gens, ce grand homme !
Quant aux doubles cartes des FGTB-PS différents quand ils sont dans l’opposition et au pouvoir, cela aussi est en train de changer, si on veut bien revenir à la commandite de l’assassinat des jeunes et des cohabitants chômeurs par Di Rupo, laissant à l’homme de main suivant le sale boulot. La FGTB n’a pas été en reste de critiques au premier ministre d’alors, Di Rupo.
Enfin Reynders, ce Flamand rentré, cet apostat des Liégeois, quand il observe un décrochage de la Wallonie par rapport à la Flandre surtout visible « dans les anciens bastions industriels liégeois et hennuyer », c’est toute la mesquinerie du boutiquier qui remonte, l’ingrat oubliant que le peuple liégeois l'a nourri en indemnités et cadeaux parlementaires. C’est un acide sur l’estomac, depuis qu’il a raté la place de bourgmestre à Liège.
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1. Tombé bien bas Le Soir, puisqu’il recopie l’artiche de Martin Buxan dans l’Echo. Il n’a même plus les moyens de dépêcher Véronique pour y aller de son « Poussez… poussez… l’escarpolette… ».

28 mai 2016

Un juin torride.

On peut l’aimer ou le détester, Mélenchon a quand même rivé leur clou hier soir sur France 2, à tous ces journalistes ramant pour la seule cause de l’économie de marché !
David Pujadas très ému pour la der des ders "Des Paroles et des actes" s’est défendu avec le sourire. Cependant, Mélenchon n’a pas tort lorsqu’il affirme que la presse écrite française est dans les mains de huit ou neuf « milliardaires ». Il va de soi que l’information télévisée suit le même cours, avec d’autres responsables tout aussi clivés.
Challenge explique la tactique « déconstructive » de Mélenchon. « Sa seule cible, ce sont les téléspectateurs des gauches de la gauche qui pensent que les médias ne sont pas libres, propriétés des oligarques stipendiant des "éditocrates" chargés de convertir le peuple au néo-libéralisme destructeur. En s'en prenant aux symboles Pujadas et Saint-Cricq (et même François Lenglet, accusé d'être "corrompu") Jean-Luc Mélenchon cherche à prendre de vitesse les éventuels rivaux en candidature gauches de la gauche : Montebourg, Mamère et autres Besancenot. » C’est bien vu… sauf que les téléspectateurs des gauches de la gauche ont de solides raisons de penser que les médias ne sont pas libres.

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Reste à expliquer la stratégie de la CGT avec le blocage de l’économie. Le retrait sans condition de la loi Travail est le but à atteindre. Et si le gouvernement persistait, la CGT et FO iraient-ils jusqu’au bout de l’épreuve de force ?
Il faut quand même s’y attarder et trouver extraordinaire qu’un gouvernement « socialiste » quasiment homogène, se soit à ce point éloigné de près des trois quarts de la gauche !
Hollande et Valls marchent sur la tête !
Quand on lit les programmes des postulants à la présidence de la République chez les Républicains, on est effrayé de comprendre qu’ils sont bien pire que les défenseurs de la loi El Khomry. Il va sans dire qu’un Fillon élu mettrait la France à feu et à sang !
Des négociations restent-elle possibles, avec des protagonistes aux avis si tranchés ?
Pour avoir vécu en Belgique des mouvements similaires, par exemple les historiens contemporains pourraient revenir sur La Loi unique de Gaston Eyskens, décembre 1960. L’opinion publique change d’avis dans les quinze jours, si le conflit n’est pas réglé. Il passe sans transition de « très favorable » à « défavorable », sous la pression des médias, mais aussi à cause du peu de réserve qu’ont les travailleurs qui gagnent trop peu pour faire des économies leur permettant de résister.
Il est bien connu aussi que l’étalage des violences des casseurs dans les gazettes est de nature à retourner une opinion toujours aussi naïve et heureusement pour le pouvoir en place qu’elle le soit. Or, les casseurs ne font pas partie des cortèges des syndicats. Ils s’y invitent dans l’intention de les désorganiser et d’affronter la police.
Qu’importe ! Nous avons parmi les journalistes qui couvrent les événements de ce genre des spécialistes qui s’y entendent pour montrer avant tout la violence et sans jamais parler du fond et surtout en taisant les provocations policières et tout ordre venant des chefs de la police tendant à bien laisser pourrir une manifestation avant d’intervenir.
La gêne occasionnée par les grèves : disette de carburants, perturbation dans les chemins de fer, etc. sont aussi des éléments contreproductifs.
L’enlisement, le désintérêt et finalement l’hostilité des futures victimes de la loi El Khomry finiront peut-être par user la détermination du début. C’est le souhait du gouvernement, qui multiplie les appels à la fermeté et campe sur ses positions dans l’espoir d’un pourrissement.
Des libéraux habiles entendent bien mettre le doigt sur les paradoxes de ce conflit tout de même hors nature d’une gauche au pouvoir contre les syndicats. Les mouvements sociaux mobilisent les forces de l’ordre et créent des « trous » dans les systèmes de surveillance du territoire. Que devient le risque terroriste dans cette débauche d’efforts du citoyen contre la police ?
Le mois de juin est à haut risque. Le coup d’envoi de l’Euro de foot est pour le 10 du mois. D’ici là, d’autres syndicats sensibles ont déposé des préavis pour des revendications sectorielles. On entre dans une situation totalement irrationnelle, un attentat, un dérapage, tout peu arriver.
Ce sera trop tard pour l’exécutif d’en faire porter le chapeau à la partie adverse.
Des protestations autoritaires, du jusqu’au boutisme de Valls, aux positions fermes réitérées de Philippe Martinez, les parties se sont raidies.
Les jours qui viennent seront sans doute décisifs pour l’un ou l’autre camp.
Fort improbable, une dernière hypothèse serait que Hollande retour du Japon abandonne la loi El Khomry. Il ne resterait plus à Valls qu’à démissionner. Un nouveau battage de cartes du pouvoir à un an des élections ! Je n’y crois pas.
De toute manière, candidat ou pas, Hollande est si près de la porte de sortie qu’on ne lui voit plus un regain de carrière de quelque côté qu’il se tourne, à vrai dire, son parti non plus.

27 mai 2016

Vues du Carré.

Il n’est pas nécessaire d’être un grand spécialiste de l’Histoire du XXme siècle, ni un petit vieux qui a accompli les trois quarts de sa vie avant le troisième millénaire pour s’apercevoir des profondes modifications de tous les centres villes des grandes cités européennes.
Ce n’est pas en nostalgique qu’il faut se représenter le passé et le présent et juxtaposer les deux images, mais en sociologue.
Non, ce n’était pas mieux avant. Mais, aujourd’hui l’évolution est pire que tout ce que l’on pouvait imaginer.
L’appauvrissement est visible et général.
La gentrification des quartiers périphériques à certes fait fuir une certaine population, par exemple à Liège plutôt vers la vallée de l’Ourthe ou les hauteurs de Tinlot, mais c’est encore à la dégradation des façades commerciales et du genre d’articles proposés que l’on perçoit le mieux que quelque chose se passe.
Au-delà des faillites, des magasins de seconde main et des fringues tape-à-l’œil, c’est toute une harmonie entre les badauds et les commerces qui a fichu le camp.
N’entre pas en cause la foule bigarrée et cosmopolite parmi laquelle l’autochtone s’est fondu et c’est très bien ainsi, mais de cette impression d’appauvrissement général et de misère non résolue qui finit par ne plus surprendre personne.
De toute cette impression se décante un concept sociétal devenu complètement obsolète : celui d’une lente mais sûre ascension d’une cité en train de s’enrichir. Et c’est bien du contraire qu’il s’agit.
Il n’y a pas trente six responsables de ce désastre, mais deux.
Le système libéral lui-même, en train d’appauvrir les populations, tandis que court encore le leurre d’une société de consommation qui attend son second souffle.
Et le système politique, complètement à côté d’une mission confiée démocratiquement par le peuple et dénaturée par l’entêtement des leaders à ne pas voir où nous conduit le système libéral.
Que dire de plus, sinon que la catastrophe programmée se trouve dans les non-critiques des journaux qui ne voient rien venir, des électeurs eux-mêmes trop travaillés par la propagande de l’establishment et de ce fatalisme qui revient à dire « Nous n’y pouvons rien. La mondialisation nous est tombée dessus. Nous ne pouvons que suivre en limitant les dégâts. »
Jusqu’où cette erreur collective nous conduira-t-elle ?

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La différence avec les villes champignons qui reculent les zones de bidonvilles au fur et à mesure de l’expansion et de la modernisation des centres, des vieilles villes comme Liège se débattent entre déclin et sursaut. C’est tout un quartier qui renaît en compensation d’un autre qui meurt. Mais, c’est finalement le déclin qui finit par avoir raison des deux, puisque la moyenne des revenus est en baisse et finit par rattraper la nouveauté.
Les forces manquent. Les gens perdent tous les jours un peu de ressources par rapport aux années précédentes. La Commune se défend de cette lente descente par l’augmentation des taxes communales ce qui accélère les déperditions financières.
L’histoire du tram et de l’exposition avortée sont deux symboles.
Pour le moyen de transport, on attend des subsides. On fait et on défait son parcours, de toute manière, tellement attendu que personne ne voit pas que le plus utile serait de joindre Ans à Fléron par un parcours aérien ou souterrain. L’exposition internationale allait transformer Bressoux et Coronmeuse en petites merveilles. C’était un beau projet. Que ne le fait-on sans le prétexte de l’expo ?
On ne le fait pas parce que nous n’en avons plus le ressort, ni l’envie. L’enthousiasme fait défaut.
Parce que le système libéral a poussé le plus grand nombre dans la recherche des élémentaires besoins et que ceux qui se sont enrichis du travail des populations de la vallée mosane coulent des jours heureux ailleurs.
Seules nos élites politiques sont restées et c’est tant pis, puisque c’est pour nous pomper nos dernières réserves.
Ce n’est pas une consolation, mais si c’est fichu à Liège, c’est fichu ailleurs aussi.

26 mai 2016

Sauter du train-train en marche…

Dans la nature, comme dans ce gouvernement, certaines d’entre les espèces qui cohabitent finissent par se manger entre elles, pour de multiples raisons, dont la principale est une disette soudaine que complète l’instinct primitif de domination.
Comme le chef représente le seul parti francophone, il est en train d’étouffer par les constrictions des reptiles à sang-froid de la N-VA, du CD&V et de l’Open Vld. Il va finir par se faire bouffer, d’autant que les syndicats commencent à la trouver mauvaise et que le reste de la francophonie ne le plaindra pas trop.
Il n’est pas éloigné le temps où les journaux reprendront l’ancienne appellation du gouvernement : la Kamikaze.
Enfin, Charles aura été premier ministre. Son papa en pleure encore d’émotion chaque fois qu’il y pense.
Pour avoir caboté pendant deux ans au large des côtes flamandes, ce n’était pas la peine d’avoir fait germer un certain espoir dans les boutiques et se retrouver avec les syndicats sur le dos dans un future bras de fer à la française.
2019, l’échéance se rapproche. Ça sent la défaite. De Wever fulmine. L’autre parti d’adolphins gagne du tonus. Et si le Vlaams Belang reprenait des couleurs au détriment de la N-VA attendu que le chef bien-aimé de Jan Jambon qui allait assainir les finances et rendre des paquets d’or à gagner aux barons de l’industrie flamande, n’a fait qu’une gestion assez terne à Anvers ?
Le dernier sondage montre le chemin de la sortie peu glorieuse de tout ce joli monde. Mieux, tiendront-ils encore deux ans et demi ?
Grâce à Michel et à l’idéologie similaire du PS, en Wallonie, c’est la première fois qu’un sondage fait montre d’un optimisme historique pour le PTB.
Côté opposition, Di Rupo a un zéro pointé dans sa cote de président des rosés. Paul Magnette essaie bien de rattraper le coup en faisant des mamours à Hedebouw, mais je doute que celui-ci tombe dans le piège de l’amitié marxiste retrouvée.
Une seule certitude, il est dangereux de participer à un pouvoir qui n’a rien à donner mais tout à prendre aux électeurs. La N-VA revient à 24 % dans les temps intermédiaires, c’est loin des 40 espérés !
C’est un peu ce que souhaitait le Palais, à condition que le Vlaams Belang ne finisse pas par avaler la N-VA et que les Anciens Belges ne soient obligés de discuter le coup avec un Vlaams Belang devenu incontournable.
Bart De Wever est écartelé entre son goût pour une politique économique de droite qui est à son goût et la réalité qui lui ouvre les yeux sur un électorat qui semble l’être moins que lui et qui ne le rejoint que sur des questions communautaires où il est accusé d’être mou !
Les attentats ont aussi indiqué que le savoir-faire en matière de prévention du terrorisme n’était qu’un blabla d’experts douteux et que si Charles Michel était lui-même passé expert, c’était pour se défiler de ses responsabilités.

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Finalement, Michel n’est qu’un régisseur de kermesses, capable de sortir le gratin des Belges de son bunker, pour une commémo « hommage aux victimes » qui à défaut de toucher les gens a eu pour désagrément de les emmerder prodigieusement.
Hollande passe pour mou et inactif, Charles Michel n’est pas loin de lui ressembler. Son ministre des affaires étrangères doit bien rigoler dans ses petits voyages d’agrément aux ambassades lointaines.
Un vide sidéral sort du porche, gardé par des MP de l’armée belge. De la rue de la Loi, des journalistes déboulent encore dans les rédactions, mais ils n’ont rien de neuf à montrer que le sourire de commande de Kriss Peeters. On ne dit pas la difficulté de faire dix lignes de ce que ce type leur raconte ! Quant à Michel, on ne le voit jamais. Il entre par l’entrée des artistes.
Reste à savoir quelles actions donneront l’impression que Charles Michel s’est brusquement souvenu qu’il était payé pour faire au moins quelque chose.
À part la rage taxatoire que le père dénonçait en grinçant des dents en parlant des socialistes et que le fils a repris à son propre compte pour faire semblant de gouverner, il n’y a rien à signaler.
On devrait faire une loi pour défalquer des sommes importantes des salaires des ministres qui ne fichent rien.

25 mai 2016

Près de la grève…

…souvenez-vous,
Des voix de rêve chantaient pour nous,
Minute brève du cher passé,
Pas encore effacé.
La grève, nos voisins n’y dansent pas comme dans « Le plus beau tango du monde » tourner sur la piste dans les bras du capitalisme, c’est fini. Le cher passé s’efface peu à peu. Tino Rossi, c’est qui ?
En Belgique aussi, les bénéficiaires du système se sont mis d’accord de nous faire payer la facture. On renâcle. C’est légitime, non ? C’est même grâce à la douceur de ses mœurs que le peuple n’emprisonne pas, ou pire, ces voyous !
Qu’est-ce qu’il reste aux pauvres bougres assaillis par la perversité des maîtres de l’économie, quand leurs chefs ont rallié le camp d’en face ?
Mais, la grève !
Et ce n’est pas rien pour celui qui n’a pas grand-chose pour vivre de se croiser les bras ! C’est-à-dire de risquer de perdre le peu qu’il a !
Ainsi, il aura fallu un gouvernement socialiste en France pour montrer toute la rouerie, certains diront la félonie, d’un François Hollande et de ceux qui le suivent dans une société libérale, pas encore ultralibérale et qui risque de le devenir avec la loi El-Khomry.
Au moins, en Belgique, Charles Michel est franc de collier de ce côté là. Il défend l’économie libérale et, comme elle va mal, c’est l’ouvrier qui paie les pots cassés. Il ne nous aime pas. C’est réciproque.

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Le cas de la France est à méditer. La gauche au pouvoir n’est quand même pas là pour mélanger les genres et réduire ses électeurs au pain sec et à l’eau.
On n’aurait jamais cru qu’un système économique malade contamine à ce point un grand parti de gauche, au point que ce dernier est au bord de l’éclatement, sinon qu’aux élections prochaines il ne dépassera pas les 15 % d’électeurs. Ce qui au vu du climat actuel serait un succès.
Les grèves qui se déroulent en Belgique sont loin d’avoir l’ampleur du drame français avec les risques là-bas d’une pénurie d’essence qui ressuscitent les paniques anciennes sur « le manque ». Et c’est bien là une faille de la société de consommation à laquelle on demande une chose impossible : faire comme si les travailleurs participaient à une grève dont personne ne conteste le droit, en même temps que ceux qui font marcher les trains ou approvisionner les pompes à essence ne pouvaient pas la faire pour ne pas indisposer la population !
À remarquer que la réaction de Manuel Valls est typique de celle d’un Bart De Wever ou d’un Charles Michel : ce sont des démocrates, certes, mais un rien les ferait basculer dans un régime fort, s’ils n’y étaient déjà, avec l’excuse de combattre le terrorisme.
Comme toujours, la presse complice cherche des responsables en accord avec les autorités, « Mais quels sont les salauds qui empêchent les Français de rouler ? », la réponse est presque toute dans la question. Il y manque les sigles CGT et FO.
S’il suffisait d’être comme d’habitude pour que la loi ne passe pas ! On peut dire que les Français sont des peureux, des esprits dans le brouillard, bref des moutons de Panurge et c’est la meilleure façon pour que malgré une forte majorité contre, cette loi finisse par installer ses nuisances d’ici la fin du mandat de Hollande.
Ce qui ne fera qu’aggraver la chute du PS.
Quand François Hollande martèle que "ça va mieux", 86% des Français ne le croient pas.
Et ça, ce n’est pas de l’effet Panurge, c’est la réalité.

24 mai 2016

Garçon un PILS !

Bart De Wever a bien décrit les gardiens de prison en grève, mais c’était pour lui-même. Le tableau qu’il en donne lui va comme un gant. En se repliant sur la Flandre nationaliste et droitière, il veut « revenir dans le passé », sa conception libérale le place toujours sous l’ancien régime. Il a choisi le métier de fort en gueule parce qu’il y abat peu de travail et qu’il gagne plus que la plupart de ses admirateurs. Il refuse toutes les économies dans ses emplois et toutes les réformes qui seraient de nature à diminuer ses prérogatives.
Il a ensuite chargé les syndicats, inconsciemment il pensait à la N-VA : « Je trouve incroyablement cynique que la N-VA (les syndicats) prétend protéger les faibles. Les détenus, on les laisse pourrir dans des circonstances incroyables. Sans parler de la casse au ministre de la Justice. Quand vous voyez cela, certains ministres N-VA (gardiens) sont du mauvais côté de la cellule. »
Charles Michel devait rattraper le coup et montrer à son aile flamendo-flamande qu’il était à la hauteur.
Jusqu’ici seuls les bénéficiaires âgés de moins de 25 ans devaient souscrire à un projet individualisé d’intégration sociale (PIIS). Tous doivent désormais y souscrire, y compris les réfugiés reconnus et les bénéficiaires de la protection subsidiaire.
Comme il n’y a rien de prévu de techniquement valable pour former efficacement à un métier susceptible de tirer d’affaire, bonsoir pour les galères que ce gouvernement prépare pour toutes les catégories d’âge dans le cadre de cette aide des dérivés du CPAS. .
Un qui n’en rate aucune derrière son maître, c’est bien Willy Borsus. On lit dans les gazettes ce dont ce philosophe des boutiquiers de droite est capable. «Il s’agit de guider et d’accompagner des personnes souvent fragilisées, bien évidemment pas de les punir». Et ce ministre de l’intégration compte sur qui pour cette mission ?
C’est ici que Borsus tente de calmer De Wever. Parmi les contraintes qui s’imposent dorénavant aux bénéficiaires du RIS figurent le suivi de cours de langue (le néerlandais en priorité puisque la Flandre est soi-disant à court de main-d’œuvre).
On voit le genre. Comme peu de places sont possibles dans les écoles d’apprentissage, le pouvoir d’un CPAS de faire « cavaler » son demandeur dans un établissement au diable-vauvert est grand, réduisant d’autant les heures au cours desquelles le bénéficiaire peut se présenter chez un éventuel employeur.
Gonflé comme il n’est pas permis, Borsus pense que l’objectif est de rendre le bénéficiaire plus autonome dans ses démarches de manière à aider à le réinsérer dans la société. Une «marge d’appréciation» est laissée aux CPAS qui peuvent constater, par décision motivée, l’"impossibilité» ou le «caractère inopportun» de conclure un PIIS pour des «raisons spécifiques», a précisé le ministre MR.

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Bien entendu tout ça c’est du bidon, le but est de dégraisser la pâtée qui a vu monter la sauce avec les lois de Di Rupo en matière de chômage que Charles Michel s’est empressé de mettre en pratique.
En clair, trois évaluations devront avoir lieu par an avec le bénéficiaire pour assurer le suivi de son projet. En cas de non respect des engagements, des sanctions peuvent être prises rapidement, allant de la suspension du RIS d’un mois maximum (jusqu’à trois mois maximum en cas de récidive). Un sursis est également possible comme épée de Damoclès.
Et voilà comme on maquille cette nouvelle petite saloperie soi-disant pour lutter contre la misère en offre « généreuse » ! L’option d’un service obligatoire avait circulé lors des négociations relatives à la mise en place du gouvernement Michel.
Ce beau projet ne pourra pas non plus entraver les démarches que doit produire le bénéficiaire censé rester disponible sur le marché du travail, a rappelé Mme Sleurs, l’autre « ange de miséricorde du gouvernement ».
Ben voyons !
Le ministre Borsus a souligné que la réforme répondait à l’augmentation du nombre de bénéficiaires du RIS. Selon une estimation, on attend 38.910 nouveaux dossiers pour 2017. Ceux-ci devront donc obligatoirement bénéficier d’un projet individualisé d’intégration sociale.
Vous voyez d’ici la combine ?
Si après ça, Bart De Wever n’est pas content !

23 mai 2016

Une commémo a encore frappé !

Ce dimanche une cérémonie d’hommage aux victimes des attentats de Bruxelles.
Ce serait presque inutile d’aller plus avant et de laisser cette phrase qui dit tout comme seule contribution de ce jour.
Malgré tout le respect dû aux victimes, les autorités s’en tireraient à bon compte.
La Belgique a la spécialité de produire des hommages parmi les plus inadéquats et emmerdants au monde.
Elle a proprement dépassé les bornes en ce qui concerne les victimes. Celles-ci étaient reléguées loin derrière les importants, malgré les quelques témoignages, sans doute triés sur le volet. Mieux, certaines n’ont même pas reçu un carton d’invitation !
Il y a outre cela un certain culot de la part des autorités présentes, puisque la commission d’enquêtes, chargée justement de faire la clarté sur ce qui a foiré dans les services urgences et préventions des attentats, a commencé de dresser une liste des manquements dont les responsables étaient présents et plastronnaient dans les premiers rangs.
Il fallait le discours de Charles Michel pour achever tout le monde par des mots archi usés et d’une convention à faire périr d’ennui son père, son plus enthousiaste groupie.
Un type, plus malin que lui, aurait licencié sur le champ celui qui dans son ministère est chargé d’écrire les discours.
Allons, Michel, vous réussissez à reproduire tant d’idées et de mots convenus par centimètre carré d’écriture, que Flaubert, s’il vivait encore, aurait certainement salués le phénomène dans une nouvelle édition de son Dictionnaire des idées reçues. À vous entendre, il eût sans doute changé sa définition de ministre « Dernier terme de la gloire humaine », en « Charles Michel, ministre, dernier terme de la gloire humaine ».

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Vous eussiez passé à la postérité.
Alors qu’aujourd’hui en jouant l’orphelin de ceux qui ont été victimes des attentats, on vous aura oublié dès la fin de la législature et même avant, si vous poursuivez votre façon de gouverner en se défaussant sur les autres.
Ah ! le pouvoir, qu’est-ce qu’on attrape comme melon, bien que vous cachiez le vôtre sous une humilité apparente. Dès les premiers mots, on vous sait suspect.
Vous êtes l’illustration parfaite de l’échec de la Belgique en bien des domaines outre celui qui réunissait le gotha des banlieues chic comme pétrifié sur les chaises d’honneur. Parce qu’il n’y a pas que sur le terrorisme et sa prévention au sujet desquels vous êtes la risée du monde, vous ne réussissez pas mieux dans les autres domaines.
Il faut dire que les partis flamands de votre majorité se chargent de vous décrédibiliser davantage que ne le fait Di Rupo au PS, parti comme le vôtre, en chute libre dans les sondages.
Moralité, vous aurez une fois de plus gaspillé l’argent des contribuables pour une vaine cérémonie. Je suis persuadé que ces sommes dépensées autrement et notamment offertes aux victimes des attentats, dont certaines sont dans le besoin depuis, vous auraient attiré plus de sympathie et de considération que l’événement mondain que nos télévisions toujours à la lèche des maîtres, nous ont donné en spectacle une heure durant.

22 mai 2016

Il y a guerre et guerre.

On use de superlatifs pour définir des événements graves, si bien qu’on en prend la mesure en fonction de leur retentissement.
C’est en pesant généreusement le poids des mots qu’on en dénature la signification.
Aujourd’hui, à entendre nos têtes de gondole, nous sommes en guerre contre le terrorisme ». Je croyais qu’être en guerre signifiait qu’un État était sur le point d’agresser un autre État.
On est loin du fait.
Même si la source a pignon sur rue, là où les assassins vont chercher les ordres, on ne peut pas dire que « l’État Islamique » soit un État.
Ramener l’ensemble des formes de violence à la guerre, on perd illico tous les bienfaits de la paix avec pour conséquence une perte de nos libertés. En même temps, le pouvoir en profite pour oublier de se justifier d’une série d’actions sur le traitement desquelles il n’a pas particulièrement brillé.
Le citoyen se laisse plus volontiers pousser dans le dos par la police, sous prétexte que c’est pour le bien public.
On oublie aussi la différence de statut entre un militaire et un civil, de sorte qu’on nous exhorte à nous mobiliser.
Enfin, le pouvoir toujours aussi prompt à se défiler de ses responsabilités, prolonge tant qu’il le peut l’état d’exception, ainsi en cas d’un nouvel attentat, on ne pourra pas l’accuser d’être revenu trop vite à une situation normale.
Les termes guerriers affectés à cette « guerre » spéciale produisent des effets dévastateurs sur le comportement des citoyens. C’est un peu comme si on était le spectateur d’une fête nationale près de la tribune d’honneur parmi les anciens combattants. Aux roulements de tambour et le son des trompettes, notre système nerveux prend le pas sur l’intelligence.
On échange sans le savoir notre aptitude à la culture, à notre éducation pacifique, à la poésie même de certains moments sans être poète, contre des propos guerriers faisant état d’une lutte impitoyable contre les forces du mal. Tout ça à cause de petits voyous de quartier qui se font chambrer eux-mêmes par des malfrats instigateurs plus malfaisants encore.
Qu’y perdons-nous d’abord et en premier lieu ?
Une certaine idée de la liberté.

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Et en y renonçant sans nous en rendre compte, nous servons sans le vouloir les objectifs criminels de ces délinquants. Nous hissons à des faits de guerre, des faits-divers crapuleux.
Tandis que la liberté d’entreprendre reste une valeur absolue sans discussion possible, la liberté politique de l’électeur est de plus en plus encadrée, enfermée dans le processus électoral, étouffée par les hommes de parti et de pouvoir. Nous ne les avons pas vus grignoter notre espace décisionnel collectif. Nous aurions peut-être dû nous méfier dès lors que leur statut d’homme public passait d’un bénévolat « par amour du peuple » à un métier, avec tout ce que cela comporte d’exigences, de revendications et de réticences à lâcher le pouvoir.
De glissement en glissement avec le pompon « d’état de guerre » voilà l’Europe quasiment formée d’États libéraux autoritaires, faisant des accords avec Erdogan, Turc modèle qui fait passer un État sur la voie de la démocratie, à la dictature.
Alors que s’accomplit un processus de mondialisation des échanges, avec l’ouverture généralisée des marchés, le citoyen a de plus en plus de contraintes ! (1)
L’État de guerre aura certainement contribué à la rupture de l’alliance, tant souhaitée pourtant, des sociaux-démocrates, entre capitalisme et démocratie.
Bien entendu les partis qui s’en réclament toujours ne sont absolument pas d’accord avec mes propos, cependant en Belgique l’avancée du PTB qui mord sur la clientèle du PS en est l’illustration parfaite. Les adhérents sont moins nombreux, quoiqu’encore majoritaires, à cette « communauté du monde de l’argent et du monde de la citoyenneté ». À la réflexion, on n’y croit plus.
De ce point de vue, la notion de guerre, cette fois de guerre sociale, pourrait s’ajouter à l’autre.
À trop jouer sur les mots, peut-être nos dirigeants sont-ils allés trop loin ?
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1. La mise en cause de la démocratie au nom d’une nouvelle version de la liberté, Wendy Brown parle de « dé-démocratisation » qui voit l’avènement d’une liberté purement et exclusivement économique.

21 mai 2016

Apprendre à être un homme.

Voilà que tout repart à nouveau à propos de l’enseignement en Belgique francophone. On ne sait plus comment camoufler l’affreuse vérité : des enfants sortant de l’enseignement primaire savent approximativement lire, écrire et compter ! Pourtant ils ont franchi tous les écueils pour se retrouver en sixième année, en fin du cycle !
Alors, au lieu de mettre le paquet où cela fait mal, on n’a rien trouvé de mieux que de postposer le constat douloureux du quasi illettrisme en le portant à la fin du cycle inférieur moyen. Ainsi jusqu’à quinze ans, on pourra sans aucune difficulté passer tous les examens en ânonnant à peine les questions, réservant aux réponses la grosse écriture pâteuse des laborieux de l’écrit.
Certes, on n’en peut évaluer le nombre. Ils ne sont pas tous débiles légers. Des intelligences vives sont parmi eux. L’instruction publique est en train de faillir à sa mission en ne les décelant pas, en renonçant par avance à les sortir de là.
On pourra évoquer la société de consommation, les gadgets, la faiblesse des parents, la pensée unique qui tue l’esprit critique, la guerre des écoles, l’absurdité du cours de rien, bref le climat délétère d’une fin de civilisation.
Certes, il y a un peu de tout ça.
Mais, il y a surtout le manque de moyens et une formation plus que tendancieuse des enseignants eux-mêmes.
Et là, la faute impardonnable incombe entièrement aux pouvoirs politique et administratif.
Il n’y a pas assez d’enseignants et les matières qu’ils donnent sont trop foisonnantes, trop dispersées pour qu’elles atteignent leur but : rendre la théorie perceptible à l’intelligence brute afin de l’ouvrir à l’humanité et à la culture.
On fait exactement le contraire. On est presque tenté de dire qu’avant de savoir les quatre opérations et de conjuguer des verbes selon les temps adéquats au récit, on place l’enfant dans l’urgence d’apprendre les techniques ouvrant sur les métiers, non pas en l’habituant à tenir un tournevis, mais en renonçant à l’instruire correctement de sorte qu’il sera un manœuvre d’industrie de base que l’école convertira, peut-être, en technicien du plus bas niveau.
La pensée funeste qu’il manque des chaudronniers et des soudeurs à l’arc, qu’on revendique cent emplois non pourvus dans la boucherie et qu’il convient d’en former, anéantit toute les classes sociales défavorisées qui placent leurs enfants à l’école, réduisant la formation à l’utile et aux besoins du moment. Alors que l’école ne sert qu’à faire des hommes debout !
Ce n’est pas une, mais dix guerres en retard qu’ont les ministres de l’instruction publique. À leur décharge, ils suivent les modes, les défis budgétaires, la pensée libérale si stupide qu’elle ne voit pas que ce qu’elle défend n’existe déjà plus.
Il faudrait mettre le paquet dans la formation des maîtres, dans un programme qui retrouverait les valeurs humanistes, apprendre aux maîtres à apprendre, et en former beaucoup afin de réduire le nombre d’élèves par classe et rouvrir celles des villages. En somme, il faut faire le contraire de ce que l’on produit sous la pression économique et les « tendances » mondialistes du moment.

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Gallimard, coll. "de La Pléiade", pp. 1390-1392. Œuvres en prose de Charles Péguy, on y lit un texte de cet ancien instituteur qui devrait être lu et commenté dans toute école d’enseignement supérieur des maîtres d’école et de collège.
En voici de courts extraits « …une société peut passer, truqué, maquillé, l’enseignement ne passe point, quand une société ne peut pas enseigner, ce n’est point qu’elle manque accidentellement d’un appareil ou d’une industrie ; quand une société ne peut pas enseigner, c’est qu’une société ne peut pas s’enseigner ; c’est qu’elle a honte, c’est qu’elle a peur de s’enseigner elle-même ; pour toute humanité, enseigner, au fond, c’est s’enseigner ; une société qui ne s’enseigne pas est une société qui ne s’aime pas ; qui ne s’estime pas ; et tel est précisément le cas de la société moderne.
Les parasites politiques parlementaires de tout le travail humain, les politiciens de la politique et de l’enseignement ont beau célébrer la science et le monde moderne et la société contemporaine en des ripailles cérémonielles ; ni la chaleur communicative des banquets, ni les décorations et les discours programmes et les toasts et les manifestations et les distributions d’eau bénite laïque ne font une humanité, un enseignement, une culture ; comment enseigner quand tout le monde ment ; je sais que l’on ment beaucoup dans l’enseignement ; mais tout de même l’enseignement répugne plus au mensonge que les autres opérations sociales ; l’enfance et la jeunesse ont, dans les sociétés les plus endommagées, une certaine force d’innocence propre qui résiste aux empiètements de la fraude ; c’est pour cela que la pédagogie réussit moins que les autres formes de démagogie ; et c’est pour cela que les maladies sociales venues du mensonge apparaissent d’abord en symptômes pédagogiques. »

20 mai 2016

Mal parti et bien arrivé !

Personne n’a encore relevé le paradoxe d’une politique générale de mondialisation des échanges commerciaux et en même temps l’enfermement entre des murs de chaque État ouvert au commerce !
C’est une mondialisation qui a horreur du cosmopolitisme !
On vend et achète de tout à n’importe qui, sans cesser d’édifier de nouvelles barrières à l’intérieur même d’une Europe qui était censée les renverser. Et même entre les murs des États, par les inégalités sociales qui sautent aux yeux de tous, voilà que des barrières symboliques mais ô combien efficaces se dressent séparant les riches des pauvres, les civilisés des barbares, les intelligences scolaires des intelligences naturelles.
La pire chicane de toutes, une religion d’un seul Dieu contre une autre religion d’une même adoration unique, à croire, puisqu’il n’y aurait qu’un seul Dieu, qu’on croit avoir le bon et que les autres sont des imposteurs, d’où des haines atroces et des guerres sanglantes d’une confondante bêtise.
Pardon pour ceux qui lisent ce blog sans faire pour autant de la philosophie, mais le cosmopolitisme kantien n’est pas qu’une idéologie de la bourgeoisie des Lumières vue de Königsberg, C’est une façon de tenir bon sur des principes de laïcité à un moment fort du resurgissement d’une foi mettant à mal la raison, la critique et l’intelligence.
Il faut y regarder à deux fois, mais ce principe de laïcité est le seul garant de la démocratie, si faible soit-il.
Ce qui promeut l’Humanité, ce qui la propulse et la transcende vers plus d’égalité, c’est justement la défaite d’une croyance, celle d’une Humanité créée par Dieu.
À croire que les débats actuels nous replongent cent ans en arrière.
C’est le défaut d’une génération qui, ne sachant plus lire, oublie les leçons du passé, non pas pour se conformer à ce qui fut, mais pour user des matériaux desquels on a appris à se servir, pour aller de l’avant et bâtir autre chose.
Comment repenser un monde sans savoir ce qu’il advint des encyclopédistes, dont on ne nous apprend plus la connaissance et du balbutiement de tout le reste ?

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Voilà le danger du néant qui approche. Le monde finit par se détester et les gens se vouent à la catastrophe, comme si par définition la catastrophe n’était pas autre chose que l’inéluctable contre lequel on ne peut pas lutter !
La pire catastrophe n’est-elle pas celle décrite par Walter Benjamin « …que rien n’arrive » ?
Le monde clos est fini. Le monde cosmique commence. L’univers est infini, voilà qui donne une claque à l’homme narcissique. L’homme n’est plus le centre de l’univers. Il a perdu sa position privilégiée de « chouchou » des dieux, jusqu’à devenir soit le fils, soit le prophète, pour finir en massacreur-soldat suppléant à tout, Dieu compris, par des prêtres-commerçants.
Les promesses du futur ne sont-elle pas dans ce que l’homme peut encore inventer ?
On nous dit que le danger viendra de ce que créant sans cesse, l’homme ne finisse par inventer une chose immaîtrisable, comme la scission de l’atome à grande échelle ou une intelligence artificielle supérieure à celle de son créateur.
D’autres craignent qu’un gros caillou de la taille d’un terrain de football, nous tombant sur la tête, cela soit suffisant pour clore le chapitre des mammifères.
Faut-il pour autant se réveiller la nuit et avoir peur ?
« Les philosophes ont interprété le monde, écrit Marx, il faut désormais le transformer ».
Transformons les inégalités en égalités, la faim en un programme de ressources alimentaires, la soif en une préservation de l’eau des océans, les frontières en limites des cultures exclusivement, de sorte que les savoirs locaux puissent être préservés et en même temps ouverts sur les autres.
Terminons-en avec les lois économiques du travail productivistes. Partageons les corvées et n’appelons plus cela travail, donnons aux créateurs les moyens de créer.
Bref, il y a tant de choses à faire qu’être conservateur aujourd’hui, c’est presque adorer les temps anciens de barbarie, plutôt que celui d’un ordre, de toute façon disparu.

19 mai 2016

Charles attend !

C’est vrai, ça !... Marcourt a raison. Mais où est donc passé Charles Michel ?
On ne le voit plus nulle part, sinon larmoyer parfois sur RTL devant un Vrebos attendri comme si le grand bavard des ondes avait devant lui son fils.
Ce n’est plus le premier ministre que l’on a connu il y a deux ans, heureux que papa lui ait soufflé qu’il devait prendre sa chance et passer premier ministre. Certes, il était déjà comme ça avec le grand vaincu des libéraux, Didier Reynders, mais c’était pour mieux faire enrager l’autre. Il l’avait dépouillé de sa place de président du MR !
Aurait-il trouvé là « un rôle » à sa mesure ? Mais larmoyer à la tête d’un pays, ce n’est pas le diriger. C’est tenter d’apitoyer les plus forts, enfin ceux qui sont les plus nombreux dans sa majorité : les Flamands et parmi eux, un certain Bart De Wever que l’on n’entend plus guère et pour cause… Il est comme Marine Le Pen, les événements parlent pour lui, les cinq gouvernements + les Provinces sont ses meilleurs atouts.
La justice parle de voyoucratie. Les patrons ont des idées pour remonter la pente, c’est dire indirectement qu’on est tombé bien bas. Les électeurs n’y comprennent plus rien. Il n’y en a pas un sur dix qui pourrait expliquer correctement le fonctionnement politique de la Belgique.
Trop d’instances et de pouvoirs organisateurs à tous les étages font qu’on n’organise plus rien, que tout n’est qu’un décor de théâtre et qu’on fait semblant partout.
L’Administration triomphe. On lui a donné des armes pour qu’elle puisse s’organiser en-dehors du pouvoir central. Elle s’auto défend désormais par ses propres moyens contre ceux qui voudraient la réformer et la simplifier.
Pourquoi cela est-il ainsi ?
Mais parce qu’une organisation pareille a au moins le mérite de caser beaucoup de monde et parmi les gens les plus importants du royaume, ceux qui comptent et qui font la pluie et le beau temps.
Et les autres ? Ceux qui n’ont que le pouvoir de le déléguer et qui en dehors de ça n’ont rien d’autre ?
Ils travaillent, ils chôment, ils sont malades, ils meurent dans l’indifférence des pouvoirs. En-dehors du petit quart d’heure des urnes, plus personne ne leur demande quoi que ce soit.
Mais le silence prolongé de Charles Michel est assez étonnant. Suffisamment pour faire bouger un autre zombie, le vice-président PS du gouvernement wallon, Jean-Claude Marcourt.
Pour que lui s’étonne que l’autre ne fiche plus rien, on est à l’alerte maximale.

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C’est vrai aussi que visiblement Geens, le ministre de la justice, se conduit comme un manche vis-à-vis de la magistrature, des prisons et des matons, enfin de tout l’appareil qui dans une démocratie, à ce qu’il paraît, joue le rôle d’un pouvoir séparé et est craint, dans le respect du droit.
C’est toute la justice, et pas seulement le monde des prisons, qui dit qu’elle en a assez d’être maltraitée. Il faut que le Premier ministre reprenne le dossier en main. "Il apparaît clairement que (le ministre de la Justice) M. Geens est dépassé par les événements" a indiqué M. Marcourt, interrogé sur La Première (RTBF).
Koen Geens est dans le parti Christen-Democratisch en Vlaams. Bart De Wever boit du petit lait. Il fait d’une pierre deux coups. Il soutient faiblement le CD&V pour mieux taper à bras raccourci sur la Région wallonne et les Wallons.
Celui qui allait se consacrer au redressement financier de la Belgique ne fait que du communautaire, même en maniant les chiffres. Son but est d’enfoncer le clou d’une Wallonie incapable de se réformer devant une Flandre qui ne fait jamais grève et travaille dur pour trainer ce boulet !
Grand moment de silence, Charles Michel regarde ailleurs. Peut-être est-il déjà rentré chez lui donner le biberon au bébé ?
On se demande si cela n’entre pas dans sa tactique ce silence, là où il devrait donner de la voix et trancher ? Peut-être espère-t-il contrer l’offensive de la N-VA sur le communautaire en faisant semblant de n’avoir rien vu ?
Son but serait de tenir toute cette législature, sachant bien qu’après nommer un nouveau premier ministre dans les conditions actuelles s’avérera impossible.
Il est vrai que Di Rupo son prédécesseur a été le champion de l’équilibre des forces et n’a pas fait autre chose.
Reste que la Belgique n’est plus rien d’autre qu’un pont attaché au pilier central de Bruxelles par des ficelles, que le moindre courant d’air peut faire basculer les deux tabliers. On s’observe d’une rive à l’autre, les leaders des partis flamands sur la « bonne » berge attendent. La N-VA jette une pierre de temps en temps afin de régler son tir pour plus tard.
Finalement, tout le monde prépare l’hallali ou pour parler tauromachie, le coup d’épée du toréador d’Anvers.

18 mai 2016

Le PS à la sulfateuse.

Dans les tontons flingueurs, une réplique culte convient parfaitement à la situation du PS français.
" Non mais t'as déjà vu ça ? En pleine paix ? Il chante et puis crac, un bourre-pif ! Il est complètement fou ce mec. Mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance et une sévère... Je vais lui montrer qui c'est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu'on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon Puzzle. Moi, quand on m'en fait trop je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile ! "
C’est ce que Gérard Grunberg, un spécialiste du PS, prophétise depuis les débuts du mandat de François Hollande : la dispersion façon puzzle du PS de la rue de Solferino.
Jusqu’à présent, de Martine Aubry aux frondeurs, ce serait plutôt « retenez-moi ou je fais un malheur ». Personne ne les retient, mais ils ne font pas de malheur quand même.
Sont-ils trop gentils ? Ils sont surtout inquiets pour leur mandat. Si le parti part en « couilles » et qu’il n’y a pas en remplacement quelque chose de solide, ils risquent fort d’aller pointer au chômage.
Les parlementaires français sont comme les parlementaires belges, ils auraient très difficilement l’occasion de retomber sur d’aussi bons salaires et de tant de considérations dans le privé.
Cette dispersion façon puzzle pourrait-elle se produire à un an de la compétition suprême, avec un Hollande qui prépare sa réélection par une présence redoublée dans les médias ?
Peut-être, car il en exaspère plus d’un de son parti.
À commencer par les Français, leur lassitude est extrême. Le personnel politique n’en est pas suffisamment conscient. Les anciennes convictions idéologiques et la floraison des ambitions individuelles se mélangent de façon explosive.
Le débat autour de la «loi travail» en remet une couche. Si les médias prédisent une débâcle sans précédent du PS aux prochaines élections suivant l’élection présidentielle, perdu pour perdu, ne vaut-il pas mieux débarquer du bateau qui coule avant qu’il ne soit au fond de l’eau ?
«Potentiellement, j’estime que ce parti est en voie d’éclatement», estime le politologue Gérard Grunberg. Aurait-il vu juste cette fois-ci ?

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La querelle des réformistes et des marxistes n’est pas encore réglée au PS, ni chez les Verts, alors qu’elle l’est à l’extrême gauche. Sauf, que ce n’est pas sur un modèle d’unité. Et c’est là que réside toute la problématique de l’éparpillement annoncé.
Si c’est l’extrême gauche, divisée parfois sur des détails qui attend de profiter des morceaux du puzzle, alors on n’est pas près de revoir une gauche au pouvoir.
Les différentes manières de se dire «de gauche» se complique de jour en jour, avec le mouvement « Nuit Debout » qui n’est d’aucune formation politique, mais affirme être de gauche et la dernière apparition à la télé de Montebourg s’exerçant lui aussi à l’ascension d’un mont comme Mitterrand eu la Roche de Solutré, sont de nature à donner le tournis. Au centre et à droite, la division règne désormais au PS avec les deux stars du gouvernement : Emmanuel Macron et Manuel Valls.
Symbole fort, Macron à Orléans lors des fêtes de Jeanne d'Arc, a eu sa vision de la France, comme la pucelle, c’était pour le moins audacieux. Apparemment, lui aussi entend des voix !
La différence avec Vals, Macron affiche hardiment un libéralisme décomplexé, économique et sociétal, Manuel Valls verse dans le sécuritaire.
À l’approche du public Macron paraît plus sympathique. Vals a l’air d’être en une colère permanente, ce qui ne passe pas dans les médias.
Et Hollande dans tout ça ?
Il laisse à voir, même si ce n’est pas la réalité, un homme prudent dont la seule arme est la conciliation, mais sans jamais trancher, toujours sûr de lui-même et croyant à son destin.
L’opinion n’en veut plus, ce que les sondages confirment.
Le président aura-t-il assez de temps pour changer son image ?
Jean-Luc Mélenchon a déposé sa candidature à l'élection présidentielle en premier, prenant toute l’extrême gauche de vitesse.
Ce seul fait est de nature à faire perdre Hollande, si Mélenchon cristallise sur sa candidature une partie des déçus du PS. Mais, les partis poussent comme des champignons là aussi et le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC fondateur Jean-Pierre Chevènement) présente Bastien Faudot. Même Robert Hue espère aligner Sébastien Nadot, dans une autre formation...

17 mai 2016

L’État voyou… et les dirigeants ?

Il y a bien d’autres raisons pour qualifier l’État belge de voyou, comme l’a affirmé M. de Codt, le premier président de la Cour de cassation, le plus haut magistrat dans la chefferie du droit.
Sinon qu’un État voyou ne l’est jamais que parce que ses dirigeants le sont. C’est une dernière pudeur d’expliquer que l’État est voyou, mais que ses dirigeants ne le sont pas.
En réalité, l’État n’est voyou que parce que ses dirigeants le sont.
Est-il admissible que le pouvoir étale son opulence devant le peuple, avec ses salaires, ses privilèges, ses cinq gouvernements et ses Provinces pour délaisser sa justice, abandonner à la cupidité privée des pans entiers de son administration, sous payer les travailleurs du bas de l’échelle, réduire à la mendicité ses vieux, ses malades et se venger sur les chômeurs du manque d’appétit économique et l’absence de croissance de son économie ?
Il y a depuis longtemps un grand malentendu entre les dirigeants et le peuple. Il concerne l’économie qui s’est tellement bien imbriquée dans la démocratie que l’une ne va pas sans l’autre.
Or, le peuple n’est pas cette bête brute qui s’en va les défendre depuis les tranchées de 14 et qui cent ans plus tard se voit remercier parce qu’on n’a plus besoin de lui.
Le pacte tacite et non écrit qui l’unit à la démocratie et à l’économie est clair. Quel que soit celui qui les représente devrait le savoir : le peuple se satisfait d’une part des produits qu’il crée par son travail, mais il n’est pas dupe de ce que lui prennent tous les autres.
Quoi qu’il arrive, il s’estime frustré et volé quand il ne progresse plus dans son salaire et son mode de vie. Alors, quand il ne stagne même plus mais qu’il régresse, je ne vous dis pas ce qu’il pense de l’État, de ses dirigeants, de ses économistes et du parasitisme des riches.
Quand, à la base des richesses qu’il produit, on lui raconte qu’il n’a plus de progrès à attendre de son travail et qu’au contraire celui-ci vaut de moins en moins, alors qu’il n’a jamais vu autant de prospérité autour de lui, son sang ne fait qu’un tour. En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, le pacte tacite et non écrit n’existe plus, l’économie et la démocratie ne valent plus rien.
C’est ce qu’est en train de faire savoir monsieur de Codt pour le seul département de la justice.
Et cette affaire de la misère des magistrats, des prisons, des postes, des polices, des transports publics, jointe à celle énumérée plus haut des gens dont on ne parle jamais, eh bien cela ne passe plus. L’opulence fait tache, les ministres sont suspects.
Le peuple n’est pas responsable des hoquets du capitalisme, le nombre de milliardaires ne l’intéresse pas et même la soie et l’opulence qu’il concède à son personnel politique lui serait tout à fait égale, si on ne le prenait pas pour un imbécile en lui volant jusqu’à l’écuelle de ses repas.
Les Michel et consort auront beau multiplier les discours raisonneurs, les partis de pouvoir, copains comme cochons se rabibocher sur les thèses populistes d’un Gerlache, rien n’y fera.

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On ne fait pas confiance à des voyous.
Que pourra-t-il se passer par la suite ?
La puissance de l’argent peut beaucoup. Le couplet que l’on étrangle la démocratie, en ne faisant plus confiance au personnel politique, est toujours porteur. Les têtes d’affiche peuvent rassembler des armées de policiers, lancer une « démocratie » du 49-3 comme en France. Le scrutin ne sert à rien, quand le peuple s’en détourne, Pour qu’une démocratie existe, il faut qu’elle assume un plan du vivre ensemble, qui n’est ni industriel, ni commercial.
Nul ne saurait dire de quoi demain sera fait.
Quand une société n’a plus que vaguement le souci de l’intérêt général, les riches doivent se méfier. Ils sont allés trop loin dans leur accaparement. Ils ont trop bien réussi.
C’est là où ils peuvent tout perdre.

16 mai 2016

Le rêve américain du MR.

Il faut se méfier comme de la peste des propos des économistes officiels sur le devenir de l’économie en Europe. On ne sait s’ils influencent le gouvernement Michel ou si c’est l’inverse. Probablement, y a-t-il un va et vient de connivence.
Toute la politique de Charles Michel est d’une orthodoxie consternante, celle d’un homme sans envergure qui suit les directives européennes au pied de la lettre. Ce gouvernement flamendo-flamand avec un zest de MR voue à la reprise de la croissance qui va régler tout le contentieux, une foi à décourager l’intelligence.
Ce week-end le ministre des pensions Bacquelaine croyait donner une image flatteuse de son chef en déclarant que les 3 % de déficit restaient pour lui un objectif majeur, d’où la tenue stricte des comptes. Langage de boutiquier auquel plus personne ne croit dans ce minuscule pays à cinq gouvernements et les gouverneurs des Provinces, du jamais vu en matière de gabegie et dilapidation des finances publiques.
La preuve contradictoire de cette économie sans résultat vient cette fois des États-Unis. Une étude sur la situation des classes moyennes montre le net déclin de celles-ci. Est en cause le fonctionnement du système économique lui-même dans le cadre de la mondialisation. Ici, il n’est pas question de courir après l’équilibre budgétaire, comme en Belgique, mais bien de laisser filer les dépenses et de rattraper leur surcroît de l’État par le fonctionnement de la planche à billets. Or, malgré cette inflation intérieure qui devrait freiner les inégalités, celles-ci ne font que prendre des allures inquiétantes.
Cela signifie pour Charles Michel que sa politique est définitivement condamnée, au même titre que les autres pays de la zone euro liée au dollar. Michel est comme les autres dirigeants : un type qui se jette à l’eau sans savoir nager et qui coule étonné de l’apprendre trop tard.
Le libéralisme est bel et bien en train de boire la tasse.
Et personne pour dire à ces fous furieux qu’ils se trompent, puisque l’opinion socialiste de l’opposition est à peu près sur la même fausse option.
Le gouvernement belge, comme bien d’autres gouvernements américanolâtres, a toujours pensé que la classe moyenne aux États-Unis était un exemple à suivre. Cette classe moyenne était encore avant la crise de 2008, le symbole que la majeure partie de la population des classes inférieures peut y parvenir par son travail. Louis et puis Charles ont toujours pensé que la classe moyenne constituait le socle de l’État libéral. À l’avenir, elle donnerait un sens au développement, avec ses automobiles et ses matériels H-fi à foison. Elle attirerait les citoyens les plus nombreux sur ses deux concurrentes, la classe des riches et la classe refuge des pauvres, incarnant à elle seule le progrès et la démocratie, contre les deux autres.
La réalité est autre. Cet idéal se renverse, la classe moyenne perd du terrain. Et tandis que les partis courent après ce mythe, les populations s’en détournent parce qu’elle n’est plus qu’une ombre.
À partir des données récentes du Bureau du recensement des États-Unis, dans près de 90% des zones urbaines, les revenus entrant dans la catégorie «classe moyenne» ont baissé, tandis que les deux autres classes ont progressé.

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Aux USA, par classe moyenne, on entend les foyers qui gagnent entre les deux-tiers et le double du revenu médian, soit entre 42.000 et 125.000 dollars par an, pour une famille de trois personnes. (Le revenu médian, quant à lui, divise la population en deux parties égales, c'est-à-dire tel que 50 % de la population ait un revenu supérieur et 50 % un revenu inférieur).
La proportion d’Américains de la classe moyenne est ainsi passée de 55% en 2000 à 51% en 2014, et a même chuté de dix points depuis 1971. Les adultes de moindres revenus représentent un tiers des troupes (29% contre 28%) et les plus riches sont désormais 20%, contre 17% auparavant. Résultat: la classe moyenne aux Etats-Unis s’apprête à passer en dessous de la barre fatidique des 50%. (B.R. of US)
Ce déclin de la classe moyenne est parallèle à un déclin du revenu médian, qui a diminué de 8% depuis 1999. Il témoigne d’une montée des inégalités, comme l’ont montré les travaux de l’économiste Thomas Piketty.
Ce déclin est visible par la percée dans l’électorat démocrate de Bernie Sanders, lançant un socialisme inédit dans un pays où cela aurait été inimaginable il y a seulement dix ans.
Bien sûr, Charles Michel dans son inconscience ou son hypocrisie va poursuivre encore un certain temps sa propagande du rêve américain, mais tôt ou tard, il devra trouver autre chose.

15 mai 2016

À l’exception des autres…

En France, quand l’à-peu-près de démocratie n’est pas suffisamment souple, autrement dit, quand la démocratie telle qu’elle a été imaginée sous la 5me république devient gênante, le gouvernement a recours à l’article 49-3.
L’article 49-3, de la Constitution de 1958 , dispose que : « Le premier ministre peut, après délibération du conseil des ministres, engager la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale sur le vote d’un projet de loi de finances ou de financement de la Sécurité sociale. Dans ce cas, ce projet est considéré comme adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans les vingt-quatre heures qui suivent, est votée dans les conditions prévues à l’alinéa précédent. »
Comme les partis politiques belges ne sont traversés d’aucun courant, le 49-3 serait donc inutile chez nous, puisque le principe belge est l’alignement pur et simple de la majorité parlementaire sur le programme du gouvernement, en général conduit par un seul homme : le chef. Seule l’ambition d’un chef de parti allié pourrait faire tomber le château de cartes.
On l’a bien vu lors de la guerre entre le clan Michel et le clan Reynders à la suite de quoi il y eu un échange de chef, Reynders, l’ancien chef, est resté dans la famille libérale et intégré dans le gouvernement minoritaire des francophones de Charles Michel. Les « trublions » se sont dissous dans l’ambiance « progressiste » libérale. Il faut dire que Didjé n’avait pas fait que des amis.
En France, les partis sont divisés en interne, surtout le PS au pouvoir avec ses frondeurs.
L’utilisation du 49-3 a été critiquée à maintes reprises, notamment par François Hollande, qui déclarait en 2006, alors qu’il était premier secrétaire du Parti socialiste : « Le 49-3 est une brutalité. Le 49-3 est un déni de démocratie. »
La méthode belge consiste à prendre des mesures aussi impopulaires, à entendre la gueulante des partis d’opposition et à faire voter par la majorité en gardant le profil bas dont Charles Michel est le prototype par excellence, ni l’opinion des électeurs souvent le reflet de celle de la rue, ni les syndicats n’ont à voir dans la décision du chef.
Devant le scepticisme des populations sur l’efficacité des gens qu’ils ont élus et sur le respect des programmes qui les ont fait élire, certains se demandent si la démocratie n’est pas confisquée par un petit groupe de privilégiés ?
Et de fait, quand on reprend la liste des élus des partis, se détache une certaine filiation en continuité du père au fils ou à la fille, pour la transmission des postes clés et des mandats parlementaires ce qui fait dire à certains que la démocratie est confisquée.
L’effondrement des régimes communistes en 1989 sembla vider la question de la démocratie, elle n’avait plus de concurrence et donc plus de comparaisons possibles avec tout autre régime.
Francis Fukuyama (La fin de l’histoire) avait raison : la démocratie fermait l’horizon. Ainsi devenait obsolète la boutade de Winston Churchill : « La démocratie est le pire des systèmes... à l’exception de tous les autres. », puisqu’il n’y en avait plus d’autres, sinon des fantômes, comme la Corée du Nord.

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Et pourtant, de plus en plus nombreux sont ceux qui dénoncent ce système comme une imposture. Le 49-3 le rappelle aux Français. Le système win/win belge, nous le rappelle aussi. En Europe, l’apparition de 20 millions de sans-emploi et de 50 millions de pauvres repose la question... Comment peut-on parler d’une démocratie qui exclut au bas mot deux cent millions de personnes, si on y ajoute les bas salaires ?
Est-ce faire du populisme façon Gerlache en refusant d’accepter une telle chute de notre société. Est-ce pour ne pas en convenir que l’on se jette dans un espoir de croissance capable d’éponger durablement l’hémorragie sociale de ces millions de personnes ?
Sait-on que cette démocratie marche à grand pas vers un tiers-monde universel ? Selon l’ONU et la Banque mondiale : « Au Royaume-Uni, les inégalités entre riches et pauvres sont les plus importantes du monde occidental, comparables à celles qui existent au Nigeria, et plus profondes que celles que l’on trouve, par exemple, à la Jamaïque, au Sri Lanka ou en Ethiopie. »
On comprend les partisans du Brexit, mais cette lamentable conception de la démocratie nous pend sous le nez aussi.
Tandis que se lézarde la cohésion sociale, la classe du dessus du panier va s’épanouissant.
Tout cela dans un cadre économique où triomphe la finance.
Ce serait peut-être le moment de mitiger les grandioses citations et les superlatifs d’une démocratie dont il devient urgent de fouiller dans « l’exception de tous les autres » afin de trouver mieux.

14 mai 2016

Le capitalisme innovant !

Les imbéciles heureux américanolâtres et antipopulistes doivent jouir dans leur froc de la merveilleuse nouvelle !
Un volailler américain vient de trouver une parade aux pauses pipi de son personnel à la chaîne d’abattage des gallinacés. C’est l’ONG britannique Oxfam qui le prétend. Cet industriel fait régner une telle terreur de ses contremaîtres que saisi par la peur du renvoi, le personnel porte des couches pour incontinent pendant les heures intenses du travail, plutôt que d’aller musarder aux toilettes.
C’est aussi bête que ça, mais il fallait y penser.
Au parti libéral, Chastel cogite pour limiter le temps perdu aux gogs dans le code du travail.
On a tellement du retard sur la production en Chine et au Bengladesh, qu’une telle mesure ne pourrait qu’accélérer notre redressement.
D’après l’ONG, «la grande majorité» des 250.000 ouvriers du secteur avicole américain «dit ne pas bénéficier de pauses-toilettes adéquates». Ils «luttent pour s’adapter à ce déni d’un besoin humain de base. Ils urinent et défèquent debout face à la ligne d’assemblage, portent des couches au travail, réduisent leurs prises de liquides et fluides à des niveaux dangereux» et risquent «de graves problèmes de santé» !
C’est vrai, après tout, c’est fou le nombre de fois qu’on va pisser quand on s’emmerde au travail. Jean-Claude Juncker pourrait faire baisser les prix de la couche culotte dans un premier temps, pour que cela devienne un usage courant, quitte ensuite à les faire remonter à cause de la forte demande. L’État belge n’aurait plus ensuite qu’à taxer la couche-culotte à 33 %, pour compter ses fafiots dans les chiottes des ministères, là, le temps perdu n’existe pas.
Il n’en faudrait pas plus pour redresser les comptes et rétablir le bourgeois dans son insouciance des années avant la crise.
C’est une nouvelle industrie qui pourrait naître !
On pourrait recycler les couches-culottes et innover dans la construction de blanchisseries adaptées. Le liquide récolté pourrait servir d’engrais ou filtré, servir de colorant à des limonades orangées.
Non, mille fois non, le capitalisme n’est pas mort, on le sent propice à redémarrer dans l’innovation et l’insolite.
L’Europe a compris le progrès et bientôt avec l’accord TAFTA nous dégusterons les délicieux poulets américains désinfectés au chlore.
Reste encore à trouver le moyen de récupérer les gaz perdus dans des défécations debout.
Les universités belges vont y consacrer du temps et de l’argent.
La saison prochaine, la RTBF concurrencerait le Téléthon de RTL, avec un Gerlache présentateur d’un téléprout.
En constipé de service, il y serait génial.
Le système économique se tourne enfin vers la matière première, le meilleur marché au monde : le produit naturel de l’homme.
Avant le génial système, certaines dictatures avaient déjà fait de nous des savonnettes. En exploitant nos matières fécales et nos urines, l’économie mondiale a encore de beaux jours devant elle.

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C’est un des pouvoirs de la démocratie auquel on n’avait pas encore songé, réunir les fonctions indispensables du corps humains dans un soulagement général concentré sur quelques minutes pour le plus grand profit de l’industrie.
Les bons Belges réclament de Charles Michel un beau discours sur notre renouveau !
Les journaux de « collaboration intelligente » devraient pavoiser aux couleurs américaines et souhaiter que Donald Trump succède à Obama.

13 mai 2016

Game of Thrones (1)

Le Belge est friand de séries américaines. Il s’en fout de la grande Histoire. Elle-même rapportée de travers avec des traces et des témoignages divergents, tendancieux et incertains. Il se contente de ce que des metteurs en scène américains lui racontent par petit bout, comme s’ils étaient nés il y a plus de mille ans et qu’ils s’en souviendraient encore. Le voilà croyant dur comme fer à la lutte pour le trône dans une série culte « Game of Thrones », une sorte de Moyen-âge peuplé de dragons et de sorcières ressuscitant les morts, dans un fracas d’armures entrechoquées et de guerriers rugissant dans des décors semi-naturels arrangés de carton-pâte.
Le peuple y paraît en robe de bure de couleur sombre dans un va-et-vient incessant vendant et achetant sur des fonds de décor, à croire que tout le monde commerçait en ces temps anciens (un âge d’or libéral inédit). On le voit aussi pris de panique à la venue d’envahisseurs ou alors, quand il ne commerce pas, esclaves en péplum dans les salles du palais, puis en haillons après le passage des barbares (souvent des Mongols).
La fréquentation du seigneur le rend plus lettré ou plus martial, c’est selon sa destination : prêtre ou soldat.
L’équipement militaire situerait l’action un peu avant Charlemagne, quoique les épisodes maritimes fassent évoluer des vaisseaux nettement plus modernes.
L'engouement du public pour la série met en lumière son succès, mais aussi la pression sociale que le format peut exercer sur ceux qui ne la regardent pas.
Les religions semblent converger vers un seul dieu, par culte. Les divinités subalternes font la jonction avec la sorcellerie établie dans les mœurs du temps. L’extravagance des prêtres compensent le sérieux de la divinité.
Les prêtres en petits cochons vicieux faisant défiler Cersei Lannister nue devant le peuple commerçant, pour une fois lâchant ses échoppes et ses paniers de légumes, fut l’apothéose de la saison 5. Ces foutriquets rachetés par le grand prêtre immatériel, pétri de morale divine, sauvaient la saison. Le téléphage apprenait, lui, que le rôle de Cersei Lannister avait été doublé par une stripteaseuse. Certains furent pris d’une grande déception, au point d’abandonner la série pour Closer.
Les religions n’affichaient pas encore la pudibonderie dont on les voit parés après Charlemagne. Les baignades étaient collectives dans le plus simple appareil. Pendant les saisons chaudes les gens se passaient de vêtement sans que cela parût faire scandale. L’Europe peu à peu durcit ses mœurs et inventa la pudeur.
Il se dégage de la série une grande méconnaissance du Haut Moyen-âge et l’impossibilité de rattacher les épisodes à une période précise.
Mais au point où l’on en est, dans l’incroyable mélange entre les fictions qui s’entrecroisent et les réalités objectivées par le jeu des comédiens, comment rattacher ce simple divertissement à un semblant de réelle culture ?

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Tout récemment, j’ai lu un article qui commence par « Je n'ai jamais regardé Game of Thrones. J'ignore qui est Jon Snow, s'il est mort ou vivant, mais également tout ce qui pousse autant de royaumes à se battre pour le même trône. Et pourtant, à force de vous voir phagocyter les conversations, au travail ou lors de soirées entre amis, j'ai parfois l'étrange sentiment d'en connaître moi-même les moindres détails. »
Je soupçonne fort l’auteur de ces lignes d’attacher de l’importance à la pose intellectuelle qui consiste à nier tout divertissement populaire et qui commence par dire « Je ne regarde jamais Game of Thrones », tout en se projetant les épisodes en cachette.
Sans être dupe du rattachement à des mœurs et des faits ayant été, on s’emmerde moins à Game of Thrones qu’à un discours de Charles Michel.
Il faut dire que dans l’épitre, il n’y a guère que Monseigneur Bourdaloue et Louis Michel qui peuvent faire plus emmerdant encore. Heureusement que le premier est mort depuis longtemps, il faudra malheureusement se farcir le second encore un certain temps.
Il paraît qu’on n’entend plus que les fans de la série. C’est possible. Les adversaires se contentent d’éditer des bouquins pour intellos d’université.
Heureusement, il existe des dizaines, voire des centaines d'autres séries qui valent le détour, affirme Mélissa Thériault, professeure au département de philosophie et des arts de l'université du Québec à Trois-Rivières et auteure d'un article sur la dimension philosophique des séries télévisées.
On est rassuré, on a pour dix ans de séries à l’avance, soit de quoi passer au moins deux élections dans la joie et la bonne humeur.
Victor Wiard, doctorant en communication à l'université libre de Bruxelles et auteur d'une enquête sur la manière dont les jeunes Belges consomment les séries sur internet, est formel : la misère sur grand écran fait mieux supporter la misère réelle. Mettre à sac une ville et tuer sans discernement vieillards, femmes, enfants, malades et estropiés dans Game of Thrones font oublier Maggie De Block et ses nouvelles tracasseries à l’encontre des malades de longue durée.
D’ici à ce qu’on passe la sixième saison sur grand écran devant son ministère…
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1. Avec un titre aussi accrocheur j’espère doubler le nombre de visites.

12 mai 2016

Halt ! Kontrol…

Open VLD un jour, Open VLD toujours. C’est ce que pense Maggie Celine Louise De Block, la chouchoute des Wallons. Plus libérale qu’elle, à part Alexandre le fils De Croo, il faut remonter jusqu’à Bart, pourtant rival, pour trouver plus ardent mondialiste conservateur.
Quand on aime, on passe sur bien des défauts, y compris celui de s’affirmer une personnalité de la droite flamande. Le Wallon n’est pas rancunier. Au fait qui est-il encore, le Wallon ? Pas grand-chose à ce qu’il paraît. Yerna, le MPW, André Renard, toutes les vieilles lunes, le Wallon ne les connaît plus. Les a-t-il jamais connues ?
Non, non !... Maggie qui compte, plein amour, don total, ivresse des sentiments, fût-elle bankster, hystérique de Flandre, la Marie-Rose des cœurs légers.
On se prend à regarder les élus de Namur de travers. Si le goût wallon pour Maggie est un critère, notre parlement régional doit être le pire ramassis de l’enfer de Dante.
Quand je pense que Gerlache imagine les gens de Meuse populistes !
Vouer un culte à une libérale flamande, voilà une belle et singulière manière de faire du populisme, une vertu gerlachienne !
La passion amoureuse résistera-t-elle à la dernière lubie de la ministre ?
Maggie ayant depuis longtemps un oignon à peler avec ses patients depuis qu’elle ne tient plus un cabinet médical, a décidé de s’attaquer aux malades de longue durée.
Tous des tire au flanc, comme les chômeurs, a-t-elle jeté à ses attachés (on n’ose plus dire de cabinet tant elle a rayé le mot de son vocabulaire).
Comment les faire chier à mort, s’est-elle demandée ? Mais dans un siècle où on ne lit ni n’écrit davantage, pourquoi ne pas imaginer un questionnaire à remplir comme une feuille d’impôt ?
Et elle a jeté quelques questions sur le papier.
Quelqu’un de la Meuse, à moins que cela ne soit Quatremer de Libération a retrouvé le brouillon de la ministre dans une poubelle sur le trottoir du ministère de la santé.
Vu le style, on a tout de suite senti que cela venait d’elle.
– Si toi être malade de longue durée, et que toi sortir pouvoir quand même sur tes quatre pattes, tu pourrais faire quelque chose dans tes cordes. As-tu une préférence avoir ?
– Quand toi souffrir d’un cancer symphonique avec un programme de cinq années de bonnes avant ton cassage de pipe, on aux volontaires demande pour société pharmaceutique flamande, expérience dangereuse, mais enrichissante, toi trouver ?
Le brouillon du reste étant souillé par du café et une matière visqueuse qui ressemble à de la crème fraîche, il n’a pas été possible de déchiffrer la suite.

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Les mutuelles en restent encore apotropaïques par des offrandes au dieu-béquille qui intercède auprès de la famille libérale pour des reprises harmonieuses au travail, à condition que Maggie De Block obtienne un lit en clinique pour qu’on puisse traiter son cas en toute sérénité.
De l’avis du professeur Durch Moll du Vlaams Belang, la ministre de la santé est trop laxiste. « Tout le monde sait que les Kontroles ne sont pas très rigoureux et qu’après six mois de congés maladie, tout malade est un fraudeur, rappelle l’homme de science ».
D’après Durch Moll, 370.000 malades de longue durée « …qui ne fichent rien attendent la mort de toute manière », il faut donc les décider à préférer l’ennui au travail à une agonie stérile et improductive.
Quant au reste, il faut en éliminer le plus possible par tous les moyens. Cinq milliards à fonds perdu, c’est trop. En économisant la moitié, on pourrait relever les indemnités des ministres et parlementaires et descendre l’âge de leur retraite à 45 ans.
Maggie De Block est soutenue par la majorité des Wallons et par le syndicat des croque-morts qui estiment qu’une remise au travail de 10 % seulement des malades de longue durée, leur procurerait plus de travail et une forte embauche.
Maggie, fais-moi mal, hurle le Wallon, achève-moi de ta pantoufle de vair, étouffe-moi de ton corps apaisant, tu es la préférée des sondages, de la Baraque à Bouillon.
Je souhaite bien du courage à Hedebouw pour faire remonter la pente à tous ces déçus du socialisme.

11 mai 2016

Vue du pont Adolphe.

Les Luxembourgeois n’ont rien à envier aux Belges sur certains points de morale distribués avec motion « très bien » ou refusés avec motion « vol de renseignements ».
Inutile de dire de quel côté se trouve la justice en l’occurrence.
Le parquet luxembourgeois a requis mardi 10 mai dix-huit mois de prison contre les deux lanceurs d’alerte Antoine Deltour et Raphaël Halet, deux anciens du cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC) qui comparaissent dans le procès des « Luxleaks » pour avoir mis au jour les pratiques fiscales décriées du Grand-duché. Le procureur s’est contenté de demander « une amende » contre le journaliste Edouard Perrin, accusé d’avoir relayé ces fuites. Le jugement, lui, ne devrait être rendu que « dans la deuxième moitié du mois de juin », selon un représentant du parquet.
L’interprétation de la faute est claire. Un citoyen n’a pas le droit de dénoncer des fraudes dont il est le témoin dans la pratique courante de son travail, surtout lorsque celles-ci éclairent de drôles de combines de l’État dans une complicité avec des multinationales établies au Luxembourg.
Par contre, il lui est chaudement recommandé de dénoncer un voisin de palier qui perçoit des allocations de chômage alors qu’il semble manifestement n’y pas avoir droit.
C’est ce qui s’appelle être dans une obligation civique de dénoncer dans un cas, et une faute grave dans l’autre.
Le comble Antoine Deltour, considéré comme le principal lanceur d’alerte, est poursuivi pour vol, divulgation de secrets d’affaires, violation de secret professionnel, blanchiment et fraude informatique, rien que ça !
L’Europe regarde ailleurs, depuis ses bureaux de Bruxelles. Les faits datent de l’époque où Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, était premier ministre du Luxembourg (1995-2013). Évidemment, c’est assez gênant pour quelqu’un qui en principe doit lutter contre les paradis fiscaux, alors qu’il en organisait au Luxembourg !
Pensez-vous que le protégé d’Angela Merkel sera inquiété ? Pas le moins du monde. Tout le monde fait comme si…

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Comment voulez-vous que les décisions européennes aient encore la moindre chance d’être approuvées des citoyens européens, sur les mesures à prendre après l’affaire des Panama Papers?
Les pratiques fiscales de firmes multinationales pour économiser des milliards de dollars d’impôts ont ainsi été dévoilées par des documents expliquant des montages pour 548 « rescrits fiscaux » – concernant plus de 350 sociétés – généreusement accordés par l’administration et négociés par la firme PwC pour le compte de ses clients.
Le seul reproche que la justice luxembourgeoise fait à PricewaterhouseCoopers (PwC) c’est la défaillance des protections de ses serveurs informatiques !
On atteint là des sommets de cynisme rarement vus de la part de magistrats interprétant le droit et défendant aveuglément la propriété privée envers et contre tout de l’intérêt collectif.
Et l’on s’étonne que la population ne croie plus en l’Europe, à la justice et à son pays dans les mains de voyous avides et intéressés !
Comme aucune trace de transaction financière suspecte n’a été trouvée sur les comptes des prévenus, le commissaire de police luxembourgeois Roger Hayard venu témoigner à la barre a rapidement cherché un autre motif. Antoine Deltour « était déclaré anticapitaliste », a-t-il lâché, au tribunal d’arrondissement de Luxembourg, qui ne pouvait concevoir que l’on fît une pareille action sans intérêt personnel. Comme quoi l’anticapitalisme étant encore plus grave quoique non inscrit dans le Code qu’une enveloppe de billets, les magistrats luxembourgeois étaient certains d’avoir affaire à un grand criminel.
Les avocats plaident la relaxe.
Le clan des propriétaires, actionnaires de l’État et membres de droit divin de l’Europe, a déjà émis son verdict. Les prévenus sont bons pour la tôle !

10 mai 2016

Vincent Bolloré : le problème !

Les journalistes politiques belges pourraient faire aussi bien que ceux que la chaîne française TV5 réunit tous les soirs avec Yves Calvi, si les mœurs en politique n’étaient pas différentes chez nous qui n’avons pas la libre expression et la critique libre. Il nous manque le courage d’oser affronter les employeurs et les ténors du système. Je sais c’est beaucoup.
Mais voilà, on sent les patrons de journaux derrière chaque journaliste, tandis que quelque part, sans l’oser pouvoir dire, les partis politiques veillent au grain.
Nos sales habitudes seraient-elles en train de déteindre chez nos voisins ? Canal+, la chaîne de Vincent Bolloré supportait l’insolence tant que les abonnements rentraient et que les programmes non-cryptés comptaient plus d’un million de téléspectateurs. Le Grand Journal ne faisant plus recette entraînant dans sa chute le Petit Journal, la direction a décidé de sabrer dans le début de soirée. La chute d’audience avait commencé avec la disparition des Guignols, dans sa formule incisive et dérangeante. Elle va s’accélérer au point qu’on se demande ce que deviendra les émissions en clair de Canal+ ?
Avec la fin du Petit journal de Yann Barthès, c’est une certaine idée du journalisme politique à la télévision qui risque de disparaître, faisant des émissions spécialisées une réplique aussi lugubre que celle pratiquée depuis toujours en Belgique.
On veut espérer que ce n’est pas la fin d’une époque et que l’impertinence dont Bolloré ne veut plus trouvera un refuge ailleurs.
En Belgique, on appréciait l’humour des décryptages des gens de pouvoir, la suffisance de ces derniers et le talent de Jan Barthès.
On sait bien que l’esprit Canal + disparu, il ne restera plus qu’un succédané à la belge.
Pour rappel, Le Petit journal avait rénové le journalisme politique à la télévision. Montrant ce que les JT de l’État ne montraient pas. C’était du vrai journalisme en somme, pointant du doigt les incohérences les mensonges et les manipulations. Le contraire de ce que font en Belgique la RTBF et RTL, avec des journalistes figés dans la crainte « de dépasser » ce que la langue de bois permet encore, inquiets d’avoir un procès pour populisme de la part des vieux libéraux attentifs dans la coulisse au moindre glissement. Pour être juste, il ne faut pas oublier certaines tentatives, quelque bonnes émissions à la RTBF, disparues au tournant du millénaire.

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Les médias belges ont toujours été beaucoup trop frileux dans la peur qu’une information tourne à divertissement ou pire serve à déconsidérer le personnel politique. Comme si le public de 2016 avait encore la naïveté de celui de l’immédiat après guerre et des premiers pas de la télévision, comme s’il se faisait encore des illusions sur ce que les parlementaires eux-mêmes ne considèrent plus comme une mission altruiste pour le bien de tous, mais comme un métier, par ailleurs grassement payé.
Hé oui ! on entend déjà les pisse-vinaigres boulevard Reyers, exulter à la pensée que l’esprit du Petit Journal c’est fini « Il se laissait aller à la caricature par la flatterie des sentiments populistes. ». Bien sûr, la dérision à tout prix a mis parfois Le Petit journal dans le décors !
Et alors ? Au moins, même ainsi il était vivant. La preuve il n’était stipendié que par les zombies et les hypocrites de la profession.
Laissons à Challenges, le magazine en ligne dont Ghislaine Ottenheimer est rédactrice en chef, le soin de conclure :
« Le Petit journal impose au journalisme politique à la télévision le même défi qu’impose la révolution numérique et les réseaux sociaux: la nécessité de repenser le traitement médiatique de la vie politique. «
« Mesurons le paradoxe: à l’heure où tout indique que la campagne présidentielle à venir, qui n’en est qu’à ses préliminaires, sera celle du coup du décryptage permanent, voici que va disparaître l’émission, dans sa version Yann Barthès, qui a eu dix ans d’avance sur l’ensemble de la profession journalistique télévisuelle. Comme c’est étrange. «
« La coïncidence est d’autant plus étrange que la nouvelle écriture imposée par le Petit journal avait conduit (un peu) les chaînes d’information et les JT à tenter de moderniser leur traitement de l’actualité politique, s’essayant aux sujets "décryptage" de la vie publique…. «
« Ceux qui traitent de la politique à la télévision oseront-t-ils reprendre le bâton de Yann Barthès, s’inspirant des leçons du Petit journal pour ré-attirer à eux un public qui les fuit, et les fuira de plus en plus si leurs pratiques ne se renouvellent pas? Ou continueront-t-ils à traiter de la politique comme on en traite depuis l’ORTF? On pense ici alors à ce vieux mot de Pierre Desgraupes, qui disait aux journalistes de télévision toujours enclins à se contempler le nombril: "On peut faire de son point de vue le meilleur journal du monde, mais s’il n’y a personne pour le regarder, c’est qu’il y a un problème". »

9 mai 2016

Ciel ! un bon journaliste…

…horreur, c’est un Français !

Jean Quatremer est le correspondant à Bruxelles de Libération.
Il y informe ses lecteurs des problèmes de l’Europe.
Petit à petit, il s’est intégré dans la population bruxelloise au point de réfléchir comme un ketch des Marolles. Son avantage sur ses collègues de la presse belge : il ne doit pas rendre des comptes à la rédaction d’un journal bruxellois. C’est donc un électron libre comme il n’en existe plus au Soir ou à la Dernière Heure.
Ce n’est pas demain la veille qu’on verra un éditorial de Béatrice Delvaux parler de déliquescence de l’Etat central « déchiré par plus de cinquante ans de luttes entre Flamands et Wallons ».
À part quelques outrances (Quatremer a parfois tendance au sensationnalisme) ses articles apportent de l’air frais et montrent qu’il est encore possible d’intéresser les lecteurs par une autre vision de la situation belge, que la version des directeurs de presse, trop proche de celle du gouvernement pour qu’elle apparaisse sincère.
Ainsi l’Article de Libération de la semaine dernière signé Quatremer donne une toute autre version des attentats du 22 mars « ils ont fait éclater la bulle de déni dans laquelle le pays se complaisait depuis longtemps. »
Voilà du coup le Français rangé par Gerlache et ses pareils dans la catégorie « populiste » avec ce vulgaire Richard III.
Bienvenue dans le club, camarade
En guise de pot d’accueil pour les snipers de l’info, Quatremer n’y va pas par quatre chemins.
L’État sous la houlette de Di Rupo, puis de son adversaire MR, Charles Michel, a fermé les yeux sur la radicalisation de certains quartiers d’Anvers et de Bruxelles, en échange d’une paix communautaire, sinon par calcul politique, écrit à peu près notre homme..
Je pense que la paix communautaire ne passe pas par là, elle n’a vraiment jamais été qu’une posture dans laquelle deux Régions se sont trouvées sous la coupe de la N-VA pour la Flandre et du PS pour la Wallonie. La première ne veut plus de la dynastie qui est un frein à son confédéralisme et la seconde est passée de son désir de république au désir de monarchie, depuis que le PS en relais avec le CDH fait du social-libéralisme son cheval de bataille pour une bourgeoisie unie et triomphante.
Les Wallons passent tout à Bart De Wever, comme le MR et Louis Michel d’ailleurs, qui font la même politique, pour affadir les projets qu’a le bourgmestre d’Anvers, obligé lui de les durcir, pour siphonner les voix du Vlaams Belang.
Pour ce qui concerne la politique sécuritaire, Quatremer a raison, c’est un fiasco que ni les experts de l’antiterrorisme, ni les paroles fortes des gouvernementaux, encore moins les invités de la télé triés par les médias pour glorifier les services et rassurer la population, n’ont réussi à rendre confiance aux Belges sur l’efficacité des niveaux d’alerte. Mais le plus gros de la critique tourne autour de la prévention, des services de renseignement et des compétences des casquettes à galons.

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La suite des enquêtes et l’arrestation de Salah Abdeslam (arrêté à 500 mètres de son domicile après 4 mois de traque) n’ont fait que confirmer une réalité : la guerre linguistique des polices et l’incurie des municipalités dont celle de Molenbeek, sous Philippe Moureaux son ancien bourgmestre.
Il faut croire que la gêne perdure au plus haut niveau de l’État et qu’on peut se brosser d’un discours mea culpa du premier ministre qui a retenu les leçons de son père, un grand menteur devant l’éternel, et ce n’est pas la démission de Jacqueline Gallant qui fera soupape de sécurité.
« La sidération semble avoir emporté ce qui restait de l’Etat, celui-ci multipliant les décisions sans queue ni tête au point de mettre en péril l’économie de la capitale et du pays. » Cette conclusion de Quatremer on pourrait la retrouver dans des dizaines de blogs que j’ai commis depuis 2003, soit treize années, au cours d’occasions, comme celle-ci, toutes étant moins dramatiques que celles que nous vivons, si l’on excepte l’affaire Dutroux et l’exceptionnelle connerie du gendarme Michaux.
Bienvenue au club des populistes, camarades !...

8 mai 2016

Des mots pour le faire savoir…

On sait aujourd’hui comment, avec l’aide de la presse, ceux en qui on avait mis toute notre confiance, on trahit la démocratie et leurs électeurs en se mettant au service des promoteurs mondiaux de l’économie du « c’est comme ça et puis c’est tout ».
Le truc est vieux comme le monde, il suffit de faire de la langue du management et de l'économie le support unique et universel du bien dire et du bien penser. C’est comme une religion des temps anciens « si tu n’y crois pas, t’es mort » ! Ici, si tu n’y crois pas, tu perds ton emploi et tu n’as aucune chance d’en trouver un autre.
Voilà pourquoi du langage politique à celui de la télévision et de la radio, on parle management comme si cela nous venait du berceau.
On retrouve ce politiquement correct dans le roman contemporain. On a américanisé du Balzac et du Zola, les grands maîtres du XIXme siècle. Ils s’opposaient trop à l’ère néolibérale. On est passé au jargon conceptuel des gestionnaires du monde de l’entreprise. La novlangue loin d’être neutre et sans effets porte un véritable projet idéologique.
Quoique ayant fréquenté des écoles différentes, c’est pourtant à croire qu’à RTL et à la RTBF on a eu les mêmes professeurs, qui, coïncidence troublante, ont été aussi ceux des Michel et des Reynders, en même temps des hommes d’affaires et des cadres des officines en relations de droit et de la communication. Ce français convenu est aussi en usage au sein de la presse spécialisée puis générale. Le journal Le Monde en raffole. L’Université ne jure plus que par lui.

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Ce bien dire unique porte le projet idéologique du néo-libéralisme. Il vient directement de la Propagandastaffel (« escadron de propagande ») chargée par les autorités allemandes d’occupation du contrôle de la presse et de l'édition françaises pendant l'Occupation. Bien certainement, les universités ont veillé à ce qu’on martèle les inscriptions et les croix gammées, mais le principe reste le même.
Cela explique cette raideur de nuque à la Eric von Stroheim qu’ont adoptée Baudouin Remy, Alain Gerlache, Vrebos, Praet et les autres, lorsqu’ils nous informent des magnifiques performances du libéralisme nouveau.
« Cette langue, initialement pratiquée dans le monde de l’entreprise et de la gestion, et qu’on pourrait penser simplement technicienne, s’est répandue, au fil des ans, dans toute l’économie et la société. Les mots de cette novlangue, selon le concept d’Orwell dans 1984, repris par de nombreux auteurs, imprègnent et formatent les esprits et la pensée. En effet, le discours libéral a comme ambition d’être le seul mode de penser, selon la formule de Madame Thatcher, premier ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990 : TINA (There Is No Alternative = il n’y a pas d’alternative). « Extension », car les lieux d’énonciation de cette langue ne cessent de se multiplier. Le monde de la santé et de l’hôpital raisonne désormais de façon libérale. Quant à l’université, elle impose de nouveaux cadres de réflexion, par exemple en sociologie où le discours sur la « moyennisation » de la société fait disparaître les classes sociales et la lutte des classes. Le classement UNESCO, lui, met les territoires en concurrence et transforme le patrimoine en un marché pour les collectivités. Le discours, ou plutôt l’injonction, à « être soi même » est devenu une évidence dans les affiches publicitaires ou les magazines, traduisant ainsi le transfert de la valeur « individualiste » de l’entreprise à la vie quotidienne. On assiste donc bien à une « managérialisation » néolibérale de la société (1). »
Le public bon à tout, se façonne à une certaine forme de langue de bois et tique chaque fois qu’on s’en écarte, comme si s’écarter du goût néolibéral était aussi une faute de style, un barbarisme ou mieux un manque d’éducation.
On assiste à cette invraisemblance des champions de l’inculture sortis des managements et des écoles, commerce, droit, économie politique, définir ce qu’est la langue et le faire savoir par injonctions éditoriales !
Et ça fonctionne !...
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1. La Langue du management et de l’économie à l’ère néo-libérale, Corinne Grenouillet et Catherine Vuillermot-Febvet,

7 mai 2016

Le journal La Meuse à charge et décharge.

C’est la Meuse qui nous le dévoile. O.D. le psychothérapeute de Véronique Pirotton (l’épouse Wesphael qui trouva une fin tragique dans un hôtel d’Ostende) est aussi un homme galant à défaut d’être un galant homme.
Voilà qui va rameuter les foules au futur procès à Mons du citoyen Wesphael, le mari soupçonné du meurtre de la dite épouse, muse d’O.D. et de quelques autres.
Les temps sont difficiles. La Meuse sait y faire pour rameuter le lecteur.
Il n’est pas difficile de démêler parmi les psy liégeois l’identité exacte d’O.D. et ainsi de tout savoir de quelqu’un qui, en principe, n’était pas à Ostende le jour du drame. La Meuse n’est tout de même pas là pour faire dans la délicatesse.
Les écrivains rentrés font des amants qui écrivent. O.D. est abondant comme Ponson du Terrail, mais en plus grivois, enfin c’est l’avis d’un pigiste.
Malgré l’enthousiasme de La Meuse sur la qualité du style, à mon sens O.D. ne vaut pas Sade, même pas Restif de la Bretonne, ni Bataille, ni tous ceux qui se sont mis à la branlette intellectuelle pour faire plaisir aux lecteurs. C’est entre le porno et l’érotisme, l’histoire d’une malheureuse Alice pour Closer.
Même si l’épistolier devait être pour quelque chose dans le vague à l’âme de la dame, depuis qu’on fait parler la mémoire des ordinateurs, leurs défunts propriétaires ressuscitent, si l’on peut dire. C’est une aubaine pour La Meuse.
Voilà ce pauvre O.D. placé sur la sellette à côté du mari.
Que le cabinet du psy ne désemplisse plus de patientes énamourées de la plume enflammée de ce sous-divin marquis de Sade, le mérite en revient au journal.
La Meuse n’a cure des réputations. Ce qui l’intéresse, c’est tirer quinze cents exemplaires de plus.
Il est vrai que tout finit par être vu sous l’angle d’une bonne ou d’une mauvaise affaire commerciale. Comme dirait un avocat attardé au guichet d’un greffe à propos de la volage Véronique : il vaut mieux être plusieurs sur une bonne affaire, que tout seul sur une mauvaise.
Déjà les imaginatifs laissent aller leurs pensées vagabondes sur le corps si bien détaillé par O.D. Peut-être même l’amant thérapeute a-t-il signé pour une parution rose aux éditions Rossel de sa correspondance, sous le pseudonyme de Choderlos du Laveu. Grâce à son lancement par le journal liégeois, on pourrait tirer à 4.000 pour commencer.
Reste de tout cela une information utile. Si tous les psychothérapeutes ne sont pas des cochons, ils n’en sont pas moins hommes. Et quand on est belle à damner un saint, on ne va pas croiser et décroiser les jambes dans un cabinet comme dans « Basic Instinct », même quand on n’est pas Sharon Stone. Il en est même dans le métier qui préfèrent les laides, elles compensent souvent leur difficile image par des enthousiasmes secrets qui font le bonheur d’un psy. Véronique était loin d’être laide. Elle avait quelque chose d’apeuré dans le regard, un peu à la Maïtena Biraben, qui font craquer les dominants.
Et puis, c’est bien une idée de notre temps que de s’en aller raconter ses petites affaires à quelqu’un qui a les siennes aussi. Avant, c’était chez le curé. Comme on sait leur goût pour la jeunesse, après trente ans on ne pouvait rien craindre. Mais chez un psy ? Un homme qu’on ne connaît pas plus que ça, qui est parfois un pervers, sinon quelqu’un qui côtoie la perversion tous les jours autant que le malheur d’être, que voulez-vous, par zèle et mise en condition, comme le Tartuffe, ils n’en sont pas moins hommes !
Une question me taraude l’esprit, il me tarde de la poser au préposé de la Meuse, quand une dépressive reprend du goût à la vie en faisant l’amour avec son doctorant sur le divan freudien, l’homme de l’art exige-t-il qu’elle paie sa consultation ?
Ce n’est pas donné ces entretiens-là, minimum 75 euros ! Soit vingt-cinq de plus qu’une occasionnelle de la rue Cathédrale !
Si l’O.D. bien aimé de ses déprimées, se faisait rembourser ses prestations, pourquoi ne s’est-il pas fait gynécologue pour se faire des couilles en or ? Entrer dans le vif du sujet et ne pas perdre son temps en fioritures langagières, c’est mieux, non ?

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La Meuse devrait enquêter sur les professions ambivalentes et ambigües. Autre exemple, un proctologue est-il quelque part attiré par la jaquette ?
Si un lecteur de ce blog demande une consultation chez une psychologue pas farouche et bien roulée, combien devra-t-il lui faire payer sa prestation ?
Voilà toutes sortes de questions qui intéressent les abonnés du journal.
Tous souhaitent que La Meuse n’y reste pas insensible.

6 mai 2016

On se plante ?

S’il fallait encore une preuve de l’absurdité du système économique mondial, on la trouverait dans l’endémique problème de la faim.
Comment se fait-il qu’on n’incorpore pas la connaissance de ce fléau dans les cours, dès la petite école ?
Qui souffre de la faim et de malnutrition serait une sorte de paria nécessaire au développement des moyens de nourrir les populations ? En ce cas trois milliards d’hommes serviraient de « volant de surchauffe » à l’industrie alimentaire !
C’est le même principe dont se sert le patron pour justifier les bas salaires comme une politique d’entreprise.
Ce scandale devrait être mis au premier rang des objections d'une l’économie telle que la perçoivent les dirigeants d’aujourd’hui.
On devrait dire à ces messieurs que ce drame n’est pas une catastrophe naturelle et qu’il est le produit de la définition du « bon » business !
La faim dans le monde n’est pas le produit explicable d’une démographie galopante et d’une productivité toujours insuffisante, en retard d’une guerre, en quelque sorte.
Des gens au Bengladesh meurent de faim devant des magasins regorgeant de marchandises.
De ces pays appelés jadis sous-développés et pudiquement rebaptisés « en voie de développement » les céréales sont exportées pour nourrir le bétail américain. Les plantations de palmiers produisant de l’huile à bas prix détruisent l’habitat naturel des pays exportateurs et concourent à priver les populations des terres nourricières antérieures.
Au lieu de passer à une agriculture vivrière pour atteindre la sécurité alimentaire, les terres sont exploitées de façon éhontée par des multinationales aux seuls profits de quelques despotes locaux et à la grande misère de la quasi-totalité des populations.
Si ce ne sont pas les effets directs du système économique en vigueur, j’attends toujours que nos brillants défenseurs du MR argumentent du contraire.
Parler du pain quotidien, c’est aussi une manière de différencier le commerce des produits alimentaires de celui du matériel Hifi.
Ne serait-ce pas une bonne chose de l’affirmer haut et clair de la part de nos ministricules du bien-à-l’aise du tout-pour-moi et rien pour les autres ?
Et l’Europe ferait bien de sortir de sa torpeur pour proposer à l’ONU d’interdire la spéculation sur les produits alimentaires. Certains se souviennent encore de la rétention dans les silos à grains des multinationales, d’un blé dont les prix allaient augmenter en prévision de famines en Inde, suite à de mauvaises récoltes, en 2008 et 2011 !

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Qui dénoncera le dumping entre les produits finis que le monde occidental exporte dans les pays pauvres et le paysan local qui vit de son champ ou de son élevage ? Quand on sait que c’est grâce à l’exploitation systématique des sols des pays sous-développés que l’Europe et les USA peuvent produire, par exemple, des poulets à bas prix, on mesure l’étendue du désastre.
Après avoir démontré le paradoxe entre l’éthique, que l’on inculque aux citoyens dans les écoles et le monde des affaires dans lequel ils sont plongés ensuite, on croit avoir tout dit, puis on s’en va écouter les discours « civilisateurs » de Louis Michel.
Si nos gens de pouvoir ne peuvent pas s’installer dans le donquichottisme permanent, face à un système concurrentiel tel que nous le ressentons dans notre quotidien, on aimerait, au moins, qu’ils en conviennent.
Ou alors, c’est entendu, à la foire des coquins, ils sont aussi bien placés que les autres et n’ont aucune envie que le marché mondial de la bouffe change de méthode.
C’est plutôt cette dernière version qui est la bonne.
Alors, permettez-moi d’écrire ce que je pense depuis longtemps : cette démocratie ne sera jamais qu’un leurre, tant qu’elle sera dirigée par les commis d’hommes d’affaires.

5 mai 2016

Une belle idée !

L’allocation universelle n’est une nouveauté pour personne. Au fil des années, ce thème a été abordé dans ce blog plus d’une fois. Depuis l’aggravation de la concentration des richesses, il revient comme une réponse au tour extravagant que prend l’argent, dans un système économique que plus aucune démocratie ne maîtrise.
L’allocation universelle n’est en aucune manière une façon d’échapper à la finalité épouvantable des fruits de la richesse dans seulement quelques mains, mais une redistribution partielle touchant aux inégalités, évitant la guerre civile. Rien qu’à ce titre, elle mérite qu’on s’y intéresse.
On s’y intéresse déjà à titre expérimental, au Canada, en Alaska, en Inde, en Namibie, aux Pays-Bas, comme il me souvient l’avoir déjà écrit. Une des formes de cette redistribution aura cours de façon provisoire en Finlande à partir de 2017. Un référendum en Suisse est, en principe, arrivé presque au stade de l’exécution.
Seulement voilà, c’est le genre d’idée que l’on peut avoir à gauche comme à droite, mais l’allocation universelle peut s’avérer n’être pas si généreuse que ça.
Pour la droite, l’allocation universelle simplifierait l’administration et la gestion des aides de sorte qu’elle pourrait faire des malades, des chômeurs et des pensionnés, les assistés à part d’une société active. Le but serait de réduire massivement le rôle de l’État et ouvrirait la voie à une privatisation à tout va, éducation, santé, protection, gestion des pensions, etc. Les actifs financeraient leur existence selon leurs besoins. L’État providence créé par les luttes ouvrières sur deux siècles de syndicalisme aurait disparu.
La liberté pour tous, principe même de l’allocation universelle, n’entre pas dans ce concept. Les gauches y verraient plutôt de garantir à la personne une autonomie propice à l’épanouissement par la création. Le travail se ferait par consentement mutuel et s’accomplirait sans la lancinante recherche du pain quotidien dans la soumission au propriétaire des outils et du lieu de travail. Un contrat d’égal à égal lierait les parties. Les citoyens acquerraient le respect de soi et des autres. On atteindrait ainsi un âge d’or sans égal.
Utopie, rêve éveillé ou cauchemar d’un capitalisme sans limite, tout paraît possible de prime abord.
Économiquement, elle n’est pas si ridicule qu’elle paraît. Cet accès à une redistribution pour tous lutterait contre la récession. Il y a même dans le jargon financier un terme «argent hélicoptère» qui ne dit pas autre chose. Selon le système des banques centrales qui alimentent les banques en liquidité, on pourrait verser une somme à chacun sur un compte bancaire, que l’on chiffre entre 700 et 1000 € par mois. Elle serait financée par l’impôt. La création monétaire ne serait pas une bonne solution, car elle conduirait à l’inflation très rapidement.
Si l’idée fait son chemin dans certains pays, il ne faut pas compter sur une initiative de Charles Michel. Il a bien une conduite trop pusillanime dans un gouvernement trop orienté à droite pour oser quoi que ce soit en la matière. Ce type n’a qu’une idée en tête : durer !
Comment aborder la question sans hâte et dans la réflexion ?
L’impôt négatif a toujours échoué. Pour une fois, Jacques Attali a raison « On perdrait l’impact spécifique de toutes les aides existantes, qui n’ont pas été inventées pour rien: on finirait alors par les recréer et l’allocation universelle deviendrait juste une aide de plus. »
Idem, si, de bonne foi, ce ne serait que pour relever les minimas des plus pauvres d’entre nous, l’offre du travail s’effondrerait. Le moindre employeur se verrait traité de négrier, ce qu’il n’est pas toujours.

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Il faudrait imaginer un moyen qui fait qu’un caddie d’un super marché rentre après chaque usage dans sa logette, le client y récupère sa pièce de monnaie, parce qu’il a intérêt à le faire. Sinon, puisqu’on survivrait sans rien produire, quel serait l’intérêt d’aller bosser ?
Jacques Attali imagine un système de coupons réservés aux plus faibles en complément de leurs revenus. « Chaque coupon aurait une validité de trois mois et qui le recevrait en paiement pourrait le transformer en monnaie auprès de l’administration du Trésor. L’impact sur la croissance et l’emploi serait sûrement très significatif. Cela vaut la peine d’essayer, au moins pour trois mois… ».
Attali oublie une chose, la valeur du coupon ajoutée aux autres formes d’aide ou aux pensions les plus basses reviendraient à dépasser le salaire minimum dans presque toutes les industries.
Mais son idée de coupon est à creuser.
En Belgique, on récupérerait facilement les milliards nécessaires en refondant les rouages de l’État en grand surnombre de citoyens élus dans cinq gouvernements et cinq parlements, surpayés et protégés jusque dans leur retraite.
Mais pour ce faire, une canonnade dans le parc de Bruxelles, comme en 1830, serait largement insuffisante !

4 mai 2016

La RTBFOOT.

Du 10 juin au 10 juillet, si vous n’aimez pas le foot, surtout évitez la RTBF.
On sait que notre chaîne publique n’aime guère les débats d’idées, déteste comme la peste les contradicteurs, surtout ceux de l’extrême gauche qui débinent le parti socialiste.
Voilà qui va combler d’aise les administrateurs et la direction du boulevard Reyers, les aficionados mais aussi ceux qui n’ont rien à branler de l’Euro 2016, tout le monde se farcira les 51 matches en direct à la télévision et sur le web. Cette cucuterie bidon, durera un mois !
Faites confiance à nos Roule-ta-bille. Ils vont se faire une paire de ballon en or massif.
"Notre chaîne mobilise tous ses médias sous la bannière du 'Bleu, blanc, Diables'", indique Michel Lecomte, le chef des sports de la chaîne publique. Autrement dit, elle était déjà d’une grande superficialité, avec la mobilisation de tout le personnel, y compris celles et ceux qui avaient encore un ou deux neurones, le niveau moyen va descendre d’un cran.
Les décodeurs du dimanche seront mobilisés. Florence Hainaut tiendra la buvette au Times. Gerlache se mêlera aux populations des stades avec interdiction de parler de populisme. Remy et Kroll animeront les après-matchs dans les vestiaires.
Ce n’était déjà pas drôle. Ce sera le moment de redécouvrir les plaisirs de la lecture.
Les infos seront brèves sur les autres sujets d’actualité et surtout éviter les commentaires.
C’est ainsi que question chômage, on publiera les chiffres qui montrent une baisse du nombre des demandeurs d’emplois. On se passera d’un empêcheur de shooter en famille qui ajouterait, l’imprudent, que les cartes rouges correspondent à peu près à la diminution.
Oubliées les affres du gouvernement Michel sur le nucléaire, les bisbilles entre partis flamands et le refus des parlementaires de s’aligner sur les pensions du régime général, les mauvaises nouvelles seront bottées en corner et reportées après le 10 juillet en pleine période de vacances.
Inutile d’écrire que le gouvernement est ravi. Cela lui permettra d’atteindre les congés des râleurs et l’éparpillement de l’opposition aux quatre coins de la planète.
De tous temps, du 15 juillet au 15 septembre, c’est le trou noir. Des grands reporters au personnel d’entretien, tous préparent déjà leurs valises, achètent des billets d’avion, se ruent dans les agences. La grande maison tenue à bout de bras par la finance citoyenne est mise sur pilote automatique. Les rediffusions, les films d’anthologie, les navets qui ont passé dix fois et les feuilletons anciens se reprogramment automatiquement. C’est le concierge qui en fermant les lumières dans les couloirs éteint du même coup l’émetteur, pratique et pas cher.
Déjà qu’avec le foot, c’est semi automatique, la moitié des contribuables sera trompée sur la marchandise, après on aura toutes les variantes de « la petite maison dans la prairie ». Avec Lecomte à la barre, c’est JR qui reprend la main depuis Dallas.

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Qu’on se le dise "Le premier rendez-vous est fixé pour le lundi 16 mai sur La Une avec le journal des Diables. Au programme: 10 minutes d'actu de notre équipe nationale."
Autant le dire tout de suite, dès le 16 mai barrez-vous.
Sinon, dès que vous entendrez prononcer des noms outre celui de Lecomte : Rodrigo Beenkens et Philippe Albert, en couple, nos huit commentateurs en France à nos frais, sautez sur une autre chaîne, si vous ne pouvez pas vous passer de télé.
Vincent Langendries et Olivier Gaspard seront voués aux Diables depuis leur camp pour suivre l’actualité dès potron-minet. Benjamin Deceuninck tiendra salon à "Bleu, Blanc, Match", c’est dire s’il faudra rester vigilant.
Enfin, pour les lourdauds qui croyaient voir le match à 16 heures, alors qu’il est passé à treize, un debriefing résumera toute l'actu du jour après 23h.
Je passe la radio RTBF, le délire est tout aussi profond.
Ah ! on va déguster…

3 mai 2016

Une trahison.

Le chômage de masse ne date pas d’hier.
Depuis la réflexion de Mitterrand « On a tout essayé. » d’autres et notamment en Belgique ont essayé davantage, sans succès. Au contraire, les soubresauts de la finance et les avatars autour des subprimes ont ajouté une couche à ce qu’on a fini par déclarer en haut lieu de calamité nationale.
Mais personne, absolument personne, parmi les responsables de l’État, n’a conclu que ce qui produit le chômage, comme les nuages la pluie, peut être le système économique lui-même tel qu’il dérive actuellement vers une globalisation qui nivelle par le bas les producteurs des biens.
C’est pourtant bien évidemment l’hypothèse la plus vraisemblable.
Tout le monde en conviendrait volontiers si l’enjeu n’était pas si énorme.
Le pouvoir politique manque de courage en ce moment.
Pourtant le chômage n’est pas le seul point noir, quoique le plus visible. Il engendre aussi une paupérisation des populations du bas du tableau et mord même dans les classes moyennes.
Enfin, tous les économistes le savent à la faveur de ce système, la rémunération du capital est plus avantageuse que la rémunération du travail. L‘oisif aisé gagne des points sur l’oisif malgré lui et le travailleur du bas de l’échelle.
Alors, sans faire de politique, sans vouloir prétendre que la solution est dans les partis d’opposition, en toute bonne foi et sincérité, pourquoi n’y a-t-il absolument personne parmi les hommes d’État pour simplement faire ce constat ?
Puisqu’on a tout essayé et au-delà et puisque rien ne fonctionne, pourquoi poursuivre sur une voie dont on sait qu’elle est sans issue, sans chercher à en sortir en faisant autre chose ?
Les dernières prises de position de ce gouvernement sont aberrantes. Il semble à Charles Michel tout à fait naturel d’admettre que ce système est pérenne et inamendable. Comme le ferait un petit comptable sans pouvoir ni initiative, il aligne les chiffres, les productions, le personnel. Il cherche à établir l’équilibre des comptes comme un boutiquier gère son fonds de commerce.
Sa vision ne va pas au-delà de l’achat de fourniture, des transformations manufacturières de celles-ci par un atelier dont il faut à tout prix réduire les coûts par la suppression d’une partie du personnel et la diminution des salaires de ceux qui restent, pour rembourser les prêts.
C’est une politique, ça ?
Est-ce une gestion digne d’une démocratie et du respect que les gens de pouvoir doivent avoir pour ceux qui les ont mis là où ils sont ?

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Mais il devrait y avoir des concours, des plans, des colloques, des demandes de participation d’intellectuels, de philosophes, des gens du peuple et des experts les plus compétents pour mettre à plat toutes les données du système et que ce soit par algorithme ou formule raisonnée, proposer d’abord par des simulations les moyens de sortir du système et sur décisions par voie de référendum, procéder prudemment à la mise en place des moyens de le faire.
Que fait-on à la place ? La politique de la boutique comme il est dit plus haut, mais encore en vouant un profond respect à ceux qui en-dehors de l’État pèsent par traités, programmes et usages sur les décisions, s’installant en arbitres des convenances en s’armant de pouvoirs comme on le fait à l’Europe, en nouant des alliances par-devers nous et en négociant avec les USA !
Michel et les autres prétendent que subir le chômage sans espoir d’amélioration, sinon saisonnier et minime, est la meilleure solution.
C’est-à-dire qu’ils avouent leur défaite sans autre réaction que celle d’un peuple vaincu et qui se plie aux desideratas des occupants ou des autorités qui nous gouvernent de loin.
C’est une désertion ou pire un transfert à l’ennemi avec arme et bagage.

2 mai 2016

Jean-Marie qu’Anglois…

..brulèrent place des Pyramides.

Ils sont fous ces Le Pen !
C’est comme si Michel-le-Vieux jetait l’anathème sur son fils parce qu’il lui semble que Charles est trop mou avec les syndicats et pas assez dur dans la conduite libérale des affaires du pays.
À quatre-vingt cinq ans passés, Jean-Marie entend rester le patriarche-fondateur du parti et le chef incontesté. Sa famille lui cause-t-elle un problème pour satisfaire à sa passion du pouvoir ? Obstacle à son dessein, il la supprime. Voilà deux caractères Père-Fille qui s’affrontent, dommage que Jean Racine soit mort depuis longtemps. Après Phèdre et La Thébaïde, « Au secours, Jeanne » aurait été le panneau manquant du triptyque.
Bien entendu à part les frontistes, le monde politique se fout de leurs gueules. Ceux qui se sentaient menacés par la montée du Front, suite à l’incurie des deux seules alternatives du pouvoir français : le camp Hollande et le camp Sarko, respirent un peu plus librement.
Le test du Premier Mai d’un Front apaisé, voire réconcilié, c’est raté.
Un peu moins d’un an après l’exclusion de Jean-Marie Le Pen, le vieux n’est pas encore mort. Il sait toujours mordre et il mord ! Il a même réussi à débaucher trois eurodéputés du Front. Ils vont probablement se faire exclure.
Au Paris Event Center, Marine Le Pen, devant 2.500 partisans a tenu le crachoir plus d’une heure, sans parler une seule fois de son père qui se faisait exorciser, pendant ce temps, par Jeanne la Pucelle place des Pyramides, possédé qu’il était par sa démoniaque fille.
Après l’instant de douce rigolade et la satisfaction d’un Front déchiré, les partis conventionnels auraient tort de se laisser aller dans la croyance que ce Front National est à l’image de cette dissidence inédite, composée « Des fous, des dingues » d’une poignée de vieux chambragazistes négationnistes.

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Steeve Briois, un mariniste actif aurait déclaré : « Nous n’avons plus rien en commun avec Jean-Marie Le Pen et sa clique de gens très peu fréquentables. Il entretient des rapports avec Rivarol et Henry de Lesquen, des gens qui sont des fous, des dingues. Nous, notre seul objectif est d’arriver au pouvoir. »
Vu sous cet angle et compte tenu du dégout profond de l’alternance gauche-droite des Français, il n’est pas dit qu’une rupture définitive dans la famille Le Pen ne produise un effet inverse en faveur de la présidente du Front.
Bien sûr Marine Le Pen en développant les grandes lignes de sa politique, sur l’euro, l’Europe, l’immigration, la souveraineté française, etc. fait du Trump sans qu’aucune de ses propositions ne soit chiffrée, expliquée, détaillée. En ce sens, elle fait aussi du François Fillon et de l’Alain Juppé, mais comme elle a l’avantage de n’avoir jamais été au pouvoir comme les deux autres, sa virginité dans les affaires pourrait faire la différence dans le scrutin suprême.
Si Cambadélis fait « Hé Ho la gauche ! » sans en remuer une en touchant l’autre, comme disait naguère Chirac, la Walkyrie au blond rinçage pourrait faire « crac boum hu » que les autres en tombent à ces genoux, comme du temps où Dutronc tombait les filles.
Les illuminés à droite comme à gauche paraissent tellement sûrs de l’emporter qu’ils peuvent très bien faire du Bruno Lemaire interviewé par Caroline Roux ce dimanche sur France 3 : aligner de belles phrases pour peu de résultat.

1 mai 2016

Hé Oh !... mais Mai ?

À sa manière de présenter le Premier Mai, la presse belge fait presque regretter que la désaffection du public pour la presse écrite ne soit pas plus rapide.
Le Soir, surtout, de par la structure de sa direction a été particulièrement docile aux lois du marché et de la démocratie de participation. Comment, dès lors, commenter l’événement et parler des enjeux actuels en restant objectif ? Ils en sont tout à fait incapables.
Ce journal donne à lire deux interviews en un seul article, celui de Paul Magnette, suivi de Michel-le-Vieux, le tout sommé de la photo en gros plan de Louis tel qu’en lui-même sa suffisance éclate.
Ainsi du drame actuel, de la paupérisation qui gagne, des luttes syndicales, des intellectuels qui voient venir le mur, Le Soir n’a trouvé de plus représentatif que MM Michel et Magnette !
Si ce dernier essaie d’effacer le souvenir d’un gouvernement Di Rupo libéral, Michel-le-Vieux n’évolue guère depuis qu’il fêtait à Jodoigne le Premier Mai sous tente.
On ne va pas recenser tout son argumentaire, comme le Soir le fait si complaisamment. La seule question qui vaille serait « comment osent-ils encore ? ». Ce pluriel volontaire implique la rédaction du journal et l’homme politique unis dans la même complicité.
Cette vieille baudruche politicarde me fait penser à Giscard avec son « monopole du cœur » décoché à Mitterrand lequel en avait aussi peu que lui.

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En réalité le Premier Mai ne se fait plus dans les cortèges de rue. Il se fait dans les consciences et dans les cœurs. Les vieux militants socialistes le savent bien que leur parti vit un terrible drame, celui de son entrée participative à un concept économique que tout porte à croire qu’il n’est pas éternel et qu’il peut s’effondrer demain, aussi vite désagrégé que le fut la défunte URSS sous Gorbatchev.
Et que retiendra-t-on ?... que l’effort participatif du PS à la dominante économique aura permis à celle-ci de durer un peu plus longtemps que les pronostics.
Le PS qualifié de traître, quelle sera sa participation à un pouvoir moins oligarchique ?
La construction européenne pâtit déjà des prémices d’effondrement. Pour ne pas avoir considéré l’avis des citoyens du continent, l’Europe part en morceaux. On saura si le premier sera l’Angleterre d’ici fin juin.
Avec ou sans Brexit, l’accord TAFTA signé ou toujours en pourparler, l’immigration ancienne et la vague de réfugiés, des États membres en rébellion et une alliance infamante avec la Turquie, l’Europe a un genou à terre.
Ce premier Mai est tout à fait particulier en ce sens que personne ne pourrait dire ce que sera le lendemain. Comment persuadera-t-on les millions de chômeurs qu’on n’a plus besoin d’eux pour faire tourner la machine capitaliste ?
On ne croit plus aux vieilles lunes politicardes – Louis Michel en est la caricature – ni même à celles de la génération suivante. La démocratie s’éloigne d’eux. Le système ne correspond plus exactement à l’exigence morale, ni à l’intérêt des citoyens.
Peut-être n’y a-t-il rien de plus urgent que le mot d’ordre de la FGTB qui appelle à la grève générale en ce Premier Mai frisquet ?
Sera-t-il suivi d’effets ou n’est-ce que l’occasion des beaux discours ? Louis-le-Vieux en a certainement un magnifique, en attendant de le lire dans le Soir du lundi, les autres ne seront pas en reste. Nous aurons peut-être des extraits du speech socialiste, pour établir l’équilibre de la balance ? Ce sera tout.
Saluons la Centrale générale de la FGTB, qui représente plus de 430.000 membres et 48 secteurs ouvriers, dans son intention de proposer aux travailleurs une manifestation nationale fin mai, une grève générale fin juin, après concertation sur l’avenir de ce mouvement et une éventuelle reprise en septembre.
Pour le reste…