Ciel ! un bon journaliste…
…horreur, c’est un Français !
Jean Quatremer est le correspondant à Bruxelles de Libération.
Il y informe ses lecteurs des problèmes de l’Europe.
Petit à petit, il s’est intégré dans la population bruxelloise au point de réfléchir comme un ketch des Marolles. Son avantage sur ses collègues de la presse belge : il ne doit pas rendre des comptes à la rédaction d’un journal bruxellois. C’est donc un électron libre comme il n’en existe plus au Soir ou à la Dernière Heure.
Ce n’est pas demain la veille qu’on verra un éditorial de Béatrice Delvaux parler de déliquescence de l’Etat central « déchiré par plus de cinquante ans de luttes entre Flamands et Wallons ».
À part quelques outrances (Quatremer a parfois tendance au sensationnalisme) ses articles apportent de l’air frais et montrent qu’il est encore possible d’intéresser les lecteurs par une autre vision de la situation belge, que la version des directeurs de presse, trop proche de celle du gouvernement pour qu’elle apparaisse sincère.
Ainsi l’Article de Libération de la semaine dernière signé Quatremer donne une toute autre version des attentats du 22 mars « ils ont fait éclater la bulle de déni dans laquelle le pays se complaisait depuis longtemps. »
Voilà du coup le Français rangé par Gerlache et ses pareils dans la catégorie « populiste » avec ce vulgaire Richard III.
Bienvenue dans le club, camarade
En guise de pot d’accueil pour les snipers de l’info, Quatremer n’y va pas par quatre chemins.
L’État sous la houlette de Di Rupo, puis de son adversaire MR, Charles Michel, a fermé les yeux sur la radicalisation de certains quartiers d’Anvers et de Bruxelles, en échange d’une paix communautaire, sinon par calcul politique, écrit à peu près notre homme..
Je pense que la paix communautaire ne passe pas par là, elle n’a vraiment jamais été qu’une posture dans laquelle deux Régions se sont trouvées sous la coupe de la N-VA pour la Flandre et du PS pour la Wallonie. La première ne veut plus de la dynastie qui est un frein à son confédéralisme et la seconde est passée de son désir de république au désir de monarchie, depuis que le PS en relais avec le CDH fait du social-libéralisme son cheval de bataille pour une bourgeoisie unie et triomphante.
Les Wallons passent tout à Bart De Wever, comme le MR et Louis Michel d’ailleurs, qui font la même politique, pour affadir les projets qu’a le bourgmestre d’Anvers, obligé lui de les durcir, pour siphonner les voix du Vlaams Belang.
Pour ce qui concerne la politique sécuritaire, Quatremer a raison, c’est un fiasco que ni les experts de l’antiterrorisme, ni les paroles fortes des gouvernementaux, encore moins les invités de la télé triés par les médias pour glorifier les services et rassurer la population, n’ont réussi à rendre confiance aux Belges sur l’efficacité des niveaux d’alerte. Mais le plus gros de la critique tourne autour de la prévention, des services de renseignement et des compétences des casquettes à galons.
La suite des enquêtes et l’arrestation de Salah Abdeslam (arrêté à 500 mètres de son domicile après 4 mois de traque) n’ont fait que confirmer une réalité : la guerre linguistique des polices et l’incurie des municipalités dont celle de Molenbeek, sous Philippe Moureaux son ancien bourgmestre.
Il faut croire que la gêne perdure au plus haut niveau de l’État et qu’on peut se brosser d’un discours mea culpa du premier ministre qui a retenu les leçons de son père, un grand menteur devant l’éternel, et ce n’est pas la démission de Jacqueline Gallant qui fera soupape de sécurité.
« La sidération semble avoir emporté ce qui restait de l’Etat, celui-ci multipliant les décisions sans queue ni tête au point de mettre en péril l’économie de la capitale et du pays. » Cette conclusion de Quatremer on pourrait la retrouver dans des dizaines de blogs que j’ai commis depuis 2003, soit treize années, au cours d’occasions, comme celle-ci, toutes étant moins dramatiques que celles que nous vivons, si l’on excepte l’affaire Dutroux et l’exceptionnelle connerie du gendarme Michaux.
Bienvenue au club des populistes, camarades !...