On se plante ?
S’il fallait encore une preuve de l’absurdité du système économique mondial, on la trouverait dans l’endémique problème de la faim.
Comment se fait-il qu’on n’incorpore pas la connaissance de ce fléau dans les cours, dès la petite école ?
Qui souffre de la faim et de malnutrition serait une sorte de paria nécessaire au développement des moyens de nourrir les populations ? En ce cas trois milliards d’hommes serviraient de « volant de surchauffe » à l’industrie alimentaire !
C’est le même principe dont se sert le patron pour justifier les bas salaires comme une politique d’entreprise.
Ce scandale devrait être mis au premier rang des objections d'une l’économie telle que la perçoivent les dirigeants d’aujourd’hui.
On devrait dire à ces messieurs que ce drame n’est pas une catastrophe naturelle et qu’il est le produit de la définition du « bon » business !
La faim dans le monde n’est pas le produit explicable d’une démographie galopante et d’une productivité toujours insuffisante, en retard d’une guerre, en quelque sorte.
Des gens au Bengladesh meurent de faim devant des magasins regorgeant de marchandises.
De ces pays appelés jadis sous-développés et pudiquement rebaptisés « en voie de développement » les céréales sont exportées pour nourrir le bétail américain. Les plantations de palmiers produisant de l’huile à bas prix détruisent l’habitat naturel des pays exportateurs et concourent à priver les populations des terres nourricières antérieures.
Au lieu de passer à une agriculture vivrière pour atteindre la sécurité alimentaire, les terres sont exploitées de façon éhontée par des multinationales aux seuls profits de quelques despotes locaux et à la grande misère de la quasi-totalité des populations.
Si ce ne sont pas les effets directs du système économique en vigueur, j’attends toujours que nos brillants défenseurs du MR argumentent du contraire.
Parler du pain quotidien, c’est aussi une manière de différencier le commerce des produits alimentaires de celui du matériel Hifi.
Ne serait-ce pas une bonne chose de l’affirmer haut et clair de la part de nos ministricules du bien-à-l’aise du tout-pour-moi et rien pour les autres ?
Et l’Europe ferait bien de sortir de sa torpeur pour proposer à l’ONU d’interdire la spéculation sur les produits alimentaires. Certains se souviennent encore de la rétention dans les silos à grains des multinationales, d’un blé dont les prix allaient augmenter en prévision de famines en Inde, suite à de mauvaises récoltes, en 2008 et 2011 !
Qui dénoncera le dumping entre les produits finis que le monde occidental exporte dans les pays pauvres et le paysan local qui vit de son champ ou de son élevage ? Quand on sait que c’est grâce à l’exploitation systématique des sols des pays sous-développés que l’Europe et les USA peuvent produire, par exemple, des poulets à bas prix, on mesure l’étendue du désastre.
Après avoir démontré le paradoxe entre l’éthique, que l’on inculque aux citoyens dans les écoles et le monde des affaires dans lequel ils sont plongés ensuite, on croit avoir tout dit, puis on s’en va écouter les discours « civilisateurs » de Louis Michel.
Si nos gens de pouvoir ne peuvent pas s’installer dans le donquichottisme permanent, face à un système concurrentiel tel que nous le ressentons dans notre quotidien, on aimerait, au moins, qu’ils en conviennent.
Ou alors, c’est entendu, à la foire des coquins, ils sont aussi bien placés que les autres et n’ont aucune envie que le marché mondial de la bouffe change de méthode.
C’est plutôt cette dernière version qui est la bonne.
Alors, permettez-moi d’écrire ce que je pense depuis longtemps : cette démocratie ne sera jamais qu’un leurre, tant qu’elle sera dirigée par les commis d’hommes d’affaires.