Aux enfoirés de la RTBF.
Elle était trop bien pour eux ! Pour expliquer la chute des audiences des « Décodeurs de l’Info» (dimanche midi), ils ont réussi à faire porter le chapeau à Florence Hainaut.
On est comme ça à la RTBF.
Dans cet univers de machos, quand ça tourne vinaigre, s’il y a une femme sur les lieux de la catastrophe, c’est elle qui trinque !
Les vrais responsables ne sont jamais inquiétés. Il y a assez de boucs émissaires pour tenir encore quelques années. Ils n’ont qu’à puiser dans les stocks d’animatrices de « on n’est pas des pigeons ».
Les Services Publics dans le commerce des arts de la parole doivent faire pitié, s’ils veulent rester en vie. Pour subsister par rapport au commerce libre, il leur est recommandé de faire dans le médiocre, servir de faire valoir à l’efficacité de l’initiative privée, rendre service aux classes moyennes !
Et aux hautes directions de la Maison, parmi les concepteurs de programmes, des médiocres il y en a un rayon.
La RTBF est passée maître dans l’exercice cafouilleux, le parcours « seconde zone » et les budgets pourris.
On imagine la scène dans un bureau du 52, boulevard Reyers.
– Florence, on ne dit pas que c’est à cause de toi à 100 %, mais on a encore perdu de l’audience ce dimanche… On s’arrange pour que tu aies l’air de donner ta démission… on n’est pas des sauvages !
On avait là une « star » en devenir, gentiment professionnelle, pleine d’esprit et de ressources. Que pouvait-elle faire seule pour relever une émission plombée à l’avance par « l’esprit RTBF » ?
Les ratés et les aigris qui pullulent dans les couloirs d’une institution dont je fais les frais sur ma feuille d’impôt, ont eu raison de celle qui aurait pu un jour leur faire de l’ombre.
Car l’échec de cette émission est de la faute de ses producteurs et aux deux zigotos qui fichent le guignon à tout ce qu’ils touchent, Alain Gerlache et Baudouin Remy.
Dans ce naufrage, Pierre Kroll n’a pas démérité.
Un type intelligent à la direction (y en a-t-il un ?) se serait dit « le déroulement de l’émission n’est pas bon. Le décor est riquiqui. Les invités, souvent des besogneux du journal Le Soir et de province, la ringardisent davantage. En réalité, pour la Belgique, ils ne sont pas trop mauvais. Mais la direction a décidé d’en changer tous les dimanches. Le public n’a pas le temps de s’habituer à leurs trombines. Eux-mêmes font leur tour de piste, touchent leurs cachetons puis s’en vont cachetonner ailleurs. Le budget famélique de l’émission fait le reste.
Bien sûr on n’a pas l’habitué téléspectateur intelligent pour faire des services politiques à la Yves Calvi. On peut tout juste trouver du monde pour s’ébaubir des saillies droitières d’Emmanuel Praet sur RTL à la même heure. Son « bon sens » genre « Front national » est un sommet d’attention pour la majorité de pignoufs du dimanche midi.
En face, les néons et les trompe-l’œil donnent l’illusion d’être dans la chambre froide d’une boucherie.
On aurait pu essayer avant de décourager Florence Hainaut, un décor de salon quelconque dans lequel elle aurait joué à la maîtresse de maison. Pourquoi pas, changer d'endroit, sur des sites touristiques connus, il existe des coins formidables. Sans verser dans le pathos "visite du patrimoine" on pouvait parler politique. Le décor relativise souvent le propos. On pouvait y aller franchement.
Est-ce sérieux ce que j’écris là ? La RTBF est aux antipodes de la décontraction. Elle fait « mission service public » à mort.
Florence Hainaut est bien trop libre pour ces gens-là.
Voyez Deborsu à la téloche privée: est-ce que ses chroniqueurs sont meilleurs plus innovants ? Est-il lui-même désopilant, cultivé, posant les bonnes questions ? Ils paraissent plus décontractés et surtout ils se contredisent. À RTL, ils sont tous de droite avec la petite pointe centre-gauche de Michel Henrion, auquel il ne faut surtout pas parler du PTB. Christophe Deborsu, belgo-flamand, lui-même ancien de la RTBF y a résisté 24 ans, avec son petit commerce ambulant de balles rouges et vertes et sa façon de clore le bec à celui qui lui ferait de l’ombre, il n’arriverait pas à la cheville de Florence Hainaut si on avait donné à celle-ci le pouvoir d’omniprésence, alors qu’elle devait céder le crachoir à heure fixe à Gerlache ou à Remy, histoire de faire fuir les derniers clients.
Ces deux là devraient faire une émission « silence, on ferme » dans un bistrot à minuit. Ils seraient habillés en garçon et mettraient les chaises sur les tables avant de passer la serpillère.
Certes, on n’a pas en Belgique le réservoir de beaux esprits et de figures médiatiques que la France possède. RTL non plus, je signale au passage. Ce n’est pas une raison de montrer à côté de la belle, ces vieilles figures d’Halloween !
À moins qu’on ne trouve un job à Florence Hainaut sur RTL (ce serait un fameux scoop), elle aura du mal à se recaser dans le métier en francophonie.
La RTB est particulièrement ingrate pour ceux qui ont du talent et remarquablement bienveillante pour ceux qui s’accrochent en vertu du droit d’ainesse, de l’appartenance à un parti ou en vertu d’une incapacité notoire à faire de la télé.
Impulsive et honnête, comme je la crois, elle va peut-être partir sans indemnités de licenciement. Si le coup était prémédité, des saligauds quelque part, dans les bureaux doivent bien rigoler. C’est bien la première fois, que je suis pour qu’on dédommage quelqu’un de la RTBF pour préjudice moral.
Et je m’en veux de l’avoir, parfois maladroitement, critiquée sans le vouloir.
Adieu, ma belle, et bien triste de ne plus te voir.