Mort aux vieux !
Le mur des lamentations ne serait pas complet si on n’y ajoutait pas les voix des pleureuses sur le grand cadavre des 28 qui, en principe, vont déjà se retrouver à 27 quand on demandera à Cameron pour la suite du sommet européen de bien vouloir gagner la sortie.
D’abord le directeur de l’information de la RTBF, Jean-Pierre Jacqmin, s’inquiète «Faut-il supprimer le droit de vote aux plus de 60 ans qui votent contre l'avenir des jeunes ? »
Plus très jeune lui-même, Jacqmin aurait-il des doutes sur ses facultés ? Ce serait par scrupule qu’il…
On connaît cet équilibriste en génuflexions dosées, un fléchissement des genoux à gauche aussitôt compensé par le même à droite. Est-ce parce qu’il est déjà en âge d’obtenir une préretraite (bien méritée) que Jacqmin avoue détester les vieux ? Ou sa déception du Brexit l’a-t-elle conduit à déclarer sa haine du troisième âge ?
On reste confondu devant ces gens qui refont un référendum qui ne les arrange pas, alors qu’ils ne cessent de réclamer la règle du suffrage universel quand la droite gagne les élections, grâce aux Flamands, formant un gouvernement avec une minorité francophone ?
Croyez-le si vous le voulez, mais c’est vrai qu’une élection n’est jamais le résultat d’une majorité consciente des problèmes du moment, mais le résultat d’une majorité inconsciente qui se laisse prendre à l’attrape-mouche du parti qu’a priori elle préfère, d’autant mieux un référendum comme celui proposé aux Anglais.
Dans le raisonnement de Jacqmin il y a une faille.
Les jeunes ont plutôt déserté les urnes, alors que les vieux se sont donné la peine d’y aller. Il y a la quelque chose d’incompréhensible, fustigerait-il ceux qui font leur devoir de citoyen au profit des absentéistes ?
Que les tenants de l’UE soient déçus, on les comprend. Mais qu’ils utilisent les arguments populistes pour mettre un baume sur leur déception, inconsciemment ils font du Richard III comme tout le monde en ayant honte de le dire.
Ils ne connaissent que la société bourgeoisie du bien-dire sur ton neutre et en souriant. Ils sont les propagandistes inconscients de ce qui est en train de faire perdre l’Europe : une neutralité faussement bienveillante dans le cadre du business international et le mépris des peuples.
Il n’est pas le seul Narcisse à sortir de son « trognon », dirait crûment L-F Céline, tous les non-dits d’une carrière dans le principe de l’art de fermer sa gueule, tout en l’ouvrant à tort et à travers sur la conquête des Gaules par César.
Hélène Bekmezian, journaliste au Monde, fait aussi du pipo «Les vieux qui votent pour le #Brexit ça me rappelle les retraités qui avaient voté pour Sarkozy et son “travailler plus pour gagner plus”»… et encore «Le droit de vote, c'est comme le permis: franchement, au bout d'un certain âge, on devrait leur retirer».
«Le passé a décidé de l'avenir» résume l’eurodéputé Daniel Cohn-Bendit, qui ne s’est jamais senti aussi jeune depuis qu’il est vieux.
Le hic, la société comptera dans l’avenir proche de plus en plus de vieux. Il va bien falloir s’y faire, comme on s’est fait à l’idée que les vieux qui détiennent le pouvoir politique ne vont tout de même pas voter une diminution de leurs salaire, alors qu’ils baissent ceux des autres et y compris ceux des pensionnés, leurs contemporains.
Décidément pleins de ressources en-dehors de celles qui plongent l’Europe dans le noir, quelqu’un en a trouvé une, la meilleure de toutes « …il faudrait que le vote des jeunes ait plus de poids aux élections, et particulièrement lors des référendums, au motif que ceux-ci vont devoir «vivre plus longtemps» avec cette décision que les autres. »
L’accaparement supposé de la démocratie par les vieux mettrait les électeurs de plus de cinquante ans à égalité des businessmen qui font indifféremment de la politique ou du commerce en égoïstes complets, incapables de voter en dehors de leurs intérêts.
Quand on compare l’âge moyen des ministres à celui des électeurs, ce n’est pas demain la veille que le gouvernement Michel va mettre à la pension d’office, nos « admirables » blanchis sous le harnais des partis de pouvoir.
Cela devrait rassurer le « petit vieux, à la veille du gâtisme et qui vote libéral depuis sa première votation ».
Je dois à Aude Lorriaux, journaliste indépendante, certains arguments qui ont été utilisés dans ce blog. Je lui en laisserai donc la conclusion «C’est en fait assez drolatique de voir les partisans de l’Europe actuelle, dont le discours de légitimation politique repose largement sur le rappel d’une mauvaise expérience passée, les deux guerres mondiales ("L’Europe, c’est la paix"), donc sur un fait d’expérience mémorisé, refuser le fait que certains vieux Européens de l’ouest puissent s’être fait leur propre opinion sur l’Union européenne telle qu’elle fonctionne depuis disons les années 1980 [...]. Ces vieux ont voté contre le statu quo ("Remain") peut-être parce qu’ils avaient eu tout le loisir de constater que le statu quo avait emmené leur univers dans le mur.»