Fin de la belle saison en France.
Sarko fait le show cette semaine. C’est une première, l’ex-président français pose un acte de candidature original chez les Républicains par livre interposé "Tout pour la France" ! Avec un titre pareil, il ne pouvait s’exclure du « tout », donc il est candidat ipso facto !.
On peut détester ou adorer cet homme, c’est incontestablement une bête politique ! Nous verrons par la suite s’il a conservé le formidable talent qu’il avait de convaincre les foules. "J’ai senti que j’avais la force pour mener ce combat à un moment si tourmenté de notre histoire", écrit-il en introduction, plaçant d’emblée sa campagne sur le plan des idées de l’homme providentiel. Mais, l’opinion publique est versatile. La détestation de l’ex-président et de l’actuel est du jamais vu dans les sondages. La France l’attend… pas les français, en quelque sorte.
Sans vouloir prendre parti, du reste ma nationalité belge me place en-dehors de la polémique franco-française, ce qu’on reproche le plus à Sarkozy, les nombreuses affaires où son nom est en filigrane, est le résultat d’une activité débordante hors-norme qu’un Hollande ne saurait égaler.
Hé oui ! on ne peut entreprendre beaucoup, sans déléguer un peu et en prenant soi-même des risques.
C’est un paradoxe bleu-blanc-rouge, l’électeur veut un président actif sans bavure ni dérapage. Il est évident que de ce point de vue Hollande sortira irréprochable de son quinquennat. Si on exclut une petite affaire de fesses, tout de suite « réparée » par l’absence à l’Elysée de la suivante, il n’y aura rien à signaler, mais que d’atermoiements, de fautes de cap, de revirements ! Ça aussi, les Français n’en veulent plus.
L’excellente journaliste Ghislaine Ottenheimer analyse le livre de Sarkozy dans Challenges.
« Si l’identité, l’immigration et l’islam sont des thèmes majeurs dans son livre (il veut mettre fin au regroupement familial, réformer le droit du sol), l’ex-président consacre aussi de nombreuses pages à l’économie et à la question de la compétitivité. Il faut selon lui, travailler davantage et accorder plus de libertés aux entreprises, notamment sur le temps de travail. Pour soutenir la croissance, il veut relancer la consommation grâce à un choc fiscal: baisse immédiate de 10% de l’impôt sur le revenu, fin de l’ISF, suppression des droits de succession jusqu’à 400.000 euros (1). …En contrepartie il promet une baisse de la dépense publique de 100 milliards. Avec la suppression de 300.000 postes de fonctionnaires en 5 ans, l’allongement de la durée du temps de travail dans la fonction publique d'Etat à 37 heures payés 37 heures, l’allongement de l'âge de départ à la retraite à 63 ans (contre 64 ou 65 pour ses concurrents), l’alignement des régimes spéciaux sur le régime général, et la dégressivité des allocations chômage de 20% au bout de douze mois. Mais comme il sait qu’il est difficile de se faire élire avec seulement du sang et des larmes, il veut aussi rétablir la défiscalisation des heures supplémentaires. »
Sur certains points on jurerait un programme du MR belge. Il n’y a rien qui serait de nature à déplaire à nos entrepreneurs habitués du Club Lorraine. La poursuite délibérée du système économique tel qu’en lui-même, tout reste figé. Sarkozy ne touche à aucune règle qui changerait le marché. La crise est permanente et sera donc d’un budget à l’autre supportée par le social et les salaires, dans le cadre de la mondialisation, bien entendu.
C’est bien la droite ligne de l’article précédent « L’été meurtrier » dans ce qu’il y a d’erreurs d’une politique européenne de base.
Sarkozy est en cela bien d’accord avec Hollande et le PS !
Ainsi, ces deux candidats à la présidence laissent un formidable boulevard à Marine Le Pen qui a compris et qui fait du Trump en plus intelligent. Reste l’inconnue de l’extrême gauche avec Mélenchon. Ce dernier sera-t-il fédérateur ? C’est à suivre.
Quant au renouveau du PS avec Montebourg et les anciens frondeurs, tout au plus sera-ce un élément supplémentaire pour faire perdre Hollande au cas où il se représenterait.
L’embellie du chômage laisse supposer que Flanby ira au primaire du parti. S’il s’en sort, il sera battu au second tour de l’élection majeure (s’il n’est déjà pas out au premier !) contre tout qui se présentera à droite contre lui.
Alors en 2017, après la défaite, le PS traversera une crise profonde et il ne faudra pas moins d’une refondation de ce parti pour repartir sur de bons rails… dans dix ans !
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1. En Belgique, c’est un véritable hold-up permanent des pouvoirs publics sur les petits héritages, un vol pur et simple ! Les gros héritages échappent à cette confiscation par des transmissions très élaborées par des cabinets d’avocats spécialisés.