Le « Patriot Act » version N-VA.
Exaspéré par les attentats crapuleux de Daesh, le citoyen voit d’un bon œil les nouvelles propositions de Bart De Wever, à savoir de nouvelles facilités à accorder aux autorités de l’État pour des informations non exploitables aujourd’hui, afin d’agir préventivement en matière de terrorisme.
Le voilà donc qui propose la rédaction d’un « Patriot Act » inspiré de l’exemple américain.
De prime abord cela semble correspondre à notre exaspération et, en effet, comment traquer des « bêtes humaines » plus efficacement, sinon en agissant d’abord sur l’intention qui précède le crime ?
Sauf que notre Constitution s’y oppose doublement par crainte d’affaiblir les droits des citoyens. Il n’est pas possible dans le cadre des Droits de l’Homme de promulguer des lois uniquement réservées à une catégorie de citoyens, en l’occurrence les salafistes musulmans.
Et c’est vrai qu’à la réflexion, aussi démunie soit-elle dans certains cas, la démocratie ne serait plus ce qu’elle est en passant outre à certaines règles déontologiques, même s’il s’agit d’une situation exceptionnelle.
C’est à la fois la grandeur et la faiblesse d’un État de Droit.
On sait bien que sous les grands airs faussement indignés de Bart De Wever, il y a dans son chef une intention électoraliste, mais il est vrai que l’on peut s’interroger sur l’efficacité de nos polices.
Méfions-nous des « bonnes » intentions de l’homme de mettre un « Patriot Act » sur la table du gouvernement à la rentrée, que dans son empressement à servir le bourgmestre d’Anvers, Charles Michel ne prenne cette proposition à son compte.
"Les arguties juridiques" soulevées par Bart De Wever ne sont rien d’autres que des règles d’ordre constitutionnel, majeures pour les principes du Droit.
L’adaptation de nos lois fondamentales aux exigences de la lutte anti-terroriste doit faire partie de débats parlementaires et de renvois à des commissions, le tout dans un temps long et non pas pris sur un coup de tête. S’il y a lieu, un référendum serait nécessaire, précédé de larges échanges et points de vue des citoyens de toute provenance.
Il y va du sort de la démocratie, déjà si mal en point. Car, mine de rien, cette façon de minimiser des adaptations à ce qui existe pourrait déboucher sur des purges et des emprisonnements à la turque, si on n’y prend pas garde.
La politique de Bart De Wever est sur le court-terme et se nourrit de la peur des gens. Sa téléologie n’excède pas sa réélection.
Le risque zéro, n’existe pas. Personne ne conteste qu’on puisse faire mieux et qu’il faut améliorer nos polices et développer les services de renseignements.
Dans la presse internationale, côté français, on craint à trop modifier les lois donner à voir au monde entier un Guantanamo à la française. Bart De Wever avec son « Patriot Act » n’en serait pas loin. Les retours d’Irak du tourisme guerrier de certains jeunes, les parquer dans des détentions préventives, mais où ? Dans des camps ? J’ai déjà écrit qu’on pouvait en état de guerre, les traduire devant des tribunaux pour trahison ou collaboration avec l’ennemi. Le hic, il manque justement cette déclaration de guerre qui ne s’est pas faite pour la raison que Daech n’est pas un État reconnu, mais une organisation religieuse maffieuse, contrôlant de vastes contrées.
Le plus sage serait de travailler sur les personnalités, en général des jeunes immatures, des « soldats » de Daech, de mieux contrôler les mosquées, de former les imams en Belgique, de refuser les financements de la construction des lieux du culte par les Emirats et l’Arabie saoudite et de monter un corps expéditionnaire européen pour en finir avec Raqqa. Cette dernière hypothèse pourrait se révéler avantageuse pour la cohésion de l’Europe et nous désengager de l’OTAN. Le candidat Trump à la présidence des USA nous a d’ailleurs prévenu, s’il devient président, il retirera les forces américaines de l’OTAN. Le continent serait alors sans armée ! De l’inédit en cette période mouvementée.