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Un monument désaffecté.

Revenir en arrière dix jours après l’événement, c’est beaucoup dans cette course à la nouveauté et à l’oubli du passé récent des médias, toujours pressés et jamais en repos ; mais la vue du prince Laurent dans sa logette seul lors de notre fête nationale, s’ennuyant ferme, à quelque chose à la fois de triste et de jubilatoire.
On voit là un homme en représentation n’aimant pas son métier et résigné à des prestations obligatoires afin de justifier son salaire. Tout le monde peut comprendre que ce travail lui pèse terriblement.
En même temps, quel est encore l’intérêt pour la Communauté de garder sous la main les symboles du passé ?
Les princes sont des hommes comme tout le monde, pour en arriver à ce raisonnement, il a fallu des siècles de complaisance à des droits de naissance exorbitants. Sans entrer dans les détails, ce ne fut pas simple, surtout dans certains pays au point que des extrémistes (déjà) leur tranchèrent le col. Ce qui était excessif, puisque les derniers qui écopèrent pour tous les autres, n’étaient plus que le symbole et non pas les despotes.
Les privilèges par l’argent ont remplacé depuis longtemps les privilèges par le sang. Il reste, ça et là, dans des démocraties occidentales un ou l’autre siège doré un peu plus haut que les autres.
Ce qui ne veut pas dire que les privilèges conférés par l’argent sont justes et que les autres ne le sont pas. Ils sont tout au plus admis par une loi faite pour eux et le système économique, monstrueusement accouplés comme jadis les rois et les princes l’étaient avec qui bon leur semblent.
Faut-il conserver une royauté parfait archaïsme des temps passés ? Ce n’est pas simple.
C’est tout le chichi que l’on fait autour de la représentativité d’un peuple. Il faut des fastes, des édifices imposants, des trônes et des estrades, ces distanciations de bois et de velours. Pour représenter quoi ? Quelques beaux messieurs qui se rassemblent à l’occasion et qui disent nous incarner, à tort, du reste, car, intérêts de classe oblige, ils n’ont jamais représenté qu’eux-mêmes et à l’occasion, la caricature du peuple.
Question garantie, nul ne saurait dire qu’un président est plus sérieux et plus honnête qu’un roi. Je crois même le contraire. Un président est nécessairement issu d’un parti. Il a sa fortune à faire et pour lors, il est obligé de faire celle de ceux qui l’ont élu.
Et puis les républiques sont toutes nostalgiques des fastes de la royauté.
Un président coûterait sans doute beaucoup plus cher que le roi, en Belgique.

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Avides d’emplois comme on connaît « l’élite », on verrait trois présidents en un triumvirat déjà en usage chez les Romains ou encore une alternance avec salaire garanti, évidemment.
Reste l’image du prince Laurent, s’embêtant seul, depuis que sa princesse d’épouse s’est vexée d’une parole de la reine, fort ambitieuse sous des airs humbles et aimables.
Détail piquant, deux pots de fleurs de part et d’autre de son fauteuil essayaient de sortir de la morosité princière, par une note de gaieté. .
Enfer et damnation ! Les compositions florales qui servaient de ligne de démarcation entre Philippe et Laurent avaient été préparées par Erna Tindemans, fleuriste et conseillère NVA à Beveren.
Quelle importance finalement, pour une cérémonie et des autorités qui sont comme les vétérans des deux guerres : il n’en reste plus qu’une poignée de la dernière.
Et si on en refaisait une, histoire de nous refournir en anciens combattants et en patriotes royalistes ?

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