Ah ! ces ingrats d’américains…
On croit rêver ! On dirait que ce ne sont pas les mêmes qui s’enthousiasment du système économique et parlent de la future ligne d’avions directe avec la Chine, tantôt pressés d’ouvrir l’économie de marché aux cinq continents, tantôt rêvant du TAFTA (1)… avec la posture qu’ils ont adoptées dès vendredi matin à l’annonce de la fermeture de Caterpillar, on ne savait pas que ces messieurs des partis étaient farouchement contre les multinationales, les profits démesurés des actionnaires, etc. !
Vu le ton révolutionnaire des deux grands leaders, on s’attendait à voir Magnette et Michel en costume mao !
Rassurez-vous, ce sont les mêmes ! Ils ont momentanément changé de casquettes.
On a même entendu Paul Magnette traiter de voyous, les dirigeants américains de Caterpillar !
Charles Michel a fait le déplacement à Charleroi afin de pousser sa petite roucoulante sociale "C'est une décision brutale et un drame social. Je souhaite être totalement mobilisé dans une union sacrée politique avec le gouvernement wallon pour soutenir les travailleurs et leur famille".
Il entend soutenir les travailleurs de Caterpillar à titre personnel ou à titre de premier ministre ? Si c’est à titre personnel, c’est entendu, on ne sait pas ce qu’il pense. Cependant, on doute de le voir alimenter le brasero pour réchauffer le futur piquet de grève du matin. Par contre, comme premier ministre on sait ce qu’il vaut et la façon d’attirer les investisseurs étrangers faisant de la Belgique un petit paradis fiscal. Ce qui n’a pas empêché les Fonds de pension américains gros actionnaires de Caterpillar, de mettre brutalement la clé sous le paillasson d’un site performant, baptisé « trop grand » depuis qu’on lui a retiré des productions de certains matériels.
Depuis le temps qu’il sabre dans les salaires et dans ceux des chômeurs et des malades, le comble c’est qu’il viendrait nous dire que c’était pour maintenir l’emploi et rendre plus attractive cette Wallonie anémiée par les crises financières.
On l’a échappé belle, Marcourt est à l’étranger, il ne pourra pas nous entretenir de son fameux plan qui fit passer Cockerill à Arcelor et à Mittal et ainsi vider de ses outils la sidérurgie aujourd’hui presque disparue du paysage liégeois, comme référence à celui qu’il a certainement dans ses cartons pour pérenniser Caterpillar ou en tout cas éviter la fermeture, sinon à effacer cette production d’engins de chantier à Charleroi.
Gerlache à la rentrée cherche les populistes, quand d’autres traquent les Pokémon. Il y en a une belle collection dans ceux que j’ai cités, si on considère que les éminences entendues font vivre, eux aussi, des sous-traitants autour de leurs ministères.
Et dire que nos têtes de gondoles ont distribué à Caterpillar, comme à Mittal aussi, du reste, d’énormes avantages fiscaux. Magnette a dit au micro de RTL qu’on récupérerait les aides, si toutes les conditions n’avaient pas été remplies chez Caterpillar.
Les intérêts notionnels pour un montant de 61 millions d'euros sont déjà perdus. Si on les retenait sur le salaire de Reynders, puisque c’est lui qui fut à la base de cette mirobolante façon de jeter de l’argent par les fenêtres, quand il était aux finances ?
Pour l’exercice 2015, Caterpillar Group Services a payé en impôt 190.000 euros sur un bénéfice de 4,6 millions d'euros, soit un taux de 4,6%. Moins que ce que réclame le gouvernement pour les petites pensions de plus ou moins 1200 € !
Alors, bon, les larmes de crocodile…
En d'autres temps, avec d'autres hommes politiques, on serait sorti de Cater...pillard autrement. Un Marcourt amélioré se serait dit les Fonds de pension amerloques ont concentré à Charleroi la production pour l'Europe, c'est parfait, foutons-les dehors et poursuivons notre production avec une clientèle européenne, les brevets, les chichis de trésorerie, tout ça, c'est de la merde capitaliste... etc. Mais ce Marcourt là n'existe pas, ce Paul Magnette ne correspond pas à la Belgique actuelle, les Michel n'en parlons même plus, Reynders, vous me faites rire...
Et voilà pourquoi six mille personnes au moins dans le bassin de Charleroi vont se trouver bientôt dans une merde noire. Quant à nos faiseurs de pluie, ils vont bien. Leur salaire est assuré !
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1. Le Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) est un projet de zone de libre-échange lancé début 2013 par Barack Obama et les dirigeants de l’Union européenne, José Manuel Barroso et Herman Van Rompuy.