De la Kalachnikov au Soukhoï Su-24…
Du temps où les nazis tuaient femmes, enfants, vieillards sous prétexte qu’ils étaient Juifs, très peu de monde était au courant. Même dans les pays occupés par les troupes d’Adolphe, on ne sut vraiment le génocide qu’à la Libération. Certes on voyait la traque de ces pauvres gens, l’étoile jaune et leur disparition vers des camps de regroupement, mais on ne pouvait imaginer l’horreur. Dans une situation difficile, la population sous l’occupation usait d’ingéniosité pour survivre. Les petites saloperies se passaient entre quatre murs, les nazis et leurs victimes. Les Alliés qui combattaient le monstre furent stupéfaits en 1945 de découvrir les camps et les populations libérées étaient aussi stupéfaites.
En 2016, avec les informations de multiples réseaux, les moyens individuels s’appuyant sur Internet, on ne peut pas dire qu’on ne savait pas, qu’on n’était pas au courant ou si peu, même si les journaux passent plus de temps au procès Wesphael et au divorce d’Angelina Jolie qu’aux informations sérieuses. On n’a aucune excuse en regardant d’un œil à peine intéressé le crime de guerre que Poutine est en train de perpétrer avec son armée à Alep en Syrie.
Pourtant, après des bombardements intenses des Soukhoï Su-24, le 24 septembre 2016 dans un quartier rebelle d'Alep, on devrait savoir.
La Russie utilise sa puissance de feu pour aider le régime syrien à reconquérir Alep. Elle estime qu'il vaut mieux remporter une victoire militaire que de poursuivre de vaines négociations avec Washington. Pour ce faire, tous les moyens sont bons.
Certes, Alep et ses faubourgs ne sont pas comparables à la quantité des Juifs exterminés par les nazis. Ici, on est en dessous du million d’habitants dont les trois quarts ont réussi à s’échapper de l’enfer, reste quand même entre cent cinquante et deux cent mille personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards en danger de mort.
Daech et ses abominables criminels ne sont pas à Alep. Ceux qui résistent sont principalement les premiers adversaires du régime de Bachar al-Assad. Des résistants syriens que les États-Unis ont aidés et armés jusqu’à présent et que par faiblesse et parce qu’il est en fin de mandat, le président Obama abandonne.
Certes, on palabre toujours. John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov ont même réussi d’instaurer un cessez-le-feu le 12 septembre mais il n'a duré qu'une semaine.
La semaine dernière l'acheminement d'aides humanitaires à Alep où les habitants sont affamés, a été interrompue à cause des bombardements de l’aviation russe. Un hôpital de médecins sans frontière a été touché par des bombes. Des soignants sont morts, les autres ont été rapatriés.
Devant la faiblesse des forces alliées contre le régime de Damas et l’État Islamique en Syrie, Poutine en profite pour mettre tous les opposants à la dictature de Bachar dans le même sac. Les résistants de la première heure, ceux dont le monde entier avait pu voir les villages détruits et les enfants tués par les troupes de Bachar sont assimilés aux jihadistes du Front Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda).
Est-ce bien l’objectif des Européens dans leur lutte contre les commandos de Daech sur leur territoire de laisser à Damas un pur produit du despotisme, pour une grande part responsable de l’expansion de Daech ? Accorder à Bachar al-Assad une victoire décisive en éliminant toute alternative d’une opposition qui tenait Alep hors du pouvoir de Bachar, mais aussi de Daech, n’est-ce pas renforcer les barbaries ?
L’offensive russe à Alep rappelle celle de la Tchétchénie dans les années 1990 et la prise de Grozny. C’est la même tactique : l'artillerie conquiert le terrain et l'infanterie l'occupe. L’artillerie, c’est Bachar qui s’en charge, l’aviation, c’est Poutine.
L’information sur le massacre qui se perpètre à Alep existe. Elle n’est pas suffisamment mise en évidence par les journaux belges. L’opinion s’effraie d’une pierre dans un carreau, mais par ici seulement, tandis que des dizaines de milliers de morts ailleurs laissent de marbre.
Il paraît qu’on va avoir Oswald Decock à la barre, au procès Wesphael ce mercredi…. On s’en régale à l’avance.