L’Islam, ça suffit !
Dans son dernier numéro (1013) Marianne publie un article de Jacques Julliard qui pose problème à la gauche. Pas celle dont Jacques Julliard ne se réclame pas mais dont les lecteurs savent que c’est vers celle-là que son cœur penche, mais de la gauche plus radicale et moins embarrassée de nuances avec les marchands de tapis du système.
En gros, Julliard traite l’extrême gauche de « collabos » au cri de ralliement « pas d’amalgame » ! C’est le parti qui sépare les attentats des intégristes, des milieux islamistes, même ceux qui prônent la primauté de leur religion sur toutes les autres.
En Belgique, nous avons dans les partis francophones des membres influents se réclamant du multiculturalisme, qui est une forme d’assimilation ratée s’avérant absolument catastrophique sur les plans de l’éducation et des religions.
Dans ces milieux, on assiste au sauvetage de tout ce qui relève des mœurs et coutumes qui ne sont pas les nôtres, hormis celles du fanatisme meurtrier, bien entendu. Ce n’est ni la faute à la religion, ni aux croyants que le fanatisme tue aujourd’hui des innocents en Europe. Mais alors, si ce n’est pas la faute à la religion, ni aux milieux dans lesquels le fanatisme a ses racines, c’est la faute à qui ?
De prime abord, cela paraît légitime de dissocier les criminels, d’habitants paisibles, mais ce faisant on établit les croyants musulmans dans un cocon, sorte de no-man-land de sûreté, véritable tête de pont d’un vivre autrement regroupant ceux qui majoritairement prétendent ne rien changer à leurs mœurs, ni à leur manière de vivre.
Julliard appelle les partis qui défendent cet envahissement « paisible », de partis collabos.
« Mais ce faisant, n’êtes-vous pas en train de stigmatiser les musulmans ? » Et de rappeler que dans les arrière-greniers (1) de la pensée collabo, l’esprit de soumission est le même. C’est ce qu’avait prophétiquement annoncé Michel Houellebecq dans son dernier roman et c’est cela que le parti collabo ne lui a jamais pardonné ».
J’ai été surpris de la grande indépendance d’esprit de Marianne à la publication de ce brûlot de Julliard, d’habitude plus modéré – plus sage diront certains.
Les enjeux sont importants. Il s’agit ni plus ni moins de rester ce que nous sommes en pleine recherche de laïcité dans une Europe qui se déchristianise. Et justement, parce que nous nous émancipons des croyances trop chargées d’erreurs du passé, nous sommes battus à l’avance sur le terrain des religions par des croyants fanatisés par des références moyenâgeuses loin des pensées critiques et rationnelles sur leur propre religion.
Quelque chose me dit que Julliard n’a pas tout à fait tort devant le spectacle d’une extrême gauche si tatillonne sur les règles strictes d’une laïcité base de la République, s’en laisser conter sur le merveilleux d’une religion tout simplement parce qu’elle est en principe ce que fut le christianisme à ses débuts, un rassemblement de pauvres souffrant de l’ordre établi par les puissances capitalistes mondiales.
Julliard a-t-il tort ou raison de croire dangereuse la montée de l’islam en Europe ou cela n’est-il qu’une burkinade de plus ?
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1. Allusion au pétainisme de 40 à45.