Résolutions et gérémiades !
Ils ne vous le disent pas, mais tout le personnel politique belge à l’exception de l’extrême gauche a déjà enterré Caterpillar à côté de Ford Genk et de Mittal-Meuse dans la grande incertitude politique actuelle qui menace l’économie.
Il y a bien, de-ci, de-là, des imprécations – le mot « voyou » de Paul Magnette – des grands projets (le site Caterpillar sera activé par des repreneurs dixit Elio Di Rupo) et enfin de grandes protestations de solidarité (le Fédéral ne laissera pas tomber le personnel jure Charles Michel), alors que tous n’ont jamais cessé de croire en l’essor du capitalisme, à son développement et au sort des personnels d’entreprises hors zones compétitives. D’où le triste constat qu’on ne peut rien faire pour les victimes du capitalisme, sinon dégager des aides aux licenciés, qu’on va trouver en rackettant un peu plus les petits contribuables !
Peut-être iront-ils jusqu’à confisquer un terrain industriel qui leur appartenait déjà en partie et quelques tôles peintes qui faisaient de Caterpillar l’usine phare de la Région.
Ils ne peuvent pas aller au-delà et ils le savent. Toute le Belgique est suspendue à la confiance indispensable des investisseurs dont le développement a besoin. De la stabilité d’une démocratie dépend sa survie dans l’économie de marché.
Si je parle comme le premier bourgeois capitaliste rencontré par hasard dans une rue d’Uccle, c’est parce que, vous, moi, tout le monde sommes entraînés dans la marchandisation totale de nous-mêmes et des productions, avec un salaire de plus en plus réduit.
Ce n’est pas Didier Reynders et Charles Michel qui disent cela, c’est Richard III qui le constate. Dans cette course vers l’abîme, ils espèrent pouvoir s’en tirer, comme le bouc des abattoirs de Chicago entraînant avec lui le cheptel à abattre, puis passant dans les dernières secondes avant l’exécution de masse, par un passage dérobé, s’en va tout gaillard retrouver son picotin d’avoine et son écurie.
Tout le monde sait cela sans l’oser pouvoir dire et MM. de la politique sans l’oser pouvoir dénoncer.
La direction de Caterpillar a refusé une occasion de s’expliquer devant des parlementaires. Le député carolo Jean-Marc Nollet (Ecolo) a dénoncé lundi soir cette absence dans laquelle il voit un "affront à toute la Belgique" et une "lâcheté insupportable de la direction de Caterpillar eu égard à l'ampleur des dégâts sociaux causés dans la région de Charleroi".
À la liste des « outragés », épinglons donc l’écolo. La fermeture de Caterpillar démontre les limites de ce modèle économique et financier, dit-il. Ce qu’il propose ne devrait surtout pas s’ébruiter à l’étranger lors de nos prospections d’affaire « imposer aux entreprises de rembourser toutes les aides reçues durant les cinq dernières années en cas de fermetures semblables à celle de Gosselies ! ». C’est le meilleur moyen de faire fuir les derniers investisseurs.
Parce qu’ils sont coincés nos artistes du cirque d’État. Ils voient bien que toutes les solutions qu’ils proposent dans le cadre du système capitaliste sont mauvaises. Elles ne sont valables que hors système, là justement où ils ne veulent pas entrer !
Et puis il y a le reste, la conjoncture, l’émigration, le ras-le-bol de la population des pieds nickelés qui ont fait de la démocratie un ectoplasme au service des financiers.
Serrant les fesses, nos élites régionales et fédérales voient autour d’eux une longue période électorale qui freine déjà la croissance que tous les pays recherchent.
Hier, Madame Merkel, la chancelière, a vu la CDU (son parti), battu dans une élection partielle, par l'AfD (Alternative pour l'Allemagne), en lutte contre la politique migratoire d'Angela Merkel. Après le Brexit, voilà qui confirme la puissance de la vague identitaire en train de gagner toute l’Europe.
Vous croyez que les Fonds de pension américains apprécient ?… que les Chinois ne s’inquiètent pas des bénéfices que leur placement devrait pouvoir réaliser en Europe ?
Et la Belgique, vous croyez qu’elle est performante ? Avec les Flamands qui tirent la couverture de leur côté dès qu’il fait frisquet et une Région wallonne gouvernée par des gugusses en surnombre ?
Voilà ce que nos flèches d’intelligence pensent de la situation environnante dont l’épicentre est actuellement Charleroi mais qui peut se déplacer et causer autant de dégâts ailleurs.
Autant dire qu’en voyant la chose sous perfusion capitaliste et surtout décidés à n’en jamais sortir, Caterpillar est déjà dans un carton et qu’ils n’attendent qu’un laps de temps décent après la levée du corps pour le jeter au fond d’un tiroir.
Parce que la suite ne se passe pas en Belgique et ne dépend pas des Palotins qui jurent que cette fois la coupe est pleine.
On s'en rendra compte le 2 octobre prochain avec l’élection présidentielle autrichienne à la suite de l'annulation pour irrégularités, entre Alexander Van der Bellen, écologiste, et Norbert Hofer, extrême droite FPÖ. Toujours le 2 octobre, en Hongrie le référendum voulu par Viktor Orban, contre l’immigration. La réponse mettra l'Europe en difficulté et y aggravera l’effet du Brexit. Le scrutin hongrois aura probablement un effet domino notamment aux Pays-Bas avec l'extrême droite de Geert… et en Belgique, des fois que Bart De Wever sentant mollir ses troupes pousserait l’inénarrable Michel à un genre d’aventure similaire. La France ? N’en parlons pas, ce qui se passe actuellement à Calais n’a pas besoin de commentaires.
On pourrait faire le tour des capitales, le référendum constitutionnel de Matteo Renzi, en Italie surendettée et déstabilisée avec une dette exponentielle, aux abois et l'Espagne, toujours incapable de constituer un gouvernement !
2017 qui s’annonce, les élections présidentielles en France, les élections législatives allemandes! Allez… j’arrête !
C’est-y bon pour le commerce et les bonnes affaires, tout çà ?
Vous me direz, nos politiques s’ils avaient des couilles… oui, mais ils n’en ont pas !
Alors les pauvres de Caterpillar…