Les Tyrannosaures ont toujours faim.
Avec tout ce battage sur les élections américaines, les Européens dans leur ensemble ont pris parti pour Hillary Clinton, tant Donald Trump exaspère par sa suffisance de despote enrichi, son dédain des femmes, son inculture manifeste et cette façon directe de dire les choses qui n’est pas de la franchise, mais tout simplement la grossièreté d’un butor.
Cependant, en Europe, seule la droite pourrait souscrire aux propos de madame Clinton. Évidemment, il ne nous appartient pas de désigner le futur président US, s’il devait en être autrement, choisir entre la peste et une forme moins agressive de choléra, poserait néanmoins de sérieux problèmes de conscience.
The system is rigged : le système est truqué, titre quelques journaux américains, repris par le Monde Diplomatique. Et c’est vrai, l’élection du président aux USA relève d’un tour de magie d’où sont exclus des Américains en très grand nombre : près de six millions de citoyens ayant été condamnés par la justice ont perdu le droit de voter ; 11 % des électeurs potentiels ne disposent pas des papiers d’identité exigibles s’ils veulent déposer un bulletin dans l’urne, les médias, les lobbys, le découpage des circonscriptions, défigurent la représentation démocratique du pays.
Pour un pays qui imprime sur ses timbres postes la statue de la Liberté, qui donne des leçons à tout le monde, on doit chercher longtemps la démocratie dans les États !
La chose est assez connue en Europe pour ne pas être une nouveauté, cependant chaque fois qu’on en fait mention, une gêne s’installe : le candidat qui remporte le plus de suffrages à l’échelle nationale ne devient pas toujours président. Celui qui le dernier a bénéficié de cet ahurissant système, c’est Georges W. Bush, contre Al Gore, candidat démocrate malheureux.
Ce n'est pas la première fois dans l'histoire du pays qu'un président est investi avec moins de voix que son adversaire. Au XIXe siècle, Rutherford B. Hayes et Benjamin Harrison ont été aussi élus avec moins de voix, par un système compliqué de grands électeurs.
Les tribulations des deux candidats actuels à la Maison Blanche révèlent un véritable malaise qui est aussi partagé en Europe, un sentiment général de réprobation d’une démocratie qui envoie toujours les mêmes, issus des mêmes milieux, aux emplois les plus élevés : gouverneurs, sénateurs, juges à la cour suprême, président, etc.
Ce malaise a été perceptible lors des primaires démocrates qui s’est transformé en colère quand 12 millions d’électeurs du sénateur Bernie Sanders ont fait opposition à l’establishment et à Hillary Clinton. En même temps et dans l’autre grand parti, cette même colère s’exprimait en envoyant au tapis tous les candidats républicains pour pousser sur l’estrade Donal Trump avec 13,3 millions de partisans !
Heureusement pour madame Clinton, Donald Trump est un clown fasciste. L’Amérique est dans le flou démocratique, mais pas au point de lancer ce milliardaire inculte à la Maison Blanche… enfin, les gens sérieux l’espèrent aux USA ! Un Bernie Sanders républicain l’eût probablement emporté sur Hillary Clinton ; mais un Bernie Sanders avec des idées de droite et sachant vendre sa salade avec ce rien de populisme comme l’affectent nos leaders MR Michel et Reynders, il n’est pas encore trouvé. Peut-être pour la fois suivante ?
Les Américains de la rue pensent en général la même chose que les Européens : le système est truqué ! Ils énumèrent les grands faits politiques de ces dix dernières années qui ont tourné à la catastrophe et qui sont le fait des deux grands partis : les guerres au Proche-Orient appauvrissant les États-Unis, une population qui continue de payer les conséquences d’une crise économique qui n’a rien coûté, au contraire, à ceux qui l’ont provoquée. Enfin, ils reprochent à Barak Obama ses promesses non tenues lors de sa campagne de 2008.
Le système biparti est injuste par le partage du pouvoir quasiment en alternance entre eux. En principe, il permet à des petits partis de se proposer, mais ceux-ci non aucune chance au niveau national de s’imposer par manque de moyens et d’assises dans les États. Si bien que le va-et-vient exaspère les électeurs, alors qu’il contente la nomenklatura.
Le système est usé, parce chez eux comme chez nous, rien ne change, l’oligarchie méprise le citoyen, les inégalités se creusent et la classe moyenne a peur. Et elle a raison d’avoir peur. Il ne reste plus rien à ronger des restes des salaires ouvriers et employés. Le capitalisme s’attaque dorénavant à la classe moyenne inférieure.
Les Tyrannosaures ont toujours faim.